La proposition de renvoyer les armées du Rwanda et de l’Ouganda en R.D. Congo pour aider les Fardc à démanteler les positions de soi-disant Forces Négatives ( FDLR, Rasta, Mai-Mai, ADF, LRA, etc. ), proposition prise à la réunion de Bujumbura entre les généraux chefs d’état-major Samuel Gahiro (Burundi), Kisempia Sungulanga Lombe (RDC), James Kabarehe (Rwanda) et Aronda Nyakairima (Ouganda), est percue par les congolais comme l’officialisation de l’occupation effective de l’Est de la R.D. Congo. Se basant sur les informations en provenance du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, informations selon lesquelles les troupes rwandaises et ougandaises sont déjà en territoire congolais par le truchement de l’opération dite de Mixage, les congolais pensent que cette proposition de Bujumbura est le prochain pas à franchir par les armées rwandaises et ougandaises qui ne peuvent travailler pendant longtemps en catimini dans un pays où il n’y a pas de secret comme la R.D. Congo.
En effet depuis décembre 2006, il s’observe une précipitation des événements malheureux dans la partie orientale de la R.D.Congo. De questions touchant à la souverenaité nationale sont traités à la hate par des congolais non élus, des militaires à solo, sans un débat au préalable au niveau du parlement congolais.
Ce fait pousse les congolais à voir derrière ce retour officiel des armées rwando-burundo-ougandaises au Congo, ce qu’ils ont toujours soupconné, notamment , le fait que le gouvernement de Kinshasa est au service des intérêts étrangers par le truchement du Rwanda et de l’Ouganda. Ce soupçon persiste malgré le refus exprimé par le Général Kisempia, et par Son Excellence Mbusa Nyamwisi, Ministre des Affaires Etrangères de la R.D. Congo. En effet, plusieurs medias congolais rapportent que de plus en plus les congolais perdraient confiance au gouvernement actuel de Kinshasa depuis l’acquittement sans conditions du génocidaire Nkunda dont les troupes mixées continuent à semer mort et désolation au Nord-Kivu, les massacres du Bas-Congo, l’occupation de Kahemba par les angolais, le muselement de l’opposition politique, le mutisme du Président Joseph Kabila et du Premier Ministre Antoine Gizenga sur autant de dossiers d’intérêt capital pour le pays, etc….
Les blogs des congolais de ces deux derniers jours rivalisent d’éloquence pour qualifier ce qui se passe à l’Est du Pays de : guerre à la porte, trahison de Kinshasa, reprise du plan machiavelique de l’AFDL, annexion du Kivu au Rwanda, kivutiens payés en monnaie de singe par Joseph Kabila, et tutti quanti. Qu’en –est-il au juste?
On a l’impression que l’histoire se repète aussi facilement au Congo! Les congolais ne peuvent donc se payer le luxe d’être amnesiques. Les sages ne disent-ils pas qu’un peuple sans mémoire et sans histoire est un peuple voué à la servitude?
Qu’on se rappelle qu’en 1996, la coalition rwando-burundo-ougandaise avait reçu un mandat de l’ONU d’entrer officiellement en R.D. Congo pour démanteler les camps des réfugiés Hutu devenus trop dangereux pour la sécurité du Rwanda et de la R.D. Congo. Qu’on se rappelle qu’une fois les camps des réfugiés démantelés, la coalition rwando-burundo-ougandaise avait fixé son cap sur Kinshasa en abandonnant son objectif du départ qui consistait à démanteler les camps des réfugiés Hutu pour un nouvel objectif de lutte pour l’octroi collectif de la nationalité congolaise aux Banyamulenge. Le régime de Mobutu a payé les frais de cette lutte menée par l’AFDL après avoir été roulée dans la farine par l’ONU. En effet Mobutu avait accepté l’intervention des forces rwandaises au Zaire sur demande de l’ONU. Les congolais se rappellent que cette même ONU avait mis deux ans ( 1998-1999) pour reconnaitre la thèse de l’agression de la R.D. Congo par la coalition rwando-burundo-ougandaise. Le Gouvernement congolais va-t-il commettre la même erreur d’accepter les forces étrangères dans son pays?
