Tout fini par arriver! La population du quartier Furu vient de mettre à nu la vérité sur l’identité des bandits qui sèment mort et désolation en ville de Butembo et ailleurs au Nord-Kivu en capturant la main dans le sac un militaire Fardc de la deuxième brigade, brassard vert, bataillon "Kisanola". Cette capture spectaculaire met fin au mensonge selon lequel tous les actes de banditisme sont commis par les démobilisés. La vérité qui ressort de cette capture est que les criminels ne sont que les militaires et les policiers de la ville.
L’arme du crime ainsi que la tenue militaire du Fardc capturé par la population de Furu/Butembo
Comme le disait Mathe dans sa dépêche d’hier, l’insécurité généralisée en ville de Butembo est planifiée et a comme seul but d’intimider la population à petit feu afin de préparer, à la longue, son asservissement. Les quartiers de Butembo sont ainsi attaqués les uns après les autres, comme pour tester leur capacité d’auto-defense:
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Le Vendredi 5 juin, le quartier Vutsundo à l’Ouest de la ville est attaqué. La population se défend et lapide à mort un bandit armé.
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Le Samedi 6 juin, le quartier Kyaghala, à l’extrémité Est de la ville est attaqué. Le bilan est lourd : 3 morts parmi les civils.
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Le Lundi 8 juin, le quartier Furu, au Nord de la Ville est attaqué. 1 militaire Fardc est attrapé par la population.
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Demain, mercredi 10 juin, il n’est pas impossible qu’un quartier du Sud de la Ville soit attaqué.
Route barricadée par la population de Furu ce mardi matin, 9 juin 2009
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Récit de l’opération qui a dénudé les Fardc en ville de Butembo
Le Dimanche 7 juin au soir : Des militaires font irruption au quartier Furu. Ils s’aperçoivent de plusieurs attroupements des jeunes du quartier. En effet, après le carnage de Kyaghala et Kimbulu dans la nuit du samedi au dimanche, les parlementaires de Furu ont organisé une collecte des fonds pour que tous ceux qui ont des téléphones puissent avoir assez d’unités téléphoniques pour alerter le quartier d’un danger éventuel. Une promesse de 50 US$ a été faite à toute personne qui dénoncerait des infiltrations des bandits dans le quartier, surtout dans les débits de boisson (Nganda) ou les maisons des prostituées.
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Dans la soirée du lundi 7 juin 2009, quelques éléments en uniforme font de nouveau leur entrée au quartier Furu vers 19h30. Sans tarder, ils commencent le rançonnement des passants qui reviennent de la ville. La première victime est Mr. Kakule KIMUHA résidant du quartier Furu. Les bandits armés lui ravissent argent, téléphone, et le frappe durement par la crosse du Fusil. Le voyant souffrir, un des bandits lui lance en lingala ces paroles de moquerie : « Balobaka Furu, Furu, Furu, Lelo boko mona! »
Pas de passage pour la Monuc descendu au Parlement de Furu
Les premières victimes de cette attaque qui ne va plus durer, répandent la nouvelle dans le quartier. Mettant en profit la nouvelle technologie de la communication, tout le quartier est alerté par des sms, des coups de fil téléphoniques, etc.
Le reflexe patriotique des parlementaires de Furu qui ne veulent pas qu’on les qualifie des forces négatives car leur objectif est de mettre l’Etat devant ses responsabilités et de montrer que la sécurisation de la ville est possible si les autorites locales mettent fin à l’impunité et à la corruption. C’est ainsi qu’ils feront appel à la Police Nationale Congolaise dont la mission est de sécuriser les personnes et leurs biens, lutter contre le banditisme, etc. La Police posera la question si les bandits sont armés. Après une réponse à l’affirmative à cette question, la police dira qu’elle n’était pas prête à intervenir et qu’elle ferait l’enquête le lendemain.
Cette réponse qui dénote l’abandon de la population à elle-même a poussé les parlementaires debout de Furu à se prendre en charge. Plusieurs groupes des habitants de Furu se sont formés dans le but d’encercler les bandits afin de les prendre en sandwich.
Les parlementaires debout de Furu posent avec la tenue militaire du bandit Fardc capturé
Trois des bandits se sont sauvés par une avenue qui n’était pas encore bouchée. Le sort a fait qu’un des bandits ne suive pas les autres. Ce dernier a pris le chemin de la cellule de Vutike, vers le cimetière de Kitatumba. Après quelques pas de fuite, le bandit s’est d’abord débarrassé de sa tenue militaire pour ne rester qu’avec une tenue civile qu’il avait à l’intérieur. Tous ses mouvements étaient désormais suivis par les parlementaires à sa recherche. Mettre la main sur lui n’était plus qu’une question de quelques minutes. Munis des lampes torches et des pierres comme dans une intifada, une foule d’habitants de Furu l’ont facilement encerclé lui demandant de mettre par terre son arme s’il voulait avoir la vie sauve. Le malfrat n’avait pas de choix. C’est ainsi qu’il a été cueilli comme un fruit mur dans la cellule Vutike, près du cimetière de Kitatumba.
