





Chers Frères,
Chères Soeurs du Nord Kivu !
Je vous salue tous au nom de Jésus, Prince de la Paix !
Chers frères et soeurs !
Voici plus de 24 ans que des torrents de larmes et de sang innoncent coulent sur nos montagnes paradisiaques qui, entre temps, ont perdu leur nom de Grenier du Congo pour battre des records macabres : conflits, massacres, morts, orphelins, veuves, déplacés de guerre… s’y succèdent à un rythme angoissant et cette terre de nos ancêtres se voit, aujourd’hui, encore hantée des menaces croissantes.
Ceci est dramatique : nos enfants nés en 1993 et qui ont obtenu leurs diplômes de licence l’an passé, n’ont jamais vécu une seule année entière où la paix règne sur toutes l’étendue de leur province natale !
Et comme si cela ne suffisait pas, cette contrée est tellement secouée par les souffrances que les morts qui s’y passent sont souvent traitées dans les médias comme des faits divers.
Pourtant, un paysan de Kasugho a la même valeur que le parisien devant Dieu, tandis que le berger de Mushake a les mêmes droits que le kinois de la Gombe.
A vrai dire, le drame que vit le Nord Kivu n’a pas son pareil au monde !
Certes, nous ne sommes pas seuls dans nos peines:
De partout au Congo et du monde entier, des hommes et des femmes ont accouru pour nous porter secours, certains ont même perdu la vie pour défendre ces terres autant bénies par Dieu que hantées par Lucifer: les généraux Bauma, Mamadou, le major Sango Te… des milliers de vaillants FARDC y sont tombés au champ d’honneur; mais aussi des casques bleus Tanzaniens, Sud-africains, Malawites…qui ont donné leur sang pour notre belle Patrie.
Parmi les civils, nous avons aussi perdu plusieurs cadres : de Enoch Nyamwisi au père Vincent, en passant par Leonard Kanyamuhanga, plusieurs prêtres, des évêques assassinés ou empoisonnés, des milliers de cadres Kidnappés dont les derniers cas sont ceux des Abbés Akilimali et Tshipassa, des leaders neutralisés de plusieurs manière : nous continuons à payer un lourd tribut, mais à qui ?
Nul ne le sait, tout ce qui est évident, ces derniers temps, ce sont les groupes armés nationaux et les réseaux maffieux qui poussent chez nous comme des champignons.
Entre temps, O scandale!, les larmes et le sang des nôtres ont, reconnaissons-le sans hypocrisie, fait également le bonheur et la fortune de plusieurs étrangers, de nombreux congolais et même, comble de la honte, de certains nord-kivutiens: ce vaste réseau, que je qualifie ouvertement de charognards, reste notre pire ennemi !
Chers freres et soeurs,
Tout cela, vous le savez : je ne vous apprends rien.
Ce que je nous demande aujourd’hui, c’est qu’il est temps que cela cesse !
Oui: ça doit cesser !
Oui: unissons-nous comme un seul homme, et agissons ensemble pour mettre fin à cette spirale macabre !
En effet, même si certains de nos bourreaux viennent d’ailleurs, nous devons reconnaître que ce sont nos divisions qui leurs facilitent la tâche!
Je serai encore plud clair : C’est en nous divisant sur des bases ethniques, politiques et économiques que les forces du mal sont parvenues à transformer notre magnifique paradis en un vaste champs de mort, pendant que des tireurs de ficelles roulent carrosse, couvrent leurs épouses de bijoux et multiplient des somptueux palaces !
Nous devons cesser d’être les dindons de cette farce !
Oui : du fond de mon coeur, je remercie ici sincerement les congolais venus d’autres contrées et les étrangers qui nous ont sincèrement aidés dans ces deux terribles décennies, mais je considère,en même temps, que ce combat est d’abord le nôtre, fils et filles du Nord Kivu.
En effet, sans notre contribution, tous les efforts de pacification venant de l’extérieur seront vains.
Aujourd’hui, nous devons mettre de côté les partis politiques, les ethnies et les intérêts égoïstes, car le pouvoir et la richesse sans la paix dans nos villages est une aberration.
Unissons nous donc d’abord pour remettre la paix chez nous !