Qu’on se rappelle que quand les combines de la coalition rwando-burundo-ougandaise bénéficiant d’un appui massif dans la communauté internationale avaient réussi à conquérir le pouvoir à Kinshasa avec Mzee Laurent Désiré Kabila comme chef de file de l’AFDL, les Banyamulenge et les leurs alliés voulaient non seulement la nationalité congolaise mais aussi le fauteuil présidentiel. A ce state, Mzee Laurent Désiré Kabila, en vrai nationaliste, avait retrouvé ses reflexes du maquis pour mobiliser par la parole toute la nation dans la lutte contre ce machiavelisme rwando-burundo-ougandais en expulsant du Congo ses alliés d’hier membres de l’AFDL qu’il qualifia à juste titre d’un conglomérat d’aventuriers.
Cette expulsion fut un moment de vérité pour la R.D. Congo car elle avait permis aux congolais de savoir qui roulait pour qui mais aussi qui était derrière le plan rwando-burundo-ougandais en R.D. Congo. Les grandes puissances économiques du monde, ne pouvant plus pendant longtemps tirer les ficelles dans l’ombre, ont sorti tous leurs tentaticules contre le régime de Laurent Désiré Kabila qui avait fait de l’auto-détermination du peuple congolais son cheval de bataille. Laurent Désiré Kabila rejoignait ainsi Emery Patrice Lumumba dans son prestigieux sort de héros de la liberté et de l’indépendance du congolais. L’assassinat de Mzee LDK qui ne tarda pas à s’ensuivre inaugura une ère de toutes les incertitudes et du flou politique comme au temps de la guerre froide. Jusqu’aujourd’hui les circonstances de sa mort n’ont jamais été élucidées par aucune justice. Le procès de ses présumés assassins ont laissé un goût d’inachevé dans la mémoire congolaise. Dans ce flou politique qu’était intervenue l’ascension au pouvoir de Joseph Kabila. Comment les présumés assassins de Mzee LDK n’avaient-ils pas pris le pouvoir? Les indiscrétions du huis-clos qui désigna par consensus Joseph Kabila Président de la République laissent entendre que les complices de l’assassinat de Mzee LDK avait porté leur choix sur le vieux croulant, à savoir le Général Luecha alors Chef d’Etat Major de l’armée. Celui-ci refusant l’offre car la veille de cette désignation, des soldats de rang de l’armée où il était le chef d’état-major lui avait refusé de rendre visite au corps inaniné de son ami Mzee LDK aux Cliniques Ngaliema. Le Général Luecha lui-même, aurait désigné par sa main temblante le jeune Joseph Kabila pour occuper le poste vacant de Président de la République. Et personne dans le huis-clos n’osa contester ce choix par peur de se voir indexer comme le tueur de Mzee LDK. Une nouvelle étape commenca par cet arrangement à huis clos. Le Jeune président Joseph Kabila bénéficia très rapidement de la confiance du peuple congolais et tous les espoirs reposèrent sur lui. Mais cette période d’euphorie fut éphemère. La résistance congolaise initiée sous Mzee LDK baissa d’intensité dans les Kivu et en Ituri. Le diaologue avec les agresseurs fut prôné. Le dialogue et les élections est tout ce que la communauté internationale pouvait offrir aux congolais comme solution à toutes les crises.
Pendant tout le temps qu’a duré cette période appelée “transition” vers on ne sait pas quoi, une constante se fit observer: la partie congolaise au dialogue ne faisait que faire des concessions là où la partie rwando-ougandaise ne bougeait pas d’un cran.
