





Une rétrospective historique…
Depuis plusieurs années déjà, le Nord-Kivu se présente comme une province assez problématique quasiment sur tous les plans. Ceci est une situation devenue manifeste surtout depuis l’arrivée sur le sol congolais des milliers, voire millions, de refugiés Rwandais poussés hors de leur pays par la conquête du pouvoir par le Front Patriotique Rwandais à Kigali. On a vu alors s’installer peu à peu la culture de violence et de discrimination au sein d’un peuple dont la règle d’or était la paix et l’unité, un idéal qui était partagé sur toute l’étendue de l’ex-Zaïre.
Mais un réel sentiment de division s’amorcera avec l’avènement de la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie qui scindera la province du Nord-Kivu en deux blocs, en l’occurrence le petit Nord-Kivu qui sera tenu par Azarias Ruberwa et le grand Nord-Kivu qui passera entre les mains de Mbusa Nyamwisi.
En 2002, s’amorce le processus de la réunification du pays qui culmine dans les élections de 2006 où, au Nord-Kivu, une alliance entre le RCD/K-ML (Mbusa Nyamwisi) et PPRD (Joseph Kabila) favorise Julien Paluku à devenir le gouverneur de la province à Goma.
Or, les relations entre Mbusa et Kabila ne tardera pas à se brouiller à cause de l’intransigeance de ce dernier dans une attitude antipatriotique, c’est-à-dire le manque de souci pour le bien-être du peuple congolais au profit de ses propres intérêts. Mbusa Nyamwisi est forcé de prendre le chemin de l’exile; mais Julien Paluku, pour conserver les délices qu’il venait d’attraper au poste de gouverneur de province, préfère divorcer avec son patron pour passer sa main à Joseph Kabila.
C’est dans ce sens que Julien Paluku va gérer le Nord-Kivu au goût et les désirs de Kabila pendant 14 ans. Et comme le souci de Joseph Kabila pendant tout son pouvoir n’était nullement le bien-être du pays et de son peuple, Kahongya entraînera la province du Nord-Kivu dans une des plus catastrophiques de gestions qui soient dont les principales caractéristiques sont le pillage, l’insécurité totale, le clientélisme, le détournement de haut niveau, sans oublier le début des massacres de Beni qui ne cessera de prendre de l’ampleur jusqu’à nos jours.
Une telle gestion a dû attirer sur Julien Pakulu la haine de tous les ressortissants du Nord-Kivu, inclus sa propre communauté de base.
2018: Attente toujours béante d’une ère rédemptrice
En décembre 2018, la République Démocratique du Congo entre dans une nouvelle période électorale. Au Nord-Kivu toute la population croit que l’avènement d’un nouveau gouverneur de province viendra bientôt tourner définitivement la page aux quatorze ans de cauchemar.
Trois poids lourds politiques s’affrontent sur le terrain du gouverneur de province du Nord-Kivu. Il y a d’abord le camp de Joseph Kabila ou de FCC représenté par Carly Kasivita Nzanzu, ensuite le camp de Moïse Katumbi prenant appui sur Muhindo Nzangi et enfin celui du RCD/K-ML dont l’étendard était porté par Eric Kamavu. Le sort fera en sorte que Kasivita gagne. Mbusa Nyamwisi du RCD/K-ML fut le premier à le féliciter et à lui rassurer l’appui de son parti le RCD/K-ML.
Dès sont accession au gouvernorat, Carly Kasivita verra sa carrière à la tête de l’exécutif provincial à priori ternie par deux facteurs dont son appartenance à la même famille politique que son prédécesseur Julien et surtout du fait qu’il hérité une province se trouva totalement par terre. D’où, Carly fut tenu à être chargé innocemment de tous les dégâts de la gestion catastrophique de Julien Paluku, une réalité qui a beaucoup joué négativement sur le crédit à porter à son règne.
Mais très rapidement, Carly fait preuve d’une différence surprenante par rapport à Kahongya en démontrant un sens de responsabilité qui lui ravive subitement la confiance de ses administrés à cause de son sens de proximité et d’écoute, son souci de réconciliation, la pacification et d’unité intercommunautaire ainsi que ses préoccupations pour le redécollage et le développement de la province.
Malheureusement, Julien Kahongya, de par son attachement quasi mystique à Joseph Kabila, ne cessera à torpiller la gestion de Carly, en tentant de lui imposer le schéma du système à dessein machiavélique de président de la République honoraire, Monsieur Kabila. Ce phénomène s’est avéré d’un niveau assez scandaleux et décevant pour la population de Nord-Kivu, lorsqu’il fut constaté que Julien Paluku alla jusqu’à imposer à la tête du cabinet de Carly celui qui son Directeur de cabinet et qui est plongé de plein pied dans le sadisme du système Kabila.
