





Le site internet de la radio Okapi rapporte l’assassinat du commandant mai-mai DELEMBA et trois de ses Gardes-du-Corps à Mbingi, en territoire de Lubero, par un commando dirigé par le Colonel Kakule Lafontaine, un ancien mai-mai qui a accepté le brassage. Feu Delemba, par contre, est un de ces Mai-Mai qui ont vu le danger qui se cache derrière les opérations d’un brassage militaire à sens unique, un brassage qui éloignait progressivement les militaires congolais et les mai-mai de leurs positions habituelles pour les remplacer avec troupes rwandophones non brassées et qui s’étaient toujours opposés au déploiement des militaires venant d’autres provinces. Pendant que les mai-mai sortaient de leurs brousses pour rejoindre les lieux de brassage, ils constataient que les milices rwandophones n’étaient pas concernées au même titre que les autres candidats au brassage. C’est ainsi que certains Mai-Mai ont fui les camps de brassage pour se regrouper dans leurs anciens maquis d’où ils ont formulé en vain des conditions de leur brassage idéale. Feu Delemba était de ceux-ci. Les démobilisés qui ont lutté à ses côtés et qui ont réintégré la vie civile se rappellent de ce commandant, jeune mais aux cheveux blancs, grand guerrier, guérisseur qui soignait ses combattants avec la médicine traditionnelle, qui savait moraliser ses troupes et qui se disait prêt à offrir sa vie pour la libération du Congo de ses agresseurs.
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La mort du résistant Delemba vient de signer ainsi une nouvelle phase d’hostilités au Nord-Kivu. L’histoire récente des Mai-Mai nous renseigne que ces derniers étaient les premiers alliés de Kinshasa au plus fort de l’agression. Pendant que les officiers gradés sortis des académies militaires du Congo et de l’étranger détalaient devant le feu des Rwandais et des Ougandais, les Mai-Mai tenaient tête avec des moyens de bord jusqu’au sacrifice de leur vie. Au dialogue intercongolais de Sun City, le facilitateur Masire les a reconnus comme membres de droit du dialogue intercongolais. Mais curieusement, depuis le début de la transition, leur intégration dans l’armée nationale n’a pas été facile malgré leur bonne volonté. C’est l’échec de cette intégration qui explique aujourd’hui le regroupement des mai-mai dans plusieurs coins du Nord-Kivu pour veiller au grain. Delemba était du groupe de ceux qui avaient offert la trêve des élections par lesquelles ils pensaient trouver des réponses à leurs revendications. Mais depuis la tenue des élections, les milices rwandophones ont repris du poil de la bête jusqu’à arracher un accord de paix avec le gouvernement de Kinshasa, sous la houlette de Kigali. Kinshasa, jadis allié des Mai-Mai a donc tourné casaque. Pour signer la mort des mai-mai, Kinshasa a utilisé ces trois derniers mois, les originaires du Nord-Kivu pour livrer leurs propres frères au bagne. Ces frères traitres de la résistance kivutienne viennent tous d’être promis au Gouvernement de Gizenga avec un ticket de l’AMP. Ce qui fait dire à certains que trahir les résistants mai-mai est la recette actuelle pour devenir Ministre de l’AMP.
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Kakule Lafontaine qui jadis était en guerre contre les rwandais et les ougandais, est devenu aujourd’hui servant fidèle de la coalition Kinshasa-Nkunda-Kigali jusqu’au point de diriger son arme contre son ex-compagnon de la résistance. Cette méthode de tuer les opposants par leurs propres frères est propre aux rwandais. On a vu cette méthode à l’œuvre pendant la guerre d’agression du Congo où les rwandais utilisaient les originaires d’une région pour asseoir leur autorité. Cette stratégie protège bien les vrais commanditaires de l’opération car les victimes ou les proches des victimes ne voient que leurs frères exécutants. La conséquence de cette méthode est la lutte fratricide qui s’en suit et qui fragilise les frères au profit du commanditaire dans l’ombre et qui, pour rajouter à la farce, se présente de fois en sapeur pompier pour éteindre le feu de l’inimitié qu’il aura lui-même allumé. La mort du commandant Delemba par son ex-compagnon Kakule Lafontaine est un exemple de cette stratégie funeste de l’ennemi du Congo, une stratégie qui risque de radicaliser la résistance mai-mai en un moment où le peuple n’en avait plus besoin.
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La grande déception des nord-kivutiens en particulier et celui des congolais en général, risque de provoquer un conflit armé plus acerbe que les précédents. En effet, un peuple qui se sent floué par ses dirigeants risque d’être difficile à calmer. Que ceux qui planifient ces stratégies de chaos et de la mort se ravisent et choisissent plutôt le dialogue avec les congolais avant qu’il ne soit trop tard. Le modèle de la démocratie que les congolais ont choisi reste l’issue à la crise congolaise. Une autre occupation militaire du Nord-Kivu ne fera que ramener le Congo au point zéro du processus politique que tout le monde croyait dans sa phase finale.
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Kakule Mathe
Butembo
Beni-Lubero Online





