





Lorsque l’élite n’as pas besoin de la légitimation populaire, la liberté d’expression sert d’opium pour créer dans la “populace” l’impression de participer à la chose publique. Alors, les chefs laissent le peuple se complaire à parler. Mais, l’opinion de ce dernier est simplement ignorée avant même qu’elle ne soit élaborée. Elle ne compte pas. Voilà pourquoi la liberté d’expression ne peut être qu’apparente là où l’élite n’a pas besoin de la légitimation populaire. Elle ne devient rien d’autre qu’une liberté d’expression octroyée pour des soliloques, pour des défoulements car elle manque d’interlocuteur.
Ma ville natale va bientôt accueillir une conférence qui va réunir l’élite Nande et des experts. Des « petites » voix du peuple se sont élevées pour dénoncer des défauts de procédure. D’autres ont plutôt exprimé leurs perplexités à propos des tenants et des aboutissants. Elles ont toutes été ignorées. Personne ne s’est daigné de fournir des explications. Il s’agit là d’une arrogance inacceptable. Ignorer les opinions des autres ne fait pas partie de notre culture. Et l’élite Nande devrait bien le savoir. Elle a probablement perdu les bonnes habitudes. Et ce n’est pas agréable à savoir.
Je voudrais que le peuple Nande dise à l’unisson: « S’ils ne veulent pas nous répondre, qu’ils ne nous octroient même pas la liberté d’expression ». Mais cette prière serait aussi ignorée. Ceci vaut aussi pour mes questions qui ne signifieront rien pour la plupart de ceux qui prendront part à la conférence de Butembo. Ils vont m’ignorer. Cela me gêne déjà et je me sens vraiment insulté.
Je me suis proposé de soumettre une série de question au public beniluberois -en général- et aux organisateurs de la Conférence de Butembo -en particulier- puisque j’espère qu’il y a encore parmi nous des gens qui ont en cœur nos traditions et qui veulent honorer nos aïeux qui n’ignoraient l’opinion de personne. A ces derniers, confiant qu’ils me répondront, je voudrais adresser les questions suivantes:
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Qui a donné mandat au Kyaghanda de Kinshasa de convoquer la Conférence de Butembo?
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Pourquoi la recherche des financements a-t-elle précédée l’étude de la faisabilité ?
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Qui sont les bailleurs de fonds qui couvriront les dépenses non couvertes par les participations de la communauté?
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Pourquoi a-t-on choisi de rendre publique une conférence « ethnique »? (à ma connaissance, les autres familles n’ont jamais rendu publiques leurs rencontres)
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100 experts, 100 chefs coutumiers et 100 autres, pourquoi cette répartition des 300 qui semble donner plus d’importance aux experts et aux chefs coutumiers dans une conférence qui devrait concerner le peuple?
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Tous les experts font-ils partie de la communauté Nande ?
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Pourquoi les objectifs d’une conférence des Nande ressemblent-ils, pour la plupart, à ceux de la Conférence de Goma?
Ce sont là des questions aux apparences polémiques. Mais je ne suis pas un trouble-fête. Je voudrais tout simplement savoir ce qui se trame sans caresser les incongruences dans le sens du poil.
Et, j’attends que ceux qui ont perdu les bonnes habitudes me disent: « le chien aboi et la caravane passe ». Mais j’espère aussi vivement qu’ils me déçoivent.
Dott. Mughanda M.
Italie
Beni-Lubero Online