De cette manière, il nous sera facile de démanteler très rapidement les réseaux criminels et notre prospérité sera à la fois assurée et bénie !
Ensemble, rien ne peut nous vaincre :
l’identification des ennemis ne pourra pas nous échapper si nous sommes vraiment unis.
En effet, ceux qui rasent nos terres ne tombent pas du ciel:
Pouvez-vous me dire qu’il n’y a personne qui peut parler aux mai-mai, aux Nyatura, au NDC ou à l’APCLS ?
Non !
Tous sont des hommes et des femmes qui vivent sur la terre, sur nos terres.
Ils doivent manger, boire, se vêtir, se soigner, dormir, et même draguer !
Dites-moi que personne ne leur fourni des armes, ni des uniformes, ni des munitions, ni des vivres et non vivres et je répondrai alors par un grand NON, car la manne n’est tombée qu’une seule fois sur la terre.
Les objets qu’ils pillent, l’argent qu’ils ravissent doit finalement aller quelque part.
Un boutiquier, un paysan, un menuisier et même un simple porteur peut facilement identifier et infiltrer l’ennemi.
En plus, ils ne peuvent pas non plus manquer des frères, des mères, des amis et surtout des copines.
De tous ces gens là, personne ne peut être totalement inaccessible.
Pouvons-nous croire que nul n’a jamais vu le Chef des NDC / Guidon ?
Personne ne connait Mazembe, La Fontaine, Janvier Karahiri ou encore Charles Kakule dit » Shetani » ?
Personne vraiment parmi tous les notables, les pasteurs, les élus, les commerçants, les trafiquants, les transporteurs et même les filles du Nord Kivu ne connait aucun de ces gens, ni leurs familles?
Je n’y crois pas : ils ont certainement des frères, les Nyatura.
Mais alors pourquoi ce mystère artificiel ?
Pourquoi ne pouvons nous pas ensemble, dès aujourd’hui, chercher à comprendre qui fait quoi chez nous et pourquoi ?
Voici ma proposition: nous devons tous, à partir de ce jour, les identifier et leur poser des questions, car ils ne vivent pas au ciel : ils sont avec nous, sur nos terres.
Si nous ne les connaissons pas, nous pouvons facilement identifier leurs familles, leurs collègues, et pourquoi pas leurs copines même si c’est pour la bonne cause ?
La prostituée Rahab n’a-t-elle pas aidé les israélites à infiltrer Jéricho et ne figure-t-elle pas parmi les ascendants de Notre Seigneur Jésus ?
J’en suis persuadé : Rien, mais alors rien ne peut nous échapper si nous le cherchons vraiment ensemble et honnêtement.
Ensemble, cherchons les vraies réponses aux questions telles que les suivantes :
Que fait Guidon à Kasugho et d’où vient sa brusque puissance ?
Nous devons le savoir.
Au besoin il doit nous dire ce qu’il veut.
Que cherchent les Nyatura et les autres ?
Nous devons le savoir et trouver des voies pour y parvenir; cela n’est pas au dessus de nos capacités à condition que nous soyons unis, sincères et organisés.
Chers frères : ce sont les partis, les tribus et l’argent qui nous distraient.
Nous y cherchons des avantages et l’ennemi décime les nôtres pendant ce temps !
Et puis qu’est-ce qu’on va gagner dans ces postes pour lesquels les gens s’entre-déchirent ?
L’argent?
Les villas ?
Les voitures ?
Tout cela n’est que vanité : devant Dieu, tous les hommes se valent, tous nous ne sommes en effet que des mortels, des pitoyables mortels dont aucun ne peut faire un siècle de succès !
Pire : personne ne sera enterré avec un immeuble, une voiture, une vache et même une femme parmi nous tous !
Nos luttes, nos querelles et nos petites rivalités sont donc vaines, si pas mesquines !
Quant aux tribus, personne n’a choisi la sienne, aucune ne vaut plus que l’autre et au Nord Kivu, aucune n’a été épargnée: toutes ont beaucoup souffert dans nos terribles divisions.
Pourtant, dans l’unité, il y a plein des choses faisables, dont les fruits succullents seront la paix et la tranquillité dont jouiront nos progénitures.