Le Président du Parlement Furu, Mr Crispin Mbindule remet les effets militaires du bandit Fardc à un officier de la Monuc
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Les effets militaires du bandit Fardc que la population avait confisqués était une arme AK47, 5 chargeurs, tenue militaire complète, imperméable militaire, gourde, couteaux, etc. Le bandit Fardc attrapé par la vaillante population de Furu est de la Deuxième Brigade, Brassard Vert, du Bataillon appelé communément « Kisanola ». Il a une quarantaine d’années et ne parle que Lingala. Ne se doutant de rien, ce malfrat a emprunté un tunnel qui l’a amené tout droit dans le filet des parlementaires debout de Furu. Trois autres militaires avaient réussi à se sauver après avoir remarqué que l’étau de la population de Furu se resserrait contre eux.
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La nouvelle de la capture a été communiquée dans tout le quartier par sms. Les habitants sont sortis de chez eux pour voir le visage du malfrat qui a eu la chance de tomber entre des bonnes mains des parlementaires debout qui lui ont administré une leçon des droits de l’homme. La décision était prise de l’amener dans l’hémicycle du parlement qui est à 0,5 km du lieu de sa capture. Une grande foule composée des "parlementaires debout", des papas, mamans, vieillards, jeunes de toutes les cellules voisines de Furu, ont participé au transfert du bandit vers l’hémicycle du parlement de Furu. Ce transfert n’était pas facile car plusieurs fois des passants ont demandé sa mise à mort, accusant ceux qui ne voulaient pas sa lapidation de complices. Mais le Président du Parlement Furu, Mr Crispin Mbindule a expliqué qu’il fallait garder à vie le bandit Fardc bandit pour démontrer aux habitants de Butembo ainsi qu’aux autorités locales que l’insécurité en cours est bien l’œuvre des militaires et des policiers.
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En arrivant au siège du parlement, la foule se rend compte qu’une foule des militaires et des policiers armés jusqu’aux dents assiégeaient déjà le hangar du parlement. Ces derniers avaient certainement été alertés par les bandits Fardc qui avaient réussi à s’enfuir et les policiers qui ne voulaient pas intervenir.
Ambiance quotidienne dans l’Hémicycle du Parlement de Furu/Butembo
Pour disperser la foule qui amenait le bandit Fardc, les militaires et policiers ont tiré des balles pèle mêle, pillant les boutiques du quartier qui étaient encore ouvertes, et dans la foulée, et exigeant de force la libération du bandit. Devant la menace armée, la population a cédé mais non sans colère. Un jet des pierres s’en était suivi contre les militaires mais c’était trop tard. A la non-violence de la population, les militaires ont répondu par la force et le mépris. Heureusement, que la population avait réussi à cacher les effets militaires du bandit comme preuve de son identité.
Durant toute la nuit, la foule a veillé au siège du parlement de Furu pour que les militaires ne reviennent récupérer l’arme et ses suppléments.
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Dans la matinée de ce mardi 9 juin, tous les habitants du quartier étaient descendus au siège du parlement. Certains parlementaires ont porté la tenue militaire du bandit Fardc attrapé pour avoir une photo de ces effets avant leur remise à un officier de la Monuc qui a été jugé neutre par les parlementaires debout.
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Les radios locales ont diffusé cette épopée de la capture du bandit Fardc, minute après minute jusqu’ à 10 h de ce mardi 9 juin. L’officier de la Monuc ainsi que les autorités locales ont promis de s’occuper dans une réunion de securité, promettant des sanctions à tous les coupables.
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Pour finir la population a marché vers l’Hôtel de ville pour crier leur ras-le-bol au maire de la ville qui a comme mission de sécuriser les bubolais et leurs biens.
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Le dénouement de cette belle capture ressemble à du déjà vu. Plusieurs habitants de Butembo en colère ont condamné la population de Furu non pour son courage mais pour avoir remis vivant le bandit entre les mains des autorités complices des Fardc et de la Police Nationale. Mais selon plusieurs observateurs, la population de Furu a bien fait de démontrer que, ce que tous veulent c’est la paix, la punition et non la mort des coupables. On peut ainsi dire que tout dépendra de la suite que les autorités militaires et administratives de la place réserveront à cette nième capture d’un malfrat Fardc. Si l’on apprend demain que le bandit attrapé a été libéré sans aucune peine à purger dans une maison de rééducation, et que les policiers qui avaient refusé de voler au secours des habitants de Furu quand ces derniers avaient lancé l’appel d’intervention n’ont pas été punis, il n’est pas impossible que les prochains malfrats capturés soient directement mis à mort… Tout dépend donc des autorités compétentes locales.
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Tembos Yotama
Butembo
Beni-Lubero Online