





La journée du 30 Juin 2009 au Nord-Kivu dit tout du paradoxe congolais du moment. Dans tous les coins de la Province, les événements du 30 juin 2009 démontrent une fois de plus que le pays n’est pas indépendant, mais qu’il est toujours une colonie qui ne dit pas son nom et où les gens ne sont pas libres d’exprimer ce qu’ils ressentent au fond d’eux-mêmes par peur de la sanction. La chicotte du colon belge a tout simplement changé de nom ou de main, mais elle existe toujours ! C’est ainsi que les congolais sont obligés de fêter l’indépendance, de défiler, etc. pendant qu’une une occupation rwandaise et ougandaise se met en place du jour au lendemain contre le gré de toute la nation congolaise.
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Ainsi, les congolais ou collabos qui occupent des postes de souveraineté sont obligés sous peine de limogeage de dire que la paix est revenue sur toute l’étendue de la Province du Nord-Kivu pendant que dans leurs propres villages, cités, et villes d’origine, ce sont les assassinats et les incendies des maison au quotidien.
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Pendant que certaines radios parlaient des foules en liesse qui fêtaient l’indépendance dans plusieurs coins du pays, les congolais de Beni-Lubero enterraient leurs bien aimés fauchés par des militaires, d’autres luttent entre la vie et la mort après avoir survécu à des attaques perpétrées par des militaires le jour de l’indépendance.
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En ville de Beni, au soir de la journée du 30 juin, Mlle Masika Vunginga Deborah, étudiante de son état, a été attaquée en son domicile de Malepe, le long du cours d’eau Kibakanga. Après lui avoir dépouillé de tout son avoir en argent et en bijoux, les assaillants en uniforme l’ont passé en tabac, lui fracturant les deux bras et le pied gauche. Mlle Masika Deborah a fini son 30 juin dans une clinique de la ville Beni où elle suit des soins appropriés. Pendant que les malfrats forçaient la porte, Mlle Masika Deborah avait fait appel au numéro de la Securité Ville de Beni (0998 298 489), mais personne n’avait décroché le téléphone. Par conséquent aucun secours n’est jamais arrivé. Comme toujours, les malfrats ont opéré sans peur, sachant qu’ils sont à la fois, agents de securité et bandits.
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Au Sud du Territoire Lubero, plus précisément à Kaseghe, une attaque au matin du 30 juin, a fait plusieurs morts dont le bilan exact n’est pas encore établi par des sources independantes. Les congolais ont appris à se méfier des messages diffusés par certaines radios à la solde des ennemis. Il a en effet été constaté que, faute des medias indépendants sur le terrain du génocide congolais, certaines radios diffusent des informations qui confortent les agendas de leur camp. Ainsi, par exemple, l’identité et le nombre des assaillants constitue un autre terrain de conflit au Nord-Kivu. Pour ne citer que l’exemple de Kaseghe, les sources proches des militaires congolais d’origine qui se trouvent sur terrain disent que l’attaque du mardi 30 juin était entre les Fardc d’origine et les anciens éléments du CNDP de Nkunda qui voudraient s’accaparer de tous les postes de commandement des opérations sur terrain. Selon ces derniers les victimes sont des Fardc et Fardc issus du CNDP ! Le mariage bâclé entre Fardc et CNDP, car conclu sans amour réciproque et dans la précipitation, est l’une des causes des attaques contre les camps militaires au Sud de Lubero. Il y a donc une guerre interne au sein des Fardc, à part celle que toutes les factions des Fardc livrent aux paisibles populations. Plusieurs camps militaires ont déjà été incendiés et réduits en poussière. Après l’incendie du camp Militaire de Kitsumbiro la semaine passée, c’était le tour du camp militaire de Kaseghe au matin du 30 juin. Selon certaines radios, ces attaques sont l’œuvre des FDLR. Pour d’autres, ce sont les combattants FPC de Kakule Lafontaine qui auraient attaqué les Fardc. Et le flou continue comme d’habitude. Les médias congolais dits privés ou officiels n’ont pas des correspondants sur terrain pour informer les congolais.
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A Butembo, l’ambiance était morose ! Après un culte d’action de grâce à la paroisse protestante C.B.CA KIMEMI en Commune Bulengera, un défilé a commencé au Rond Point OFIDA avec comme point de chute, le stade de l’école primaire TSAKATSAKA de Butembo Cité où plusieurs discours de circonstance ont été prononcé en langage de bois, reprenant des formules passe-partout sans faire référence aux assassinats, incendies des maisons, vols et viols, qui sont le lot quotidien des congolais de la Province.
