





Du 6 au 8 avril 2013, plusieurs centaines des représentants de 7 clans de la communauté Nande et des Vyaghanda de l’Est de la RDC se sont réunis au Centre Social Mon Beau Village de Vitungwe, Groupement Bunyuka, Chefferie des Bashu, Territoire de Beni, autour des dirigeants du Kyaghanda Kikulu, organe suprême d’animation de la communauté Nande en matières socio-culturelles.
Chef Coutumier Kahwere d’Isonga (105 ans), descendant de MUHIYI, premier explorateur de Beni-Lubero interviewé par Mukwarambya et Kayitula
Comme d’accoutumée, la première journée du Conseil Culturel du Kyaghanda Kikulu qui se tient tous les quatre mois a été consacrée à l’écoute des délégués de 7 clans et des représentants des Vyaghanda de l’Est de la RDC. La synthèse de tous les rapports des délégués se trouve dans la déclaration finale de ces assises publiée sur www.benilubero.com.
Dans cet article, nous voulons relever quelques tristes constats et inquiétudes relevés par la quasi-totalité des délégués vis-à-vis de la gestion de la sécurité dans les territoires où vivent les Nande.
- L’inaction du gouvernement de Kinshasa vis-à-vis de l’insécurité toujours grandissante dans les provinces du Nord-Kivu, Orientale, Sud-Kivu et Maniema. Le gouvernement de Kinshasa dont les agents sont toujours officiellement en fonction dans ces provinces semble croiser les bras et suspendre la solution au conflit congolais à une intervention étrangère (le cas de la brigade neutre de l’ONU attendue en RDC), et cela jusque dans les petites fonctions regaliennes de sécurisation des villes, cités, villages, etc. A titre d’exemple, des groupements entiers au Sud de Lubero (cas de Miriki, Vusekera-Ouest) sont contrôlés depuis 2008 par des rwandais armés qui perçoivent des taxes et spolient les biens de la population en toute impunité et devant une Police et une armée dites congolaises se disent impuissantes de les deloger. Ces rwandais armés sont responsables des tueries, braquages, et vols à mains armées dans les territoires environnants officiellement encore sous contrôle du gouvernement de Kinshasa. Quand les civils dénoncent les exactions de ces rwandais armés, la police et l’armée congolaises les traitent de tribalistes ou de Mai-Mai. D’où la confusion au sein de la population civile qui ne sait pas distinguer les rwandais armés (qu’ils soient FDLR ou autres) de la police et de l’armée congolaises. Sachant que la police et l’armée congolaises déployées au Kivu-Ituri sont commandées par des anciens du RCD-Goma et du CNDP, la population civile conclut que l’Est de la RDC n’est plus sous contrôle de Kinshasa bien qu’officiellement son administration soit menee par des agents de l’Etat qui se réclament verbalement toujours dépendants de Kinshasa mais sans impact visible sur la sécurité locale.
- Le gouvernement de Kinshasa apparait aux yeux de plusieurs délégués comme complice des forces négatives qui sèment l’insécurité à l’Est de la RDC, notamment le M23, les FDLR, LRA, ADF-NALU, etc. La reprise du dialogue avec le M23 le samedi 6 avril 2013 vient de corroborer cette hypothèse. Après l’accord d’Addis-Abeba et la résolution 2098 de l’ONU qui a décidé de mettre militairement fin aux forces négatives dont le M23, il est surprenant de voir le gouvernement de Kinshasa reprendre des pourparlers avec le M23. L’opinion conclut que le gouvernement de Kinshasa voudrait voler au secours du M23, son allié dans le pillage des ressources du Kivu, pour le soustraire du feu de la brigade de l’ONU. En effet, le gouvernement de Kinshasa n’a jamais entrepris une vraie offensive militaire contre les forces négatives qui déchirent le Kivu-Ituri. Le cas des opérations Rwenzori initiées par les Fardc contre l’ADF-NALU et qui s’étaient soldées par la création des zones plus grandes plus insécurisées et sous contrôle de l’ADF-NALU corrobore aussi cette hypothèse de complicité du gouvernement de Kinshasa. Ainsi, par exemple, dans la région de MBAU et d’Oicha en Territoire de Beni, il y a des zones entières inaccessibles à l’Etat congolais et à l’Eglise. Plusieurs secteurs des Paroisses de Mbau et d’Oïcha sont inaccessibles aux prêtres pour le service religieux car occupés par les forces négatives de l’ADF-NALU. Si pendant la zone de semence les forces négatives se font rares dans les zones agricoles, elles réapparaissent en période de récolte pour y chasser les congolais et récolter où elles n’ont pas semé.
