





Les analystes congolais avaient donc raison. Le serveur de la CENI, le fichier électoral, les listes électorales, les urnes électorales, etc., seraient, selon plusieurs sources, entachés d’irrégularités pour faciliter une fraude massive aux prochaines élections en faveur du Président sortant Joseph Kabila Kabange. Plusieurs circonscriptions électorales auraient un nombre d’électeurs cinq fois supérieur au nombre des congolais en âge de voter vivant dans la circonscription. Pour ne citer que deux exemples à titre d’illustration, le fichier électoral de Manguredjipa en Territoire de Lubero et celui d’Eringeti en Territoire de Beni, dans la Province du Nord-Kivu contiendraient plus d’électeurs que d’habitants de chacun de ces deux coins.
Comment cela a-t-il été possible ?
Selon les mêmes sources, la corruption à coups des millions de dollars aurait comme toujours réussi à fermer l’œil de ceux qui devraient assurer la transparence et la crédibilité des élections, qu’ils soient de l’opposition comme de la Majorité au Pouvoir. On ne dit pas si les auditeurs du fichier électoral délégués dernièrement par l’opposition ont oui ou non rejoint le club des corrompus et des corrupteurs. Une sagesse universelle ne dit-elle pas que ventre affamé n’a point d’oreille ? Pour le cas de la RDC, on peut dire que ventre affamé ou ventre glouton n’a point de morale encore moins de conviction politique. Le ventre explique ainsi le vagabondage politique qui ne semble gêner personne mais qui donne comme message qu’il ne faut pas croire aux vagabonds car ils changent d’avis comme des caméléons selon leur entourage.
La pauvreté qui figure rarement sur nos listes des lamentations se révèle ainsi le problème numéro un à résoudre si nous voulons redresser notre pays. La pauvreté rend mauvais des congolais qui sont pourtant nés bons. Plusieurs bons élus qui vont à Kinshasa avec l’intention de changer le monde, succombent quelques jours après devant l’argent et oublient toute morale et ce pourquoi ils étaient élus. Ceux qui s’abstiennent de cette perversion morale sont souvent combattus jusqu’à ce qu’ils intègrent le système. Les laïcs comme les prêtres et les pasteurs, etc. tous succombent devant l’argent et le pouvoir jusqu’à oublier le peuple congolais victime de tous les gouvernements qui se sont succédé à Kinshasa et dans les Provinces.
Qu’est-ce que l’opposition politique congolaise peut faire ?
Allez aux élections sans révision du fichier électoral, circonscription par circonscription, serait l’équivalent d’un suicide politique collectif de la vraie opposition (les sources révèlent en effet que plusieurs opposants sont des taupes du régime sortant) qui consacrerait la réélection frauduleuse de Joseph Kabila.
L’acceptation tardive du découplage de la présidentielle avec les législatives par l’opposant radical ETwM est certainement consécutive à cette découverte tardive de la vaste fraude en cours, une fraude qui tend à se légitimer par une mascarade de campagne électorale. Le refus de la CENI de permettre l’audit du fichier électoral et d’afficher les listes électorales circonscription par circonscription vient confirmer les suspicions des analystes. Le fichier électoral est le pot aux roses de la fraude massive en cours. Il ne faut pas que l’opposition lâche de vue ce pot aux roses. Un trésor est caché dédans!
Heureusement que l’opposant radical ETwM l’avait pressenti bien avant et pour ce, il n’a pas encore signé le code de bonne conduite jusqu’à ce qu’on lui accorde l’audit du serveur et du fichier électoral.
A l’annonce de la fraude, plusieurs analystes appellent l’opposition politique congolaise à conditionner sa participation aux élections à l’audit du fichier électoral, circonscription par circonscription. Vaut mieux ne pas aller aux élections que d’y aller pour accompagner quelqu’un dont les résultats sont fins prêts depuis six mois, selon nos sources.
La fondation CARTER proposait il y a déjà quelque temps une nouvelle transition parce que selon ses experts toutes les conditions n’étaient pas réunies pour organiser des élections crédibles, transparentes et apaisées en RDC.
A trois jours du début de la campagne électorale, une quarantaine d’ONG nationales et internationales ainsi que des organisations de la société civile congolaise ont apporté de l’eau au moulin de la Fondation CARTER pour dire que les conditions n’étaient pas réunies pour organiser des élections apaisées en RDC, notamment à l’Est du pays où la présence des militaires rwandais et l’afflux des rwandais et ougandais préfigurent une violence électorale.
Même les jeunes du Kyaghanda Butembo ont dans leur dernier memo au Président Joseph Kabila demandé que les militaires étrangers et les populations civiles étrangères très visibles dans leur province y soient retirés pour que les prochaines élections ne soient pas aléatoires.
Les analystes de la situation qui prévaut en RDC ont, depuis plus d’un an, fustigé l’insécurité généralisée dans plusieurs provinces du pays et qui risquait d’empiéter sur le bon déroulement des élections. Certaines provinces sont sous la coupe d’une armée mono-ethnique qui refuse d’être déployée ailleurs au pays et dont la mission se révèle être la facilitation de l’immigration clandestine dans les provinces sous leur contrôle.
