





Vendredi 17 juin 2011, 3 militaires Fardc lourdement armés qui s’apprêtaient à voler dans la localité de Lubango au Sud du Territoire de Lubero, ont été surpris dans leur cachette avant qu’ils n’entrent en action. Sur une indication exacte d’un fin limier, une foule immense avait encerclé l’endroit où les militaires assassins étaient cachés en attendant l’heure préférée de la nuit pour opérer comme d’habitude. C’était sans savoir que la population du Sud de Lubero a déjà décrété la mort subite pour tout malfrat qui tombe dans ses filets, qu’il soit bandit, policier, militaire, congolais, rwandais, ougandais, etc. Avec des bâtons, la foule en colère avait réussi à désarmer les militaires, à les lapider et à leur couper les sexes. Horrible !
Le village de Katondi non loin de Lubero
Le lendemain samedi 18 juin 2011, à Kitsombiro, à une dizaine du lieu de lapidation des militaires Fardc, 1 maman a été abattue par balles quand elle revenait de son champ par des militaires congolais. Le corps de la victime avait été retrouvé longtemps après le forfait au point que les assassins avaient eu le temps de vider le lieu du crime. La population rouge de colère en l’absence des assassins, est descendue dans la rue et a marché à pieds jusqu’à la cité de Lubero pour y déposer un mémorandum de protestation contre la recrudescence de la violence au bureau de l’administrateur du Territoire.
Une Vue de l’entrée au bureau du Territoire de Lubero
En moins de 24 heures, 4 personnes étaient tuées par une violence sans précédent dans ce coin de Beni-Lubero connu pour son pacifisme. L’absence prolongée de l’autorité de l’Etat et la violence contre les populations civiles perpétrée par les militaires et les policiers qui sont pourtant supposés assurer la securité des personnes et de leurs biens, a comme conséquence fâcheuse l’exaspération d’une population au bout du rouleau, abandonnée à elle-même, et qui décide de se faire justice par la violence. Les grandes structures budgétivores de l’Etat (STAREC), de l’ONU (Monusco) chargées de la reconstruction et de la pacification de cette région n’ont jamais commencé le travail attendu d’elles pour briser cette spirale de la violence qui appelle la violence. La population du sud de Lubero qui pressent une attaque imminente déclare à qui veut l’entendre que cette fois-ci, elle ne fuira pas, elle se défendra jusqu’au dernier survivant. Malheureusement ce cri de désespoir tombe dans les oreilles des sourds qui semblent n’avoir qu’un seul projet : La balkanisation de la RDC en faveur des extrémistes de la Région des Grands Lacs africains.La situation dans toute la région de Beni- Lubero, Mambasa, le Nord du Territoire de Rutshuru, zone à forte concentration des Nande est sous pression et se sent abandonnée par le pouvoir central, le STAREC, la Monusco, le HCR ainsi que d’autres ONG onusiennes (Cfr memo de la société civile de Beni-Lubero publié sur www.benilubero.com : https://benilubero.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2661:la-starec-accusee-doublier-la-population-de-beni-lubero&catid=16:vie-nationale&Itemid=99 ).
Les medias proche de l’empire ressuscitent les attaques entre groupes Mai-Mai qui se battraient pour contrôler des platebandes minières au Nord-Kivu. On se rappelle que le gouvernement avait déclaré avoir chassé les FDLR et les Mai-Mai de zones minières du Nord-Kivu en 2010. Quand les medias annoncent les attaques entre groupes Mai-Mai avec précision des noms des chefs et du nombre des victimes, on se demande où ils puisent les données, et surtout où se trouvent les positions des Forces Armées de la République Démocratique du Congo et des casques bleus de la Monusco pour assurer la sécurité. On constate que ces medias ne disent rien sur une éventualité d’un renfort sécuritaire sur terrain en faveur des populations fuyant leurs villages. Le gouvernement congolais ne fait même pas mention de cette recrudescence de la violence. Tout laisse croire qu’il y a comme un plan de démontrer à l’opinion nationale et internationale que les Mai-Mai contrôlent le Sud et le Nord-Kivu, qu’ils exploitent les minerais, et sont responsables des tueries des civils. Le décor de la guerre contre les Mai-Mai perçue comme la dernière phase de la conquête du Kivu semble se mettre en place sous nos yeux. Il convient de constater qu’on ne parle plus des FDLR…
Lors de son passage à New York au début du mois de juin 2011, le Président Rwandais Paul Kagame, répondant à une question sur la securité de la RDC n’a pas pour la première fois parlé une seule fois des FDLR ou rebelles hutu rwandais génocidaires qui menacent la sécurité du Rwanda. Pendant une réponse de dix minutes, il n’a parlé que des Mai-Mai qui existeraient depuis les années 1960 et qui constituent selon lui le problème de la R.D.Congo.
