La colère de la population devient de plus en plus débordante à Beni. Déjà tôt dans la matinée de ce vendredi 19 aout, le climat était tel que les commerçants se sont vus contraints de fermer les magasins vers 10 heures, comme la pression des foules harcelait de plus en plus les installations administratives de la ville.
A la mi-journée, la cour de la Mairie de Beni était déjà débordée par l’arrivée des foules constamment croissantes, réclamant la libération immédiate de toutes les personnes qui ont été arrêtées au cours de la journée du 17 août 2016, à défaut la population était prête à le lapider jusqu’à mourir.
Il a fallu, à 15 heures, une intervention éclaire de la MONUSCO pour arracher le Maire de la ville aux courroux de la masse. Ce qui n’empêcha non plus d’accompagner ce convoi onusien secouriste des jets de pierre nourris et intensifs, en sorte même les casques bleus qui se sont risqués par cette opération ont eu leur salut au fait d’avoir utilisé des véhicules blindés.
Tout concourt à croire que le poids de souffrance a fini par révolté les esprits, si bien qu’il aurait lieu de s’attendre à beaucoup d’autres événements populaires extraordinaires, tant que leurs revendications ne seront pas satisfaits.
D’ailleurs, en guise de protestation contre les mesures draconiennes évoquées plus haut, des actes de sabotage sont intensément amorcés depuis ce soir du 19 aout, pour entre autres rejeter la décision du couvre feu de 20 heures. A Beni, tout comme à Butembo, la population est descendu dans la rue à partir de ce 20 heures, proférant de tapage par des cris, des coups de sifflet, des battements de tout genre d’objet retentissant, de manière à dominer même les tirs des armes à feu que les agents de l’ordre ont engagés en revanche dans le but d’intimider les foules en protestation. Au lieu de s’enfermer chez comme l’exige les autorités, tout le monde est dehors, produisant des bruits incontrôlables. Le feu allumé, la population a décidé de veiller sous la belle étoile à Beni et à Butembo.
Suivez un extrait de ce tapage en audio :
Baudouin KYAVAGHENDI
Beni
©Beni-Lubero Online.