3. Depuis juillet 1999, l’ONU ne fait que proroger les mandats de la MONUC comme ceux de la MONUSCO sans impact visible sur le plan sécuritaire de la RDC. En effet, la force militaire de l’ONU en RDC n’a jamais réussie à sécuriser un seul village en RDC en dépit des promesses et des résolutions qui n’ont jamais dépassé leur énonciation. En plus, on constate que les forces onusiennes et certaines ONG internationales sont les seules à pénétrer dans les zones sous contrôle des forces négatives pour soi-disant y effectuer des missions des bons offices qui n’ont jamais abouti à la paix tant désirée par le peuple congolais. Les populations civiles concluent que la MONUSCO et certaines ONG internationales travaillent de mèche avec les forces négatives dans l’exploitation des minerais congolais. Les délégués du territoire de Beni ont rapporté par exemple que sur la route Beni-Ville- Eringeti on observe le passage d’un véhicule de la Monusco toutes les trois minutes et cela 24h sur 24 sans savoir où ces véhicules vont, d’où ils reviennent et surtout ce qu’ils transportent. La piste d’atterrissage de Mavivi aménagé par la MONUSCO entre BENI et Oïcha serait selon toute vraisemblance liée au pillage des minerais du territoire de Beni par le biais de la MONUSCO.
4. La coordination de la société civile de l’Est de la RDC est sur la voie d’être épingler comme collabo des forces occultes qui travaillent pour la balkanisation de la RDC au profit du Rwanda et de l’Ouganda. Depuis un temps, on ne constate, par exemple, que la coordination de la société civile dont les cadres reçoivent un per diem de la MONUSCO, passe facilement d’un éventaire accablant des atrocités commises sur les populations civiles congolaises par des groupes armés étrangers (rwandais et ougandais) à une campagne pour les pistes de solution proposées par la MONUSCO. Le cas récent est celui du dialogue social du territoire de Beni où le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu était hué par les participants qui l’accusaient d’avoir inventé un compte rendu autre que celui discuté pendant le dialogue social (cfr. Journal Kengele, N° 26 du 01 au 15 avril 2013, p.3). En effet, pour une insécurité reconnue par tous les congolais comme étant le fruit d’une agression rwando-ougandaise avec rebellions étrangères (CNDP, M23, LRA, ADF-NALU) interposées, les populations civiles ne comprennent pas pourquoi la société civile se bat pour l’organisation des dialogues sociaux congolo-congolais comme seule voie de sortie de crise. Le dialogue intercongolais de SUN-CITY dont on vient de fêter le 10 anniversaire (Avril 2003-Avril 2013) rappelle que le conflit congolais étant issu d’une agression, sa résolution dépendra essentiellement d’une mise en demeure des agresseurs, notamment le Rwanda, l’Ouganda et les multinationales qui les instrumentalisent. Toute piste de solution qui ignore cette donne est une simple distraction.
Au centre: Les cadres du Kyaghanda du Groupement Bunyuka notamment Kasereka Mwanzi (President) et Georgine Musemakweli (Vice-Presidente)
Les participants aux assises de Vitungwe sont retournés chez eux avec le sentiment qu’ils doivent ouvrir l’œil et le bon pour ne pas perdre de temps dans des processus de pacification conçus et exécutés par leurs bourreaux qui veulent pérenniser leur mainmise sur les richesses du sol et du sous-sol congolais. Ainsi, plusieurs voix se sont élevées pour que les différents Vyaghanda passent au peigne fin les actions du gouvernement de Kinshasa, de la Monusco, des ONG internationales, de la Coordination de la Société Civile, etc. pour y relever celles qui peuvent contribuer réellement à la pacification de l’Est de la RDC et celles qui ne sont qu’une simple distraction de la population congolaise.
5. En dépit du pacifisme connu de la Communauté Nande, plusieurs délégués ont relevé que plusieurs autorités de l’armée, de la police et de services de renseignement congolais insinuent dans leurs discours et causeries morales les propos tels que les Nande se tuent eux-mêmes, qu’ils auraient le projet d’exterminer les petites minorités ethniques qui se considèrent pourtant d’une manière générale comme Nande (cas de Bambuba, Bapakombe, Bapere, Bambuti, etc.). Les faits sur terrain démontrent pourtant que ce sont les Nande qui constituent le gros des victimes de la barbarie des forces négatives actives en Province du Nord-Kivu et en Province Orientale. Selon plusieurs délégués du territoire de Beni, parfois quand il y a kidnapping des civils d’un village, les ravisseurs remettent en liberté les ressortissants des minorités précitées et retiennent les Nande. L’inquiétude de ces délégués est que l’ennemi serait en train de créer de toute pièce une inimitié entre les communautés de l’Est de la RDC qui vivent depuis toujours en harmonie avec les Nande, espérant qu’en faisant ainsi, il contournerait la farouche résistance Nande pour faire aboutir son projet de balkanisation du Kivu-Ituri. On a en effet l’impression que l’ennemi, comme un Autriche, voudrait passer inaperçu dans son œuvre de la balkanisation de la RDC en faisant porter aux congolais eux-mêmes son œuvre maléfique. C’est pourquoi il a été dit lors de la réunion de Vitungwe que les congolais épris de paix durable doivent travailler pour mettre en lumière les vrais commanditaires du conflit qui sévit en RDC depuis 20 ans et n’accepter que des processus de paix qui sortent de l’ombre et responsabilisent ces vrais commanditaires pour le mal qu’ils commettent sur les populations congolaises.
Kasereka Katalyavundu
Vitungwe
©Beni-Lubero Online





