





[Jeudi 20 Avril 2006 : www.benilubero.com] La situation d’insécurité qui sévit ces derniers jours au Sud-Kivu, voisin du Nord-Kivu, préoccupe plus d’un. Les forces vives du milieu sont entrain d’y mettre une bouchée double, pour qu’une solution durable soit réellement trouvée . Beni-Lubero Online , s’est intéressé à cette actualité, et à chercher à en savoir un peu plus sur les stratégies qui sont mises en place, ainsi que ceux qui seraient les véritables semeurs des troubles dans cette partie du Pays . pour en savoir plus, nous avons approché le représentant des forces vives du Sud-Kivu en Belgique, membre du bureau des œuvres médicales de Bukavu. (B .O.M) et lobbyiste influant sur les questions touchant l’Est de la RDC.
BENI-LUBERO Online: Vital Barholere, vous êtes représentant des forces vives du Sud-Kivu en Belgique, vous êtes aussi en contact permanent avec votre base, quel est le dernier développement de la situation du Sud-Kivu ?
VITAL BARHOLERE : Après des semaines de tension subséquente à l’insécurité qui sévit dans la région du Sud-Kivu, la situation se normalise petit à petit. Du moins à Bukavu, car dans les campagnes la situation reste critique. Les enlèvements, les viols, les assassinats sont toujours signalés dans les milieux ruraux du Sud-Kivu.
Avec mes collaborateurs, nous sommes en contact permanent avec la société civile du Sud-Kivu qui nous demande de relayer ses messages ici en Europe et de continuer le travail de lobbying et de diplomatie.
BENI-LUBERO Online : A qui attribuez-vous cette insécurité, et pour quel intérêt ?
VITAL BARHOLERE : L’on sait que les assassinats et l’insécurité sont l’œuvre des hommes en armes. Dans les campagnes, ce sont surtout des bandes armées d’origine rwandaise qui opèrent depuis plusieurs mois. En ville, certains militaires ou anciens militaires Congolais démobilisés sont incriminés.
Il y a une sorte de convergence, voire d’alliance des forces du grand banditisme.
Mais au delà de ces faits qui ne sont en fait que des conséquences, il est nécessaire et pertinent de remonter aux causes si l’on veut résoudre ce problème de manière durable. Tant que le Congo restera insécurisé par ses voisins (ici le Rwanda), tant que le Rwanda lui -même n’aura pas résolu ses problèmes internes, je doute qu’une solution durable soit trouvée.
Mais, en attendant, dans l’immédiat, l’armée Congolaise et la MONUC devraient sécuriser la population. Sinon, il n’ y a aucune raison d’avoir une armée.
BENI-LUBERO Online : Vous venez d’une mission, au Sud-Kivu, avec l’appui de la mutualité Chrétienne Belge, est ce que cette situation d’insécurité était déjà pressentie ?
VITAL BARHOLERE : Comme je venais de le dire, cette situation perdure. Depuis plusieurs années maintenant, on tue à Kaniola, Kalonge, Bunyakiri, etc. en toute impunité. Et cela malgré la présence massive des troupes de la MONUC et des militaires Congolais sensées protéger la population.
BENI-LUBERO Online : Etes-vous d’avis aussi, que cette crise soit l’œuvre, des certains politiciens véreux, pour créer un jeu de discrédit pour des raisons électoralistes ?
VITAL BARHOLERE : Connaissant, les acteurs politiques de la région des Grands Lacs, je ne peux exclure aucune hypothèse dans ce sens. Sans aller jusqu’à désigner l’une ou l’autre personne, on peut tout de même se poser la question de savoir à qui profite l’insécurité actuelle dans les deux Kivu.
Cette situation profite évidemment à ceux qui voudraient garder le contrôle de la région et ceux qui ne voudraient pas voir aboutir le processus électoral.
Mais, il ne faudrait pas seulement jeter toute la responsabilité sur les autres. On sait aussi que nos militaires ne sont pas, ou sont très mal payés, peu encadrées, etc.
Nous en avons maintenant l’expérience, un militaire non payé et mal encadré est toujours dangereux pour la population. Nos autorités politiques à Kinshasa le savent, ils doivent assumer leurs responsabilités dans le paiement de la solde des militaires. Plusieurs pays Occidentaux soutiennent financièrement le Congo pour la paie de militaires, où va cet argent ?
BENI-LUBERO Online : Etes-vous sûre de la capacité et de la volonté des actuelles autorités politiques et militaires du Sud-Kivu, de faire face à ces genres situations ?