Le grand retour sur scène de Muhindo Nzangi
Pendant que les crocs à jambe de Julien qui rêvait toujours assurer la continuité de la volonté de Kabila à travers Carly donnait l’opportunité d’étaler les failles mêmes de l’actuel gouvernorat, deux grands événements ont flashé la scène politique de manière vigoureuse. Il s’agit avant tout du rebondissement du dossier Minembwe et ensuite de la tempête au sein de l’Assemblée Nationale qui a conduit à la destitution de Jeanine Mabunda de sa présidence.
Ces deux circonstances connurent des actions exceptionnellement héroïques du député national Muhindo Nzangi dont la passion pour la défense de la patrie a retenu l’attention de tous. Ainsi Nzangi devient subitement un opérateur politique pour qui la quasi totalité de la population de l’est du pays dédie son acclamation et souhaite une prompte promotion politique du rang national, tout au moins au titre du Ministre au sein du gouvernement central.
Récupération politique par Moïse Katumbi et le scénario pour destituer Carly Kasivita
L’ascension brusque de Nzangi suscite un nouvel élan de cupidité politique dans son patron, Moïse Katumbi. Ce dernier, sans manifester clairement son ambition ni intéresser ses camarades politiques de grand calibre au Nord-Kivu, trouve l’opportunité de jouer une nouvelle carte pour y implanter son influence politique.
A l’insu de tout le monde, même de Mbusa Nyamwisi qui est le grand leader de la région, Katumbi largue ses acolytes pour influencer la base, en l’occurrence les députés provinciaux proches de son regroupement politique, Ensemble, pour déstabiliser Carly et placer ses propres pions à sa place.
Il envoie clandestinement un émissaire pour motiver ces députés en vue d’initier la motion qui conduirait vers la destitution de Carly Kasivita au poste de gouverneur de province. Pour bien motiver les sympathisants de Mbusa Nyamwisi à prêter main forte à ce coup bas qu’il organise à l’insu de ce dernier, il trompe qu’il est prêt à soutenir le candidat du RDC/K-ML en remplacement de Carly. La preuve du complot de Katumbi et sa famille politique contre Carly est, entre autres, le fait que les initiateurs ou les premiers signataires de ladite motion sont presqu’exclusivement des députés de l’Ensemble en y trouvant leurs noms et appartenance politique comme suit:
1. Emmanuel Muhozi (élu de Rutshuru, du parti PANADI, proche de Katumbi);
2. Promesse Matofali (parti MS/allié de Katumbi);
3. Saidi Balikwisha (élu de Beni, du groupe G7 de Katumbi);
4. Kakule Saa-sita (élu de Lubero/ MS de Katumbi);
5. Kiputsu (MS/ proche de Katumbi);
6. Alexis Bahunga (élu de Masisi, du G7 de Katumbi);
7. Andrien Syasemba (élu de Goma, MS/ proche de Katumbi);
8. Herman Kyavurogha (du parti AAD/MS, proche de Katumbi);
9. Emmanuel Kabuyaya (parti UDCF/ proche de Katumbi);
10. Kitenge (élu de Beni, du parti MS proche de Katumbi);
11. Prince Kihangi (élu de Walikale, du parti COFEDEC);
12. Kalendi (du RCD/K-ML de Mbusa Nyamwisi).
Pour tout dire…
Moïse Katumbi est en train de jouer le jeu en utilisant la popularité de Nzangi pour évincer lui-même le leadership de Mbusa Nyamwisi au Nord-Kivu, tout en mettant la vie de Nzangi a danger en l’exposant au Nord-Kivu comme gouverneur de province, compte tenu de la lutte pour la défense de la patrie qui a fait de lui un véritable héros au regard de tous les congolais et du monde entier, par des interventions qui s’attaquent aux intérêts du Rwanda.
Or, Nzangi a actuellement atteint le niveau qui le porte à mener les affaires politiques de l’échelon national tout au moins du rang de Ministre.
Tout le monde est unanime que Julien Paluku doit être déferlé devant la justice. Mais c’est irresponsable et injuste de faire tomber Carly Nzanzu Kasivita pour payer les crimes de Julien Paluku. Si vraiment les pétitionnaires ont le souci de défendre la province, ils doivent travailler de manière à ramener Julien Paluku Kahongya devant la justice, afin qu’il réponde des faits par lesquels il a entraîné le Nord-Kivu dans le chaos.
Bien plus, en menant un tel sale jeu, Moïse Katumbi tend à semer de confusion dans le domaine politico-social qui est déjà profondément troublé. On ne perdra pas non plus de vue que Katumbi joue ce scénario dans le cadre du plan qu’il avec le Rwanda d’être bientôt le successeur de Félix Tshisekedi à la présidence de la République Démocratique du Congo.
Comprend qui pourra!
Pascal Masumbuko
Goma
©Beni-Lubero Online.





