Après nos alertes qui ont quelque peu ressemblé à une cloche sonnant dans une jungle des habitants aux oreilles insensibles, finalement la nouvelle guerre du M23, qui est en soi la continuité d’une guerre d’usure au cœur de l’Afrique centrale (en RDC), a été lancée ce lundi 20 février 2017. C’est dans le rayon de Matebe – Kisigari, rattaché à l’axe de Bunagana, en territoire de Rutshuru, que ça repart. Le déclenchement des affrontements entre les militaires de l’armée régulière et ces rebelles a été provoqué accidentellement, car les assaillants s’en trouvaient encore à la phase d’infiltration et du positionnement, en vue d’une offense généralisée et totale sur le petit Nord-Kivu.
Et, de manière instantanée, après l’inflammation des étincelles à Matebe, des éléments du M23 sont aussitôt devenus visibles dans plusieurs localités du territoire de Rutshuru. Les groupements de Jomba et de Busanza abritent leurs principaux foyers de concentration; mais ils ont déjà envahi un plus vaste terrain par cette infiltration qui porte leur présence actuellement à Bwito, à l’ouest de Rutshuru, où les paysans ne cessent de signaler des poches de leur regroupement, au même moment qu’ils font parler d’eux à Masisi.
La première occurrence du retour en action de cette rébellion, c’est évidemment la perturbation du processus de la préparation des élections. A Rugarama, dans le groupement de Busanza, par exemple, les centres d’enrôlement ont été fermés. Les nouveaux rebelles ont pris positions sur toutes les collines de cette zones, et principalement à Rutezo.
La présence invasive des mêmes rebelles inonde le rayon de Matebe – Mbuzi – Ntamugenga jusqu’aux environs de Rumangabo. Il y a donc une preuve suffisante que, déjà sans combat, le M23 a repris la presque totalité de l’espace qu’il contrôlait en 2013 au sud-est du territoire de Rutshuru.
Les éléments du M23 fauchés à Matebe étaient en mouvement vers Tongo et Bwito, en empruntant l’axe du Mondo Gusto. D’aucuns redoutent qu’ils n’en adviennent à couper l’électricité aux habitants de Kiwanja et Rutshuru et à bloquer l’axe Rutshuru – Bunagana.
Point n’est besoin de s’interroger sur la facilité avec laquelle le M23 a repris l’élan. En effet, dès ce coup d’envoi des opération du M23 donné ce lundi, il reçoit déjà l’encouragement de ses complices au pouvoir dans le pays, lorsque la hiérarchie exige aux vaillants soldats loyalistes de cesser de poursuivre l’ennemi après la débandade qu’ils lui ont infligée à la bataille éclaire de Matebe. Voilà comment on se retrouve devant la même mise à scène vécue à l’époque du CNDP et du M23 de 2012-2013 au nom de l’apétit du pouvoir dans le chef d’un imposteur.
N’est-il pas naïf de continuer d’espérer une solution au problème congolais de la part d’un chef de l’Etat sans mandat, et donc au pouvoir illégal et illégitime? Que saurait-il faire de mieux dans une telle situation de confusion renforcée par l’absence de toutes lois pouvant réglementer son règne?
Jean-Luc Br.
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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