L’euphorie de la campagne électorale dans les grandes agglomérations du Nord-Kivu donne l’impression que la paix est retrouvée dans les villages et les brousses. Loin de là. Plusieurs villages proches des zones d’accueil des retournés rwandais comme prévu par le HCR/PNUD se trouvent présentement occupés par des militaires en majorité rwandophones. A 5 jour du scrutin de la dernière chance pour sauver la RDC de l’occupation rwando-ougandaise, plusieurs villages du Territoire de Lubero sont vidés de leur population et occupés par les militaires Fardc issus du CNDP. Ce déplacement forcé des populations congolaises loin de leurs bureaux de vote à la veille du scrutin est de nature à priver plusieurs électeurs congolais de leur droit et devoir de voter.
Le mercredi 16 novembre, le village de LOSE en Groupement Mwenye, Chefferie des BAPERE, en Territoire de Lubero, a été le théâtre des violents combats entre Mai-Mai et Fardc –aile CNDP. A l’origine des combats, une trahison d’un pasteur d’une église locale dont nous taisons le nom pour des raisons de securité. Sur demande de l’ex-chef Mai-Mai SAPERITA devenu Colonel FARDC, un pasteur avait sensibilisé les Mai-Mai de Mwenye à se démobiliser pour rejoindre le camp de formation de Nyaleke en Territoire de Beni. L’homme de Dieu aurait rassuré les Mai-Mai que la démobilisation serait sans problème parce qu’il avait toutes les garanties de l’hiérarchie militaire de la région. Le jour J, soit le mercredi 16 novembre 2011, les Mai-Mai s’étaient présentés sans armes comme convenu au centre du village de LOSE. Mais Hélas, les FARDC venus de Cantine / Territoire de Beni pour les mobiliser n’ont eu comme langage de dialogue que l’usage des kalachnikovs. C’est tout ce qu’ils ont appris. Au lieu du dialogue, les Mai-Mai sans armes ont été attaqués, apprenant sur le tas comment on dialogue avec les Forces Armées Rwandaises Déployées au Congo (Fardc en sigle). Le temps que les Mai-Mai retournent aux abords du village où ils avaient déposé leurs armes qu’ils s’apprêtaient à remettre aux Fardc, six Mai-Mai étaient déjà tombés sous les balles des Fardc dont le Commandant Bataillon Muhindo David alias Libanais et le Commandant Bataillon-Adjoint Kasereka Tongo Etani. Les Fardc auraient aussi perdu 2 de leurs éléments dans les combats qui avaient duré deux jours. D’où le bilan de 8 morts. Pendant les combats, le village s’était vidé de sa population. Selon la société civile de Beni Territoire, 115 ménages de LOSE ont été accueillis à CANTINE. Les Fardc qui étaient venus pour une séance de mobilisation des Mai-Mai pour l’armée nationale se sont révélés être une force d’occupation qui n’a pas besoin des congolais nationalistes dans ses rangs. Les autres groupes Mai-Mai savent ainsi ce que les forces d’occupation appellent « mobilisation pour l’armée nationale » : Eliminer les Mai-Mai.
Sur la route Mabalako-Cantine en Territoire de Beni
Les maisons d’habitation du village de LOSE sont jusqu’aujourd’hui occupées par des Fardc. Les déplacés de LOSE dont certains sont arrivés à Beni ne seront pas près de leur bureau de vote le lundi prochain surtout qu’aucune autorité administrative ne veut les ramener chez eux. A LOSE, c’était la période de récolte du riz. Les déplacés de LOSE qui ont tout abandonné dans leurs maisons, perdront aussi leur récolte de riz que les FARDC commenceraient déjà à écouler vers le marché.
Entre le pasteur et les Fardc venus de Cantine, on ne sait pas qui a trahi les Mai-Mai de Mwenye. Si la RDC est balkanisé un jour, les congolais se rappelleront que, après les militaires, les politiciens, et les chefs coutumiers, l’ennemi avait utilisé quelques pasteurs et prêtres pour tromper le dernier résistant congolais, à savoir, le peuple congolais. La religion du peuple congolais risque d’être un opium endormant si des prophètes ne se lèvent aujourd’hui au Congo aujourd’hui pour proclamer l’Evangile de la libération du peuple congolais longtemps maintenu en esclavage.
La population locale n’a pas compris pourquoi les Mai-Mai de Mwenye ont voulu rejoindre une armée d’occupation au moment où on a besoin d’eux pour repousser l’ennemi ? Certainement qu’il y avait des promesses d’espèces sonnantes et trébuchantes, de grades, etc. La pauvreté et le goût de l’argent facile sont aussi deux maux qui rongent la société congolaise au point de retarder sa libération. En effet, on peut dire sans se tromper que les Mai-Mai et le pasteur de Mwenye ont succombé à une simple promesse d’argent…
La Route de Rwindi au milieu du Parc National de Virunga
En Territoire de Rutshuru, le Jeudi 17 novembre 2011, vers 16h00, heure locale, un minibus en partance pour Goma est tombé dans une embuscade à 3 km de la Station de la RWINDI, sur l’axe routier KANYABAYONGA-KIWANJA. Des Hommes en armes ont tiré plusieurs balles sur le minibus. Mr MWAMI BOAZ, un interprète de la MONUSCO-Rutshuru est mort sur le champ. 4 autres passagers étaient grièvement blessés. Les malfrats s’étaient sauvés dans la forêt après avoir pillé les passagers de leur argent et de tout ce qu’ils voulaient.
Camp de la Monusco de Rwindi en Territoire de Rutshuru
Cette attaque meurtrière a eu lieu deux jours après l’évasion spectaculaire des prisonniers de la prison de Rutshuru. Parmi les évadés figurent 15 militaires qui étaient dernièrement transférés de la prison sans portes de KANGWAYI/BENI. Le motif du transfert n’était donc qu’un bluff… le transfert des prisonniers de Beni et Butembo était leur libération… Notez que tous ces criminels étaient au service des occupants. Les Nord-Kivutiens savaient déjà que tout transfert des prisonniers de l’intérieur de la Province vers Goma signifiait libération. Maintenant on peut dire la même chose de Rutshuru où la prison serait entre les mains des extrémistes.
Rutshuru-Rond Point Bunagana-Butembo-Goma
La population dénonce aussi la sur-militarisation de la localité d’ISHASHA, Groupement de BINZA, en Chefferie de BWISHA, 65 km de RUTSURU-Centre. Dans cette localité il y aurait plus des militaires que des civils, plus des militaires que des maisons d’habitation. D’où l’occupation des maisons inachevées, des cuisines, ou des chambres inoccupées dans les maisons des civils. Cette promiscuité avec des gens en armes en grand nombre donne des insomnies aux populations locales qui dorment plus depuis lors.
Correspondance particulière de Mwenye, Rutshuru, et Ishasha
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