Pendant le tête à tête entre James Kabarehe du Rwanda et Mwando Simba de la R.D.Congo se tenait dans les bureaux climatisés de Kinshasa le lundi 18 octobre 2010, la population de la cité de Bulongo, Secteur Ruwenzori, en Territoire de Beni était sous le soleil dans la rue pour exiger le départ sans condition et sans délai des Fardc. Les exactions ainsi que les violations des droits humains par les Fardc déployés dans la région sous prétexte de traquer les ADF-NALU viennent de dépasser le seuil de tolérance. Selon les habitants de Bulongo, il n’y a jamais eu autant de violence et d’insécurité dans la cité et ses environs que depuis l’arrivée des Fardc venus traquer les ADF/NALU. Au lieu de traquer les ADF/NALU, les Fardc traquent les populations civiles. Et selon certains habitants de la région les ADF/NALU et les Fardc seraient en contact et peaufineraient ensemble leurs stratégies d’attaquer les populations civiles. Ainsi par exemple, un congolais qui a été au champ non loin d’un camp des ADF/NALU est visité nuitamment par les Fardc au motif qu’il est collaborateur des ADF/NALU. Celui qui a été visible près d’un camp des Fardc est attaqué par les ADF/NALU au motif qu’il est collabo des Fardc. La population sans défense se trouve ainsi malmenée entre ces deux forces apparemment alliées pour y accomplir une cause commune. En effet, depuis le début des opérations dites « Ruwenzori », il n’y a jamais eu de combat rangé opposant les Fardc aux ADF/NALU. Tout ce que les populations entendent ce sont des coups de feu à l’air pour effrayer les populations locales.
Pendant que la tension était déjà si vive au sein de la population locale, un vol à mains armées dans la nuit du dimanche au lundi 18 octobre est venu mettre le feu aux poudres. Comme on dit, un peuple longtemps opprimé finit toujours par dépasser sa peur et se révolter. En effet, vers 19h30, des hommes armés et vêtus en treillis militaires Fardc ont attaqué trois commerçants de la place plus le Président de l’Equipe de football «Feu-Rouge». De ces quatre attaques, ils ont remporté une bagatelle somme de 20.000 US $. Pendant leur sale besogne, ces militaires ont fait ce qu’ils savent bien faire, à savoir, crépiter des balles dans l’air pour effrayer les victimes.
En apprenant la nouvelle, les habitants de Bulongo ont se sont levés comme un seul homme pour attaquer le poste de police le plus proche où ils ont mis en feu les quelques effets qui s’y trouvaient. Les manifestants étaient plus de 5 000. Ils étaient venus de tous les villages environnants pour en découdre mains nues avec les Fardc armés. Comme Armand Tungulu, les manifestants ont jeté des pierres, brulés des pneus sur la route, au point de couper la circulation sur l’axe Beni-Kasindi (Ouganda). Les plus riches parmi les manifestants ont offert leurs véhicules et voulaient y faire monter de force les militaires pour les renvoyer à Goma et au Rwanda, avec des slogans hostiles que nous ne reprenons pas ici. Le Chef de Cité-Adjoint qui tentait de calmer les manifestants a été lapidé par deux « Armand Tungulu » de Bulongo qui l’ont accusé de lâche et de traître. Il s’en est tiré avec grave blessure sur la tête et a été soigné dans un centre de santé de la place.
Voyant venir le danger, les militaires ont tiré cette fois-ci des balles réelles pour disperser les manifestants dont le nombre ne faisait qu’augmenter, au fur et en mesure que le temps passait. Il a fallu l’arrivée des autorités administratives du territoire de Beni et les troupes de la Monusco pour calmer les manifestants en furie devant le bureau de la cité. Pendant toute la journée, les boutiques, les écoles, les officines pharmaceutiques ainsi que le marché local sont restés fermés.
Marché Principal de Bulongo ( Photo Archive BLO)
Pour les manifestants, ce n’est qu’une partie remise ! Si les autorités administratives du territoire de Beni ainsi que la Monusco ne trouvent pas une solution satisfaisante au problème des bandits Fardc déployés à Bulongo, les manifestants ont promis de trouver eux-mêmes une autre solution !
Entrée de la cité de Bulongo
Le cas de Bulongo, comme celui d’Oïcha, Eringeti, Butembo, Lubero, Kirumba, Kiwanja, Nyakakoma, Lulimbi, Rubare, etc. démontre que le gouvernement congolais doit urgemment muter de la région tous les militaires issus du CNDP qui, profitant de leurs uniformes Fardc, y poursuivent la guerre qu’ils avaient commencé avec Nkunda. Engager une autre opération militaire conjointe dans la région avant de résoudre celui des Fardc serait délibérément mettre toute la région en feu !
Obède Bahati
Bulongo
©Beni-Lubero Online