





Nostalgie ou ambition? L’Adresse de Joseph Kabila à la nation ce mercredi 5 avril 2017: un discours à la mobutienne.
A la manière de Mobutu, le président Kabila a mobilisé tout le Congo qu’il s’adresserait à la Nation. Ses partisans sont venus très nombreux pour surchauffer et animer le palais du peuple au style d’animation à la « MOPAP ». Les séquences du discours étaient entrecoupées par des applaudissements avec une illusion déifiante.
Ce discours a essentiellement tourné autour de la précarité sécuritaire, la morosité économique et l’incertitude politique. Monsieur Joseph Kabila fait semblant d’ignorer la cause de tous ces problèmes qui n’est autre que lui-même, sa personne et ses ambitions mal orientées contre l’intérêt de la Nation.
1. Le président de la république a indiqué que l’attention est tourné vers le Kasaï Central et qu’il s’observe une nette évolution dans la partie Est depuis le dernier trimestre, tout en reconnaissant que la paix et la tranquillité sont encore à poursuivre pour une paix durable.
Que dire des attaques répétitives à Kasuo, Vuyinga, Vukunu, Kamandi-Lac, Kiserera en territoire de Lubero; Rwahwa, Musenge, Kahamba, le triangle dit de la mort en territoire de Beni, … L’activisme des phénomènes ADF et FDLR, des maï-maï Mazembe, Nyatura, NDC et autres dans le Rutshuru, Lubero et Beni?…
Il ne dit absolument rien sur le phénomène du retour de M23 en tant que nouvelle rébellion. On comprend dès lors que personne ne saurait placer son doigt dans son propre œil. Le chef de l’Etat choisit donc délibérément de banaliser cette insécurité et ces violences à multiples faces à l’Est du pays, pour laisser inaperçu son propre plan machiavélique dans cette région.
2. Au sujet de l’économie, le chef de l’État a, pour la première fois, reconnu que (pendant plus de 15 ans à la tête de l’État) l’économie n’a pas été maîtrisée ; elle est tournée vers le secteur tertiaire de l’importation et de l’exportation. Cette fois (pour les quelques temps qui lui a été ajouté) il va changer le système, promouvoir le secteur privé producteur agro-industriel pour produire ce que nous consommons, lutter contre la fraude,…
Mais, ici, Monsieur le président oublie ou fait semblant d’oublier que les congolais ont fini de se fatiguer à longueur de manifester leur patience envers un homme malhonnête et insensible à leur souffrance. Quel miracle prétendrait-il opérer pour réaliser dans moins d’une année ce qu’il n’a pu faire pendant 15 ans.
Néanmoins, l’entendement de Monsieur le président va ici au-delà de l’ordinaire: il dit indirectement qu’il est prêt pour un nouveau mandat, malgré le rejet dont il fait objet de la part du peuple. N’est-ce pas là un nouveau défi lancé ouvertement?
3. Quant à la jeunesse, le garant de la nation a de nouveau promis l’emploi, la résorption du chômage, l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires de l’État et l’augmentation de la masse salariale…
Eeeeh!!! Qui pourra expliquer à Monsieur Joseph Kabila, dans un langage qu’il comprend, que le peuple congolais en a assez avec sa fourberie, ses prétention et ses mensonges? Combien de fois lui faudra-t-il mentir encore publiquement sans se rendre compte qu’il en finit par se ridiculiser??? La démagogie est un art en politique. Mais les vrais hommes politiques, même dans leurs mensonges, savent ménager le minimum de moyen (actions, réalisations) pouvant permettre aux oreilles de rester disponibles à prêter attention à leur discours. Mais quand sa présence s’est confirmée inutile, pourquoi prétendre à quelque chose dont on ne sera jamais capable?
4. Le président Kabila est revenu également sur les différents dialogues politiques, depuis les concertations de 2012 au dialogue du centre inter-diocésain, en passant par celui de la cité de l’OUA.
A notre ample avis ces forums ont tous constitué un rendez-vous bien manqué car n’ayant abouti ni au consensus, ni au compromis, moins encore à une entente. Il n’est besoin de passer par mille contour pour pointer du doigt la responsabilité principal du chef de l’Etat lui-même dans tous les obstacles et blocages qui ont empêché constamment une issue à tous ces efforts qui visaient redonner l’espoir d’un lendemain heureux au peuple congolais. Après avoir entraîné volontairement le pays dans un chaos constitutionnel, il lutte acharnement pour le maintenir dans ce état pour continuer à régner par défi.
Il a entretenu le problème du non usage public de la raison conformément à l’éthique de la discussion (Lire Jürgen Habermas, John Rawls et les autres théoriciens de la démocratie délibérative)
5. Au sujet des élections, le chef de l’État est resté évasif en confirmant la tenue des élections dont il ne connaît ni calendrier, ni source de financement… Il n’a pas intérêt à rappeler que les élections auront lieu car il s’agit en principe d’un droit non négociable…
Vraiment ce genre de propos constitue une moquerie pure et simple, un sabotage à l’endroit d’un peuple qu’il pense incapable de toute réaction, car anéanti par la faim, les guerres, les massacres, les violences et insécurité de tout genre.
6. En outre, en disant que les élections seront en 100% financées par la RDC c’était une autre façon de dire qu’il faut encore attendre le plus longtemps possible car il venait de dire au début de son discours que l’économie du Congo était morose. Et que pour la rétablir, il faut une grande réforme… Pour quelle durée mon Seigneur! Voilà toute confirmation à la moquerie adressée à la Nation et à la communauté internationale qui font pression au sujet desdites élections endéans décembre 2017.
7. S’agissant de la nomination du Premier Ministre, le président insiste sur l’impératif de 48 heures alors qu’il reconnaît qu’il existe encore des querelles intestines au sein du Rassemblement, querelles qui ne profitent en rien à la population…
Il est revenu sur l’équation de la liste que la CENCO n’a pas su résoudre pendant 3 mois…
Sur base des investigations fouillées, les publications de BLO n’ont cessé de démontrer que l’objectif de Joseph Kabila, à travers le pseudo-dialogue politique, consistait d’une part à distraire les opinions pour se donner davantage du temps au pouvoir et, d’autre part, à humilier la CENCO devant les opinions, vu que l’Eglise est l’endroit où la société civile congolaise trouve son plus grand soutien.
Par ailleurs, en rapport avec la présidence de la CNSA, il demande au parlement de voter une loi l’instituant. Or, toute loi doit avoir pour soubassement juridique la Constitution. Que sera la nature de cette loi qui n’a aucun soubassement dans la constitution ? N’est-ce pas une autre façon de dire que ce n’est pas pour maintenant, moins encore pour bientôt?
Bref, quelle aspiration du peuple à travers ce discours ? Ne peut-on pas plutôt penser qu’il s’agit là d’un discours de maintien sans limite au pouvoir du régime en place? Il ne s’en dégage qu’une maladresse qui ne parvient pas à camoufler toute la malice d’un pouvoir dont le sadisme ne se donne aucune peine à se voiler devant les opinions.
Jean-Luc Br.
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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