Pendant que le dialogue balisait la voie de la paix à Sun City sous haute surveillance internationale, des nouvelles milices naissaient à l’Est du pays alors contrôlé par les rébellions à la solde du Rwanda et de l’Ouganda. On assista à une résurgence de ce qu’on appelle jusqu’aujourd’hui “Forces Négatives” constituées des Interahamwe, Rasta, Ex-Far, Mai-Mai, ADF, LRA, etc. Chose curieuse, les rébellions qui contrôlaient l’Est demandaient au gouvernement de Joseph Kabila de désarmer les forces négatives qui opéraient sur un terrain que Joseph Kabila ne contrôlait pas. A ce niveau se situe la problématique des forces négatives qui constituent depuis lors le “casus belli” de toutes les aggressions de la R.D. Congo par les troupes du Rwanda et de l’Ouganda.
Cettefois-ci, d’après les analystes, l’aggression en cours d’exécution se veut plus aggressive et plus ouverte. En effet, cette aggression viserait la suppression des frontières étatiques entre les pays de la sous-région pour créer une zone de libre échange économique au bénéfice des grandes puissances économiques et seulement par ricochet des congolais. Pour que ce rêve se réalise, il faut un état faible en R.D. Congo. Ceci peut expliquer le silence du gouvernement d’Antoine Gizenga pour rendre possible cette deuxième aggression au grand dam du peuple congolais.
L’exemple le plus parlant du silence de Kinshasa est celui des milices dites étrangères qui opèreraient dans la région Est du Pays. Il est ahurissant de constater que c’est souvent le Rwanda et l’Ouganda qui disent avoir des rebelles de leurs pays en R.D. Congo et qu’ils doivent les poursuivre pour se protéger selon la théorie en vogue de la guerre préventive, une théorie qui n’est qu’un prétexte pour forcer la porte du voisin faible afin de le piller. L’annonce fait par les quatres chefs d’états-majors du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et de la R.D. Congo est le premier pas vers la legitimation de ce coup de force qui va assassiner la jeune démocratie congolaise arrachée inextremis de dermières élections. Le coup de force serait dans un état avancé vu la présence sur le sol congolais des militaires rwandais et ougandais notamment au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri. Ces soldats des positions avancées de la nouvelle agression sont entrés sur le sol congolais par la fameuse opération dite Mixage. Les forces vives du Nord-Kivu ont déjà lancé l’alerte à plus occasions mais sans suite.
Le déclenchement de l’opération attendrait la finalisation de la démobilisation de tous les résistants mai-mai pour être sûr qu’il n’y aura pas de résistance. Les forces vives de l’Est savent bien que les forces negatives qui y sèment le désordre est une création du Rwanda et de l’Ouganda pour continuer à narguer la communauté internationale en parlant des milliers d’Interahamwe qui se cacheraient dans les brousses du Congo. En vrai dire ce qu’on attaquerait d’après ce scenario, ce sont paisibles congolais à qui on obligerait d’accepter la nouvelle donne dans la région. Comme le gouvernement de Kinshasa n’a jamais voulu tirer au clair la situation de ces rebelles étrangers, à savoir leur nombre et leur location, les victimes de cette nouvelle agression seront considérées au niveau international comme des membres ou des sympathisants des forces négatives.
Ce scénario catastrophique mais fondé sur l’analyse de la situation actuelle de la R.D. Congo devrait interpeller l’Assemblée Nationale, les Assemblées Provinciales, l’opposition politique, la société civile et les confessions religieuses, institutions qui constituent le rampart du peuple congolais. Sous la houlette des institutions susmentionnées, le peuple peut recouvrer sa liberté et son indépendance.
Aux Philippines en 1986 , c’est un archevêque qui fut à la tête de la révolution du Pouvoir du Peuple. En Ukraine en 2005, ce sont les leaders de l’opposition politique qui furent les artisans de la Révolution Orange. Et en R.D. Congo, qui jouera ce rôle de libérateur pour sauver la démocratie congolaise?
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P. Vincent K. Machozi, a.a.
Boston University, USA
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