La période de la révision du fichier électoral a été marquée par une violence dans les centres d’enrôlement. En dépit de la dénonciation de cette situation, le processus a poursuivi son bonhomme de chemin comme si rien n’était.
Ensuite, les rumeurs des urnes bourrées d’avance, des cartes d’électeurs ravies par les militaires ou rachetées moyennant 20$ par des marchands d’elections n’ont jamais vraiment retenu l’attention du gouvernement ni celle de l’opposition politique, à l’exception de l’aile Tshisekedi qui a organisé des marches chaque jeudi en dépit de tous les risques possibles pour exiger l’audit du serveur et du fichier électoral.
La révélation de la fraude électorale vient ainsi confirmer toutes les suspicions susmentionnées des analystes.
Les vrais opposants devraient exiger l’arrêt du processus électoral en cours pour se donner le temps, les moyens, les personnes crédibles, pour sa révision et sa relance. Ils ne devraient pas craindre le juridisme du vide du pouvoir car il ya déjà un vide du pouvoir depuis longtemps.
Les vrais opposants ne devraient pas non plus chercher à initier une nouvelle transition politique car comme à l’époque de Mobutu, certains politiciens ayant trouvé leurs comptes dans la CNS étaient devenus des « transitionnaires à vie » n’eut été la rébellion de Mzee LDK qui était venue couper l’arbre dans lequel ils s’étaient perchés confortablement, oubliant la misère du peuple qu’ils prétendaient pourtant représenter au CNS. Mobutu avait réussi à prolonger son régime moribond de 7 ans parce qu’il avait su assouvir la soif des transitionnaires à vie.
Les vrais opposants congolais de 2011 devraient ouvrir un front démocratique uni contre la fraude électorale jusqu’à ce que le processus électoral soit jugé transparent non seulememt par des pauvres qui peuvent succomber aux espèces sonnantes et trébuchantes mais aussi par des experts internationaux indépendants, des combattants congolais qui depuis 2006 sont dans les rues du monde pour dire au revoir au régime dictatorial de Kinshasa.
Les vrais opposants congolais de 2011 devraient rejoindre Tshisekedi dans les rues de toutes les villes de la RDC, non seulement à Kinshasa, pour exiger la reprise du processus électoral sur des nouvelles bases sous peine de boycott.
Parmi les conditions de la relance du processus électoral, nous proposons les dix suivantes, dans l’ordre :
- La pacification de tous les coins de la république et le renvoi des troupes rwandaises et ougandaises dans leurs pays respectifs.
- La mutation des troupes militaires issues du CNDP du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema, Province Orientale et leur intégration dans l’armée et la police d’autres provinces de la RDC.
- Le contrôle des frontières de la RDC par une armée apolitique, loyaliste et crédible.
- Le recensement scientifique de la population congolaise et l’octroi d’une carte d’identité congolaise à tout congolais ainsi identifié.
- La constitution d’un fichier électoral permanent, revu au fur et en mesure de l’arrivée des nouveaux votants.
- L’érection des circonscriptions électorales permanentes selon le nombre des électeurs.
- La constitution d’une Commission Electorale Nationale vraiment indépendante et dont les membres ne viendraient pas des partis politiques de la majorité comme de l’opposition.
- La constitution d’une police militaire et Juridique neutre pour assurer et contrôler l’indépendance de la CENI. Cette police veillerait à ce que les membres de la CENI n’aillent pas rencontrer discrètement les chefs d’Etat et gouvernement étrangers, qu’ils ne rencontrent pas non plus le chef d’Etat ainsi que les opposants congolais en dehors des entrevues publiques, etc. durant l’exercice de leurs fonctions. Aussi, les avoirs de chaque membre devraient être connus avant, pendant, et après l’exercice du mandat, etc.
- La constitution d’un calendrier électoral permanent
10. L’approvisionnement annuel du budget des élections pour que la RDC ne puisse pas mendier des fonds pour accomplir un geste de souveraineté que sont les élections.
L’heure est grave. Les vrais opposants congolais de 2011 devraient expliquer au peuple congolais le bien fondé de cette démarche salutaire pour le pays. En cas de refus de la part du régime fraudeur, les vrais opposants congolais de 2011 ainsi que le peuple congolais, les combattants d’Europe et d’Amérique du Nord, de l’Asie, de l’Afrique, d’Océanie et d’Amérique Latine, devraient inventer d’autres actions plus contraignantes. L’erreur que le peuple congolais a toujours commise, est celle de déléguer son pouvoir à des faux opposants qui le jour sont contre Joseph Kabila et la nuit avec Joseph Kabila. Le temps est peut-être venu pour qu’un combattant de Londres, de Paris, de Bruxelles, de Berlin, de Lausanne, de New York, de Washington, de Montréal, d’Ottawa, Kinshasa, de Mbuji-Mayi-Kananga, de Matadi-Boma, etc. entre dans la course au pouvoir avec le soutien et le contrôle de son mouvement pour limiter les risques de la récupération facile des faux opposants et des affamés.
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