De toute évidence, l’accord cadre que Kinshasa attend signer avec 8 autres pays de la sous-région soit disant pour mettre fin au conflit congolais est un stratagème pour éloigner la solution du peuple congolais. Or, tant que le peuple congolais ne sera pas partie prenante du processus de paix, il n’y aura pas de paix en RDC. En effet, le peuple congolais voudrait une victoire nette sur les agresseurs responsables de 8 millions de morts congolais. Le cas du Mali avec l’intervention militaire de la France est ce qui se rapproche du souhait de la majorité des congolais. Mais à lire le projet de l’accord-cadre d’Addis Abeba on se rend compte que les pays agresseurs auront un grand rôle à jouer dans la résolution du conflit congolais qu’ils ont cousu eux-mêmes du fil blanc. C’est comme si on demandait à l’Irak de Saddam Hussein de jouer un rôle pivot dans la pacification du Koweït. C’est absurde quand un pays comme les USA est le concepteur de cet accord-cadre qui ferme l’œil aux crimes de Kigali en RDC.
A quoi servira donc le dialogue national dont les consultations vont bon train dans la capitale congolaise ? Selon plusieurs observateurs, le dialogue national sera un lieu de distraction des politiciens congolais pour qu’ils ne se sentent pas écartés de la vie politique du pays. Ce dialogue national sera comme la conférence souveraine de l’époque de Mobutu. Cette conférence souveraine permis à Mobutu de prolonger son mandat de quelques années en jouant à la démocratie sans démocratiser le Zaïre. L’argent et les promesses des postes dans un gouvernement qui n’a jamais eu lieu réussirent à dompter les élans patriotiques des politiciens congolais toutes les tendances confondues. Participer à la conférence souveraine était devenue l’autre nom de la politique congolaise en lieu et place de la démocratisation du zaïre que le peuple zaïrois désirait de tous ses vœux. Le dialogue national que prépare Kinshasa pourra ainsi permettre à la Majorité Présidentielle de continuer à jouer le jeu des multinationales occidentales, cerveau et laboratoire du conflit congolais. Autrement dit, le pillage des ressources naturelles de la RDC par le biais du Rwanda et de l’Ouganda pourrait se poursuivre pendant que les politiciens congolais réunis à Kinshasa ou à Brazzaville exhiberont leurs talents d’orateurs et empocheront des grosses sommes d’argent.
Le conflit qui déchire la RDC depuis 1994 continue de démontrer qu’il est purement et simplement une agression par les multinationales dans le seul but de piller les ressources naturelles du pays. La connotation politique que lui confèrent les rebellions qui se sont succédé en RDC depuis 1994 est visiblement comme un cache-sexe qui, bien que couvrant les parties intimes du corps, laisse nu le ¾ du corps. En dépit de cette vérité connue de tous les congolais avertis, le gout du lucre fait que les politiciens congolais continuent d’accepter de jouer des rôles dans ce qu’on appelle processus de résolution du conflit congolais, un processus auquel ils ne croient pas du tout car ils sont témoins de la fausseté des prémisses de la résolution dudit conflit.
La prise de la ville de Goma en décembre dernier et le campement des rebelles autour de la ville de Goma jettent un discrédit sur les institutions internationales qui se targuent d’appuyer le processus de paix en RDC. Pendant l’occupation de la ville de Goma, le Président Joseph Kabila dans son discours à la nation n’avait trouvé mieux que de décréter un recrutement des jeunes dans l’armée nationale. Pourtant l’armée congolaise compte déjà 150 000 éléments. Pourquoi ne pas mobiliser cette immense armée? Et si l’armée congolaise n’est pas assez forte, pourquoi ne pas faire appel à un pays ami ou carrément armé le peuple congolais qui n’a que faire des armées pillardes ? Quand un bandit parvient à occuper une chambre de votre maison, allez-vous envoyer votre fils ainé au service militaire pour chasser le bandit ou faire appel aux voisins pour vous aider dans l’immédiat à mettre le bandit hors d’état de nuire ? La formation militaire des jeunes pendant que la ville de Goma est occupée ou encerclée participe à la même logique du dialogue national et de l’accord-cadre d’Addis-Abeba. Eloigner la résolution du conflit congolais le plus loin possible pour permettre la poursuite du pillage des ressources naturelles de la RDC.
Le fait que depuis la mort de Mzee LDK la RDC militairement agressée, une agression dont le bilan est de 8 000 000 des morts n’ait pas jusqu’à présent recouru à son armée, à son peuple, ou à un pays ami pour l’aider à mettre militairement fin aux velléités des agresseurs et des fausses rebellions, est le signe parlant de la complicité du gouvernement congolais avec les agresseurs pour faire durer le conflit qui qui est plus lucratif que la paix que désire le peuple congolais.
Les forces vives de la RDC devraient inventer une autre voie pour la résolution du conflit congolais. La médiation internationale a déjà révélé qu’elle fait partie du problème.
Kakule Muliwavyo
Butembo
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