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Dans les rangs du défilé, la morosité était très visible. L’ambiance n’était pas du tout celle des grands défilés qu’aiment organiser les bubolais. En effet, les forces vives telles que les étudiants, les mouvements associatifs, les églises, n’étaient pas au rendez-vous ! Il n’y avait pas non plus un grand monde le long du parcours pour applaudir, à part les badauds et Jua Kali patentés qui ne manquent jamais dans les rues de la ville. Dans les rangs du défilé, on a vu les agents des services de l’Etat et des entreprises privées. Interrogés, ces derniers ont dit qu’ils étaient obligés par leurs chefs de défiler sous peine de sanction ! Quelle indépendance ! On se croirait toujours à l’époque de la chicotte belge ou celle des esclavagistes Rumaliza, TIPPO TIPO !
A Goma, le Président de la République, Son Excellence Joseph Kabila, a présidé aux festivités de l’indépendance. Il a profité de l’occasion pour inaugurer la Foire Agricole de Goma pour la Paix, FAGOP en sigle, qui se tient à KITUKU, à 8 km à l’ouest de la ville de Goma. Dans son unique message lors de son passage a Goma, Le président Joseph Kabila a fustigé la magistrature congolaise. Celle-ci, selon le chef de l’Etat, se caractérise par la corruption, la concussion et même des infractions de droit commun. Une situation à laquelle il entend, d’ici peu, en tant que garant du bon fonctionnement des institutions, mettre fin.
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Le silence du Président Joseph Kabila sur les massacres des populations, les incendies des maisons par des militaires était le signe que rien encore changé dans sa politique vis-à-vis du Nord-Kivu. En entendant le Président fustiger les cours et les tribunaux qui, il faut le reconnaitre, sont à la base des conflits fonciers meurtriers au Nord-Kivu, on pouvait penser que seuls les magistrats sèment l’insécurité dans la Province. Qui pointera du doigt les militaires qui massacrent les congolais au quotidien?
A la question de savoir pourquoi le Président n’a fustigé que les cours et les tribunaux, plusieurs observateurs pensent que Joseph Kabila est toujours sous pression des rwandais qui veulent non seulement entrer dans son prochain gouvernement mais y entrer pour occuper tous les postes stratégiques. Le prochain secteur visé par les rwandais pour boucler leur boucle semble être ainsi la magistrature congolaise. Après l’armée, la Police, les services de securité, les entreprises étatiques, la diplomatie, le parlement, le gouvernement, il ne reste que la magistrature à conquérir. La faute des magistrats est bien sûr facile à trouver: la corruption.
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Réagissant aux propos du Président Joseph Kabila, certains magistrats et juges disent qu’ils n’agissent pas seuls mais en connivence avec les hommes au pouvoir ! Ainsi, les magistrats congolais comme l’affairiste mulopwe Muzito se trouvent aujourd’hui dans les mêmes draps ! Faudra-t-il qu’ils dénoncent les hommes au pouvoir avec qui ils ont monnayé les jugements de justice ou endosser seuls la faute et la sanction ?

Un stand de la Foire Agricole de Goma
Un autre fait qui frappe les congolais du Nord-Kivu c’est que non seulement le Président Joseph Kabila ne parle pas de leurs souffrances mais surtout affecte les moyens de ses 5 chantiers ailleurs que sur les populations de la Province. En effet, la Population congolaise du Nord-Kivu ne semble pas faire partie de 5 chantiers de Joseph Kabila. Ainsi, les gros moyens auraient été affectés à la construction de la FAGOP et à la réhabilitation des rues et avenues de Goma comme on peut le voir sur les images ci-dessous !
Un quartier de Goma en pleine réhabilitation
Mais aucun sou n’est affecté au retour dans leurs villages de 2 Millions de déplacés et sans abris qui croupissent dans les brousses et forêts du Nord-Kivu depuis deux ans ! La priorité de Joseph Kabila ne semble pas être le Peuple Congolais du Nord-Kivu. De là à conclure que la Province du Nord-Kivu a déjà été vendue aux rwandais qui prépareraient dans les pays voisins leur entrée triomphale dans les quartiers en pleine réhabilitation au Nord-Kivu, il n’y a qu’un pas ! Ce qui se profile à l’horizon du congolais du Nord-Kivu c’est non seulement la fin de l’indépendance nominale reçue de belges en 1960, mais aussi le début d’un nouvel esclavage ! Pour habiller ce nouvel esclavage de légalité, Joseph Kabila aurait besoin des nouveaux magistrats !
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Cet article a connu la contribution de Umbo Salama (Kaseghe), Tembos Yotama (Butembo), Junior Soheranda (Beni), et de Mwendapole Maene (Goma).
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