A peine le jour initialement arrêté pour la clôture (non respectée malheureusement) du dialogue national venait de s'incliner, que le peuple congolais a décidé de parler désormais soi-même de ce qui le concerne, au lieu de continuer à laisser la chance aux bandits de continuer à mentir à son dépens.
De ce fait, le 19 septembre, de par la tragédie qui l'a jonché de sang des martyrs innocents, devient une date historique dans la mémoire de la Nation. Au peuple revient le dernier mot. Actuellement, ce mot ne consiste en rien d'autre que de dire non à la violation de la Constitution et exiger l'organisation des élections dans le délai et sans la candidature de Joseph Kabila à la présidentielle.
Ce faisant, le peuple ne s'emploie qu'à joui de ses droits inaliénables en tant que souverain primaire. Cependant, un régime sans foi ni loi, pour ne pas dire barbare et criminel, n'a plus du temps pour écouter la voix de la raison.
D'où, pendant que les forces de l'ordre encadraient loyalement les manifestations de la masse du 19 septembre dans les villes de l'Est du pays, le président Kabila, qui estime qu'un fauteuil présidentiel ne peut être conservé que par des moyens coercitifs et violents, donnait la consigne d'abattre tout ce qui bougerait dans le sens de l'appel au respect de la Constitution.
Le Général Kanyama, responsable de la Police Ville de Kinshasa a personnellement tué un bon nombre de civils
La Police Nationale et l'armée, déjà bien passionnées dans le massacre des civiles à Beni, ont décidé de faire la démonstration de cet exploit de triste célébrité en plein cœur de la capitale, à Kinshasa. Bien n'est besoin de revenir sur l'horreur du bilan humain causé par ce cynisme, car les quelques images ci-jointes en donnent suffisamment l'ampleur.
Il semble important de souligner que, d'après des bonnes sources, le general Kanyama, chef de la police dans la ville de Kinshasa, a personnellement tué au moins 10 manifestants dans la commune de Makala, sur l'avenue de l'université. En effet, pour s'ouvrir du passage, pendant que la route était bloquée par les manifestants, le Général Kanyama a pu usé de son pistolet pour tirer coup sur coup sur des manifestants.
Quelles leçons tirées du soulèvement populaire du 19 et du 20 septembre 2016 ?
Du Président Kabila à tous les sympathisants de la Majorité Présidentielle, la phrase mythique «il n'y aura rien» était devenue le refrain pour démontrer que le peuple ne fera rien. Mais grande a été la surprise de ces lundi et mardi.
Depuis le soulèvement des chrétiens du 16 février 1992, c'est la première fois que le peuple s'exprime aussi largement à Kinshasa, Goma, Beni, Bukavu, Butembo, Kalemi, dans les deux Kasai, à Lubumbashi et Matadi, les manifestations ayant été étouffées à Kindu, Uvira et Kisangani . La diaspora a aussi répondu massivement à l'appel, Belgique,canada, Afrique du Sud,… Quelles sont les conséquences de ce soulèvement ?
1. EYOKANI par qui peut bien l'entendre, le peuple veut les présidentielles tout de suite, sinon il est prêt à tout pour l'obtenir.
2. LE DIALOGUE DE KODJO avec certains opposants dissidents du Rassemblement, vient de perdre toute sa substance, il ne sert plus à rien, vu le poids léger de ceux qui s'y trouvent, ces conclusions ne peuvent en aucun cas empêcher le chaos.
3. DES NÉGOCIATIONS DIRECTES entre Rassemblement et Majorité pour fixer une date rapide pour une élection présidentielle dans le délai acceptable s'imposent.
4. LA POLITIQUE DE LA TERRE BRULÉE de la Majorité s'est révélée au grand jour, non seulement les militaires de la Garde Républicaine ont tiré à balles réelles, mais aussi, mains dans les sacs, après des annonces faites sur télé 50 de répondre œil pour œil et dent pour dent, la majorité a démontré que c'est elle qui brûle avec les moyens d'État. François Hollande l'a bien souligné.
5. Il est maintenant claire que les portes des cellules de la CPI s'apprêtent à accueillir des nouveaux locataires au côté de GBAGBO.
6. Les nouvelles cartes se redistribuent au sein de l'opposition, malgré le message de l'UNC à Goma et l'action des jeunes militants de l'UNC au côté de la police pour bloquer les rassemblements des gens au point de ralliement, la manifestation de Goma a été une réussite totale, la deuxième du pays après Kinshasa.
7. Les initiatives de la Majorité visant à obtenir une nouvelle constitution après un chèque à blanc du dialogue s'amenuisent. La pression après ces événements s'accentue sur le pouvoir qui n'a plus d'autres choix que d'accepter l'alternance.
Et, pour la toute première fois, le peuple congolais est satisfait par la prise de position claire de la communauté internationale qui commence finalement à comprendre la profondeur des faits et leur gravité, lorsqu'elle reconnaît la responsabilité du pouvoir en place à Kinshasa dans la violence dont il est ici question et condamne sans ambigüité le régime tout en promettant la prise de disposition appropriée devant garantir le respect de la Constitution et l'organisation des élections dans des conditions établies par la loi de la RDC.
Le sang des martyrs qui a baigné la RD Congo hier, avant hier et précédemment ne se répandra jamais en vain, et bientôt les bourreaux devront en répondre devant la justice. Et déjà le peuple a commencé sa justice. Vivra verra!
Patrick SHINDANO
Kinshasa
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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