Quelques exemples :
Si Mbusa Nyamwisi, Serufuli, Tshipassa, Nzekuye, Kalinda, Munubo, maman Minembwe et Nzangi disent à la fois la même chose partout et exigent ensemble la même chose à Kabila, à Kagame, à Museveni et à Félix Tshisekedi, comme exigence des habitants du Nord-Kivu, croyez-vous qu’ils n’auront pas gain de cause ?
Si ensemble, dans la sincérité, ils tiennent le même langage en privé comme en public à Rutshuru, à Béni, et à Walikale, d’où viendra le problème ?
Voyez- vous :
C’est la division autour des leaderships, des tribus, des postes et autres choses passagères qui nous affaiblissent en tant que notabilité du Nord Kivu et accroit les souffrances des nôtres !
Nous devons mettre de côtés ces petits drapeaux onéreux et réfléchir…
Qui gagne à garder ses contacts et ses informations pour lui tout seul dans ces jeux quand nos frères et nos soldats meurent en masse ?
Personne a mon avis !
Et pourquoi Julien Paluku, en lieu et place de conférences de presse faramineuses, ne peut-il pas faire contacter son ancien « petit ya confiance » de l’époque du M23, Charles Kakule dit Shetani, son frère Mazembe, et ses ancien camarade du KML Kakolele et la Fontaine ?
Pourquoi ne peut-il plus parler à son ancien chef Mbusa et son vieux Tshipassa pour que chacun de ces notabilités lui disent comment sauver chez nous?
Pourquoi toujours préférer le vedettariat douteux de la télévision et presque plus les concertations entre les grands Batunga des Nande, par exemple?
Pourquoi Senginga, Sekimonyo, Nzekuye, Kamanzi, Kanyoni et Serufuli ne peuvent-ils pas se joindre à eux avec le leader des Nyatura pendant que maman Minembwe ou le général Padiri ferait tout pour faire parler Cheka, pendant que le Vice Gouverneur Feller ou Gilbert Kalinda en ferait de même avec Janvier Karahiri ?
A supposer que ces personnalités soient appuyées dans ce sens par les évêques Sikuli et Kaboy, par la société civile, les pasteurs, les enseignants, la FEC, les collectifs des femmes, les médias, les syndicats, les jeunes et qu’après des échanges discrets et sincères, ils décident tous de construire la paix, que pouvons-nous échouer ?
Pourquoi chez nous tout se fait avec le bruit et les fusils ?
Pourquoi ne pas parler, même avec les plus mauvais ou supposés comme tel et comprendre ce qui les pousse à verser le sang de leurs frères ?
On peut demander aux FDLR et aux ADF comment ils commencent à attaquer notre armée alors que leur prétention est de combattre les pouvoirs de chez eux ?
Pourquoi a-t-on parlé avec Makenga et Ntaganda et que pour le reste c’est le feu, rien que le feu?
Pourquoi devient-il si facile de trouver des armes et des bombes dans nos broussent alors que personne ne les y fabrique ?
Iko nini ?
Pourquoi cela est-il impossible qu’on fasse au Nord Kivu comme on a réussi à le faire avec Gédéon au Katanga ?
Comment?
Bref: Si tout le monde est associé, uni et sincères, la paix viendra d’elle même!
Chers frères, j’ai été long et direct : je m’en excuse mais les larmes et le sang doivent cesser de couler chez nous.
Le moment n’est pas pour nous de nous vautrer dans des tiraillements pré électoraux, car ce ne sont ni les larmes, ni les cadavres qui iront au vote, quand vote il y aura.
On me dira aussi que nous devons d’abord assurer un bon processus électoral au niveau national et puis avoir la paix.
Non: la paix, la vraie paix des coeurs, je la veux chez nous au Nord Kivu le plus vite possible et avec le concours de tous.
Unis, nous y arriveront facilement.
Divisés, cependant, nous continuerons a pleurer et à enterrer les nôtres.
Que chacun fasse ce qu’il peut pour que cela n’arrive plus.
Telle est ma supplication de ce jour.
Dieu Vous Bénisse Tous !
Qu’il souffle sa paix et son amour entre les fils et filles du Nord Kivu !
Fait à Kinshasa, le 22/07/2017
Jean- Louis Ernest Kyaviro
©Beni-Lubero Online.





