MESSAGE DE PAIX DE S.E. Mgr Bernard-Emmanuel KASANDA, Evêque de Mbuji-Mayi
A TOUS LES FIDELES ET AUX HOMMES DE BONNE VOLONTE
Bien-aimés dans le Seigneur Jésus Christ,
Le 28 novembre dernier le Peuple Congolais est allé aux élections en vue de désigner ses dirigeants pour la Présidence de la République et pour l’Assemblée Nationale et ce, afin que la démocratie soit consolidée dans notre pays.
Partageant « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps » (cfr. Gaudium et Spes n°1), le Diocèse de Mbujimayi s’est impliqué dans le processus électoral par l’éducation à la culture civique, l’exhortation à la sauvegarde de la paix chèrement acquise, la sensibilisation à la participation massive ainsi que le déploiement des observateurs électoraux.
Aussi notre Diocèse a fait un appel à la paix le 18 novembre, dans la campagne électorale, en déplorant les dérapages de la violence et le 24 novembre il a adressé à la CENI une lettre de protestation contre les irrégularités constatées dans le processus électoral. Il voulait ainsi ne pas assister indifférent devant une case qui brûle.
Puisqu’il s’agit maintenant de nous attendre aux résultats, le Diocèse de Mbujimayi fait les considérations suivantes:
1/ Positivement, le constat est que le peuple s’est approprié le processus électoral par un engouement total et une forte participation pour le contrôler. Il n’a pas fait passer la tricherie sous toutes ses formes ne voulant pas qu’on lui prive de son droit de souverain primaire.
2/ Négativement, le Diocèse regrette les faits ci-après :
1. Beaucoup de tentatives de tricheries par l’existence de bulletins de vote en dehors des bureaux de vote,
2. Le matériel électoral manquait dans beaucoup de bureaux de vote et certains bulletins n’étaient pas conformes au standard exigé et ne mentionnaient pas le nom d’un candidat,
3. Un grand retard dans la livraison du matériel et une grande insuffisance des moyens logistiques mis à la disposition de la CENI,
4. Un grand désordre imputable à la CENI, qui a fait que plusieurs agents de la CENI ont été agressés par les foules impatientes en colère,
5. Les accréditations ont été distribuées à la sauvette, de sorte que les mêmes personnes se retrouvaient tantôt observatrices tantôt témoins des partis politiques,
6. Les listes des électeurs ont été affichées en retard et beaucoup d’électeurs ne se sont pas retrouvés et d’autres même se sont découragés, leurs bureaux ayant été délocalisés.
7. La diminution intentionnelle des électeurs qui ont été envoyés dans des bureaux fictifs, inexistants sur une cartographie mal élaborée et malicieusement organisée en vue de la tricherie,
8. Les hommes en uniforme s’en sont mêlés pour insécuriser les électeurs, les agents électoraux en créant des troubles ça et là, jusqu’à confisquer les urnes dans certains centres de vote,
9. Tous ces faits ont entrainé une réaction démesurée de la foule dans certains endroits, où on a vu des actes d’une grande violence que nous condamnons fermement.
Bref le processus électoral, tel qu’il a été organisé, a porté en lui-même les germes de conflits du début jusqu’à la fin: la modification de la Constitution de la République en faveur d’un tour unique à la présidentielle, la précipitation due au retard dans toutes les étapes de préparation aux élections, les tricheries électorales planifiées.
Au vu de ce qui précède, et à la suite des recommandations du Comité Permanent des Evêques de la RD Congo du samedi 03 Décembre dernier, le Diocèse de Mbujimayi formule avec insistance les recommandations ci-après :
1. A la CENI :
– De ne publier que les résultats conformes à la vérité affichée dans les bureaux de vote et reconnue par tous les témoins et observateurs,
– D’être consciente de ses responsabilités, en cette période cruciale, devant le peuple et l’histoire.
2. Aux Autorités Politico-Administratives et Militaires:
– De cesser de frustrer la population déjà meurtrie par la misère et la souffrance.
– D’éviter tous les actes tendant à provoquer la population.
– De contrôler les forces de l’ordre, au nombre impressionnant et inquiétant, dont certains éléments hélas rançonnent déjà la population et tirent des coups de feu sans ménagement la nuit.
– D’éviter de porter atteinte aux libertés publiques, gage de la démocratie, sous prétexte du maintien de l’ordre public. Nous sommes l’unique Province où il y a un couvre-feu de 20 h00 à 6h00 du matin et plusieurs barrières sur la voie publique.
3. Aux Partis politiques tous confondus (pouvoir et opposition)
– De ne pas instrumentaliser la population,
– D’utiliser les voies légales en cas de contestation des résultats,
– De préserver un climat de paix dans le discours et les actes.
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+ S.E. Mgr Bernard-Emmanuel Kasanda
Evêque de Mbuji-Mayi
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