





Butembo est en deuil de son premier deuil sportif dans l’histoire ! A la base de cette tragédie, un accrochage entre les joueurs que les agents de la Police Nationale Congolaise n’ont pas su gérer en lançant des gaz lacrymogènes et en tirant des balles réelles pour disperser la foule dans un stade qui n’a que deux portes de sortie et dont une était restée fermée hier. Bilan de la bousculade et du sauve-qui-peut : 13 morts, des enfants dont l’âge varie entre 6 et 13 ans ! 17 personnes sont admises à l’Hôpital Matanda, 2 personnes à Katwa, 6 à La Clinique La lumière, et 3 au Centre Hospitalier CAUB sise sur Avenue du Marché.

Les corps de 13 enfants exposés à la morgue de Matanda
Le choc est grand à travers la ville et la colère grande contre la Police Nationale dont la compétence pour assurer la securité des masses est de nouveau mise en doute.

Que s’est-il passé au juste ! Un match de Football entre NYUKI et SOCOZAKI, les deux grandes équipes de Butembo depuis 30 ans ! Lieu du mach : Stade Matokeo. Socozaki menait au score un peu avant la 55ième minute de jeu par un but à zéro. L’équipe de Nyuki déplorant ses efforts improductifs était visiblement tendue. Profitant d’un contre, un de ses joueurs de Nyuki s’était dirigé dans le territoire du gardien de Socozaki et avait donné l’impression d’arracher de force quelque chose sous le filet du gardien de Socozaki. Sans rien voir, les spectateurs ont conclu qu’il s’agissait d’un gris-gris, superstition aidant dans ces genres des circonstances ! Comme on pouvait s’y attendre, un bras de fer s’est aussitôt déclenché entre le gardien de Socozaki et le joueur de Nyuki qui faisait des gesticulations entre les deux poteaux du camp Socozaki. La suite s’est révélée mortelle. Les joueurs de deux camps sont venus discuter et se bousculer devant le but de Socozaki. Le sifflet de l’arbitre qui essayait de remettre de l’ordre s’étant révélé vain et cadavéré comme un musicien brazzavillois l’avait chanté, le capitaine Frank de la Police Nationale Congolaise s’était invité pour mettre de l’ordre. Du coup, une pierre avait surgi de la foule et avait blessé le capitaine de la police à l’œil gauche. C’est ainsi que la bousculade avait pris une autre tournure. Les policiers qui assuraient la securité au stade, surpris par la blessure de leur chef, ont envenimé la situation en larguant sur la foule des bombes lacrymogènes suivies des tirs à balles réelles. Le terrain de jeu s’était ainsi transformé en champ de bataille contre des ennemis inconnus. Un sauve-qui-peut avait suivi vers les deux portes du stade, une d’elles étant d’ailleurs fermée. 13 enfants ont ainsi fait les frais des bombes lacrymogènes et des tirs de la police sur lune foule en débandade.
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Ce matin à 10 heures huit familles avaient déjà retiré les dépouilles de leurs de la Morgue de Matanda.
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Joseph Kabila en séjour à Goma aurait promis de dépêcher une délégation à Butembo pour présenter ses condoléances aux familles des victimes. Mais les familles éprouvées n’ont pas voulu attendre cette délégation pour commencer le deuil.
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Aucune arrestation n’a encore été faite, la justice locale étant restée muette, peut-être parce qu’elle est aussi sous le choc. La population attend savoir la décision de la justice pour établir les différentes responsabilités dans cette tragédie sportive de Butembo. La justice est la seule voie pour apaiser les fanatiques de deux équipes.
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Juvénal Paluku
Butembo
Beni-Lubero Online