Faire revenir les Mai-Mai au-devant de la scène du conflit congolais, peut vouloir dire que les FDLR ne constituent plus un danger pour l’occupant du Kivu. Les FDLR seraient déjà intégrées dans les FARDC (Forces Armées Rwandaises Déployées au Congo) pour servir de forces d’occupation du Kivu. Les Mai-Mai, existant ou pas, resteraient l’unique étiquette armée que l’ennemi peut utiliser pour justifier le lancement d’une dernière guerre de grande envergure contre les populations civiles congolaises qui bloquent l’occupation effective du Kivu. Sur terrain, on sait que les Mai-Mai se sont intégrés dans l’armée et la police ( cas de Beni-Lubero). Mais l’ennemi peut se fabriquer ses propres Mai-Mai utilisant des noms d’anciens chefs Mai-Mai pour commettre des crimes contre l’humanité, lesquels crimes il imputerait par la suite aux Mai-Mai. C’est ainsi que les Tutsi ont toujours fait porter leur génocide des Tutsi modérés et des Hutu aux seuls Hutu Interahamwe et Ex-forces armées rwandaises. L’usage des fausses étiquettes dans la conquête de la RDC telles que FDLR, LRA, ADF-NALU, MAI-MAI, Militaires Congolais, etc. est une stratégie de l’occupation en cours qui a déjà aidé l’occupant à faire des pas de géant. La fausse étiquette des Mai-Mai permettrait ainsi à l’ennemi d’exterminer les populations congolaises du Grand Kivu et dire à l’opinion internationale que ces populations congolaises s’entretuaient elles-mêmes jusqu’à s’exterminer. Comme au Rwanda en 1994, ce génocide des populations congolaises du Kivu provoquerait un déplacement massif des rescapés vers des camps des déplacés ou des refugiés pour laisser la terre kivutienne aux soit disant refugiés congolais revenant du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi, de la Tanzanie, etc. Cette autre fausse étiquette de refugiés permettrait ainsi d’installer des rwandais au Kivu sans que l’opinion internationale ne s’en aperçoive.
Pendant que les populations congolaises du Kivu se trouvent dans une insécurité totale, le HCR annonce le retour de soit dits refugiés du Rwanda, de l’Ouganda, etc. L’insécurité qui sévit actuellement dans plusieurs coins du Kivu ne semble pas préoccupée le HCR qui choisit ce moment pour rapatrier des refugiés qui prétendent avoir fui la région dans le passé à cause de la même insécurité. On se demande si le HCR ne voit pas cette contradiction dans son action.
Plusieurs signes non trompeurs indiquent que la guerre d’occupation de l’Est de la R.D.Congo a atteint sa phase la plus difficile, c’est-à-dire celle de gérer les masses populaires locales plus difficiles à corrompre à coups d’argent et des promesses trompeuses que les politiciens, les chefs coutumiers, les chefs des confessions religieuses, et tous les autres collabos congolais. Mais comme les masses populaires sont imprévisibles, on peut dire que la cause de la RDC n’est pas encore perdue. Le peuple congolais peut encore faire échec à la balkanisation programmée de la R.D.Congo.
Kakule Mathe
Butembo
©Beni-Lubero Online





