





Plusieurs groupes en rébellion contre le gouvernement de Kinshasa se sont affrontés et ont procédé à des scissions internes alors qu’ils luttaient pour obtenir et conserver le contrôle de cette région riche en ressources naturelles. Les conflits pour la domination politique et le contrôle des ressources se sont de plus en plus organisés le long de lignes ethniques et ont débordé jusqu’à inclure des groupes qui n’étaient pas initialement touchés par ces hostilités. Ainsi une ancienne rivalité entre les Hema et les Lendu sur le contrôle de la terre et l’accès à des droits de pêche a maintenant transporté la violence vers différents groupes comme les Nande, les Gegere, les Bira et les Alur, supposés être associés à l’un ou l’autre des opposants d’origine. Le conflit a d’abord impliqué environ 40 pour cent de la population locale, approximativement le pourcentage de Hema et de Lendu mais il est maintenant synonyme de dévastation pour un nombre beaucoup plus élevé de personnes. Avec l’augmentation des attaques et des victimes des deux côtés, la peur est beaucoup plus répandue, ce qui aide les chefs à mobiliser les gens autour de la violence, soi-disant comme une mesure permettant l’autodéfense.
Depuis 1998, lorsque ses troupes ont occupé pour la première fois le nord-est du Congo, l’Ouganda a prétendu promouvoir la paix dans la région. En certaines occasions, l’UPDF a de fait placé des forces entre des adversaires pour mettre un terme à la violence. En d’autres occasions, l’Ouganda a convoqué à Kampala des chefs politiques en plein désaccord et les a obligés à négocier sur ce qui les opposait. Dans ce sens, début 2001, les autorités ougandaises ont imposé que plusieurs groupes fusionnent pour devenir les Forces pour la Libération du Congo (FLC) sous la direction de Jean-Pierre Bemba, chef du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC). Cette solution, comme d’autres proposées par les Ougandais, s’est effondrée parce que plusieurs groupes tels que le RCD-ML et le RCD-N n’approuvaient pas que selon le nouvel arrangement, la part du pouvoir leur revenant fût nominal. C’est après cet échec que le RCD-ML de Nyamwisi a repoussé Bemba hors d’Ituri.
S’ils se présentent comme des artisans de la paix, de nombreux officiers ougandais ont alimenté les conflits locaux en soutenant politiquement et militairement des factions rebelles rivales. C’est un commandant UPDF en RDC, James Razini, qui en 1999 a créé la province d’Ituri, nommant comme gouverneur Adele Lotsove Mugisa, un chef identifié comme étant très proche des intérêts Hema. Les officiers UPDF ont parfois déployé des soldats pour combattre aux côtés des Hema contre les milices Lendu. Des soldats UPDF ont été impliqués dans plusieurs meurtres de civils Lendu en 1999 et 2000. Les Hema ont également recruté des soldats UPDF pour protéger leurs biens contre les attaques des Lendu. Human Rights Watch a recueilli des informations sur ces abus dans un rapport de mars 2001, L’Ouganda dans l’est de la RDC : une présence qui attise les conflits politiques et ethniques.
Occasionnellement, des soldats de l’UPDF ont aidé les milices Lendu. Le Colonel Peter Kerim, perçu par certains Lendu comme leur protecteur aurait formé des milices Lendu au cours de l’année 1999. Nommé par les autorités ougandaises pour superviser la réconciliation entre les Hema et les Lendu en mars 2002, Kerim a ensuite quitté Bunia après que les Hema l’aient accusé de favoriser les Lendu et l’aient menacé de mort. Kerim et ses troupes sont stationnés à Paida, en Ouganda, près de la frontière congolaise. Des groupes Hema continuent de l’accuser d’armer les milices Lendu.
Les recherches de terrain conduites par Human Rights Watch dans la région ont montré qu’au cours de l’année 2000, les troupes de l’UPDF ont formé et armé des jeunes hommes tant Hema que Lendu afin qu’ils fassent partie d’une force pour le RCD-ML. Nombre d’entre eux n’avaient pas dix-huit ans et entrent donc dans la catégorie des enfants soldats. Après la scission du RCD-ML, ces jeunes hommes ont fait profiter les milices ethniques de leurs connaissances militaires et de leurs armes. Ils s’affrontent maintenant et commettent aussi des abus contre les populations civiles.
Eugide Lalé Mbunda