VITAL BARHOLERE : Je vois qu’il y a une volonté du pouvoir politique de Kinshasa de résoudre ce problème. Depuis plus d’une semaine, le président Kabila a dépêché à Bukavu des éléments de la Police d’intervention rapide (PIR).
Des dernières nouvelles, des perquisitions ont été faites et des armes auraient été saisies dans le quartier Essence à Bukavu.
Cette intervention est bonne, même si elle arrive avec un certain retard. Mais, il vaut mieux tard que jamais.
Cela montre surtout, que si les autorités de Kinshasa et du Sud-Kivu s’y mettent avec fermeté, il est possible de sécuriser les villes et les campagnes. Nous encourageons le président Kabila et les autres à continuer dans ce sens. Il faut aussi comme je viens de le souligner payer la solde de nos militaires afin qu’ils s’engagent de manière durable.
Le nouveau commandant militaire du Sud-Kivu dit être pour la paix. Nous pouvons bien croire en sa bonne foi, mais les faits ne nous rassurent pas. Les militaires semblent peu encadrés, en tout cas moins qu’au temps de son prédécesseur le Général Mbudja Mabe.
Nous voulons bien lui laisser du temps pour qu’il puisse traduire en actes sa bonne foi, mais il est pour nous inacceptable de continuer à compter tant de morts au sein de notre population. Il y a urgence, et chacun doit agir en conséquence.
BENI-LUBERO Online : Vous craignez également pour l’un de vos collègues de la société civile, à l’occurrence BYABUZE KATABARUKA, victime des menaces et qui se trouverait selon vous dans un état de siège, le confirmez-vous encore ?
VITAL BARHOLERE : Notre collaborateur, Idesbald BYABUZE, enseignant, militant des droits de l’homme, et candidat député national , a bel et bien été menacé par des militaires. Nous continuons à croire que sa vie est en danger.
Toutefois, depuis quatre jours il y a des signes qui montrent que la situation sécuritaire dans la région se dégèle. Il pourrait sortir bientôt de sa clandestinité et vivre librement. Mais nous restons vigilants et continuons à exiger que les autorités politiques et militaires de la province assurent sa sécurité.
BENI-LUBERO Online : À part le besoin de la sécurisation, vous aviez été à l’écoute de la population, quels sont les autres besoins, qui vous ont été exprimés ?
VITAL BARHOLERE : Lors de notre dernière mission au Sud-Kivu en février et mars 2006, nous avons eu des contacts avec la population de la ville comme celle des milieux ruraux. Bien évidemment sa première préoccupation est le retour à la sécurité et à la paix. Ensuite, il y a le besoin de voir satisfaits ses besoins primaires : pouvoir manger, se faire soigner, scolariser les enfants, se loger, etc.
BENI-LUBERO Online : Quelles sont les actions que vous menez alors, depuis que vous avez enregistré ces doléances ?
VITAL BARHOLERE : Notre mission de février avait essentiellement pour objectif de renforcer l’action de notre partenaire dans la région (le diocèse de Bukavu) dans la création et le développement des mutuelles de santé.
Nous continuons à soutenir ce projet car c’est une des voies efficaces pour rendre accessible les soins de santé à l’ensemble de la population.
D’autre part, d’ici en Belgique, nous continuons à plaider la cause de la population et à encourager d’autres organisations pour qu’elles s’intéressent au Congo.
C’est un travail de longue haleine, mais nécessaire pour la renaissance de notre pays. C’est une modeste, mais utile contribution de nous qui sommes à l’extérieur du pays.
BENI-LUBERO Online : À propos des prochaines élections au pays, pour quel intérêt les soutenez-vous ?
VITAL BARHOLERE : Je soutiens l’aboutissement du processus électoral, car tout d’abord, j’ai lutté pour cela depuis 1990. Au sein du Collectif des organisations des jeunes du Congo Kinshasa (COJESKI) et la société Civile du Sud-Kivu.
Ensuite, c’est pour moi la seule voie crédible pour faire sortir notre pays de cette crise de légitimité dans laquelle elle vit.
Enfin, je suis convaincu qu’après les élections, commencera petit à petit la reconstruction du pays.
Certes, la situation socio économique ne va pas changer du jour au lendemain, mais ce sera déjà un début.
Il faudra pour que le Congo se remette vraiment sur les rails du développement que nous tous, ses filles et ses fils travaillons d’arrache-pied pour le changement. Ce ne sera pas facile, il faudra beaucoup plus d’actes que des discours.
BENI-LUBERO Online: Je vous remercie Monsieur Vital Barholere!
VITAL BARHOLERE : Je vous en prie Monsieur le journaliste!
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Propos recueillis à Bruxelles, par le Journaliste Justin Kandanda sur le compte de Beni-Lubero Online (BLO)





