





Dans la nuit du mardi à mercredi 26 septembre 2007, 49 détenus condamnés à mort se sont évadés de la Prison Centrale de Vuhovi, Collectivité de Bashu, en Territoire de Beni, à 17 Km à l’Est de Butembo. Même si les deux faits ne sont certainement pas liés, il convient de faire remarquer que c’est au cours de la même nuit que le commerçant Joseph Talangira Mandefu (40 ans) était assassiné dans sa parcelle à Musienene à une trentaine de Kilomètres de Vuhovi par des hommes en uniforme militaire.
Parmi les 49 fugitifs de Vuhovi, 45 sont des militaires et 4 des civils. Notez que la prison contenait 57 détenus au total au moment de l’évasion spectaculaire.
Le bâtiment de la Prison de Vuhovi qui date de l’époque coloniale belge venait d’être réhabilité par la Monuc pour désencombrer la prison de Kakwangura (Butembo) et celle de Beni-Ville.
A l’issue de la rénovation de cette prison de Vuhovi, il avait été décidé par les autorités de tutelle qu’elle abriterait seulement les condamnés à mort ainsi que les prisonniers de longue durée.
Son inauguration a eu lieu le 15 septembre 2007 avec l’accueil de 57 détenus. Dix jours plus tard, 49 détenus se sont évadés dans la nuit. Parmi les 49, deux des fugitifs ont été cueillis et remis à la police par des habitants des villages environnants chez qui ces malfrats voulaient forcer leur cachette.
Pour s’évader, les malfrats avaient réussi à creuser un trou de 6 mètres dans la galerie interne. De là, ils avaient fait un long corridor souterrain jusque dans la bananeraie environnante. C’est à peine croyable que des travaux de cette ampleur aient été réalisés sans la moindre idée des policiers commis à la garde de la prison.
A Butembo comme à Beni, plusieurs sont ceux qui ne croient pas à la thèse de l’évasion. Depuis plus d’un mois, des militaires qui rançonnent nuitamment les passants ne cessent de dire à qui veut les entendre que les criminels ougandais et kenyans détenus à Butembo ne feront plus longtemps en prison avant leur libération forcée. Toujours, d’après ces militaires, un commando se préparerait à partir de l’Ouganda pour venir libérer de force les condamnés à mort, notamment les assassins de Kidubai…
Après l’évasion de la Prison de Vuhovi, les gens sont tentés de croire à ces rumeurs répandues par les militaires eux-mêmes. Une semaine après l’évasion, aucune poursuite de grande envergure ne s’est déclenchée pour retrouver les criminels en fuite. La population est la seule à s’être montrée à la hauteur de sa sécurisation car elle a réussi à mettre la main sur deux fuyards qui voulaient forcer leur cachette chez un habitant d’un village environnant.
Aussi, l’évasion d’une prison réhabilitée par la Monuc réveille-t-elle toutes les suspicions à l’égard de cette institution de l’ONU qui a perdu toute crédibilité quant à sa volonté réelle de mettre hors d’état de nuire les rebelles de Nkunda et des FDLR qui endeuillent la sous-région.
L’évasion des condamnés à mort de Vuhovi démontre à suffisance la déliquescence de l’appareil de l’Etat congolais qui parait incapable de garder hors d’état de nuire ses hors- la-loi. Cette année, il y a eu plusieurs évasions des prisonniers de plusieurs prisons du Congo. Dans chacun de ces cas d’évasion, les criminels fugitifs n’ont jamais été retrouvés ou recherchés activement. Il est par exemple étonnant que l’évasion spectaculaire de 49 criminels condamnés à mort de la prison centrale de Vuhovi n’ait pas encore entraîné la mise sous securité maximale du centre pénitentiaire de Kakwangura (Butembo) où sont toujours emprisonnés les assassins de Kidubai.
Kakule Mathe
Butembo
Beni-Lubero Online





