





A moins de deux semaines après l’attaque de Muramba au bord du lac Edouard où 800 maisons avaient réduites en cendres, le quartier commercial du village de Masereka appelé ITUNDULA a été attaqué dans la nuit de vendredi à samedi par une foule d’assaillants armés déguisés en Mai-Mai. L’attaque a duré 4 heures de temps, soit de 22h00 à 2h00 du matin. Les assaillants, hommes et femmes, armés de fusils, des flèches, des bâtons, et habillés en haillons et feuilles vertes, sont entrés à Masereka par Vighonge où la première salve d’armes a signalé le début de l’attaque. De Vighonge à Itundula, les assaillants tiraient à l’air pour intimider la population.
A Itundula, ils ont pillé et vidé toutes les boutiques du quartier commercial de leur contenu. Après le pillage du quartier commercial, les assaillants ont pillé le bâtiment d’un opérateur économique de la place appelé HANAMAYI où loge Dr Kasereka Kasivahwa, Médecin Directeur de l’Hôpital de Masereka. Heureusement Dr Kasivahwa était en mission à Butembo lors du pillage de son domicile. Les assaillants ont vidé son domicile de tous ses biens en commençant par l’écran téléviseur jusqu’aux ustensiles de cuisine.
Eglise Catholique de Masereka ( Photo Archives BLO)
Pendant les 4 heures d’attaque, les assaillants n’ont été inquiétés par la police locale. Le commandant de la Police Nationale Congolaise de Masereka était à Butembo cette nuit et donc absent du terrain. Les Policiers en poste à Masereka ne signalerons leur présence par un quelques tirs à l’air que vers 3h00 du matin, soit une heure après le départ des assaillants.
Le chef de poste d’encadrement, Mr Mbene, nouvellement affecté à Masereka depuis Fin Juillet à provenance de Kitsombiro, lui aussi, bien que présent sur le lieu, n’a pas fait appel à un appui de l’hiérarchie militaire de Lubero.
Le chef de poste de Masereka, Mr Mbene, a attendu l’après-midi de samedi 4 septembre, pour appeler la population à la vigilance. Aussi, vers la fin de la journée du samedi 4 septembre, une vingtaine des militaires Fardc viennent d’arriver de Lubero pour prendre position dans les villages de Katevya et Miringate par où les assaillants étaient passés dans leur fuite.
Vue d’un village de Masereka
Les observateurs de la situation sur terrain récusent l’identification des assaillants de Masereka comme Mai-Mai car, disent-ils, ils ne voient pas pour quelle raison les Mai-Mai attaqueraient Masereka. Les vrais Mai-Mai n’attaquent que les occupants rwandais et ougandais. Le fait de s’habiller en haillons, en feuilles vertes, et de porter des flèches, n’est plus suffisant pour conclure qu’on a affaire à des Mai-Mai. L’ennemi pour dissimuler l’occupation militaire de 4 provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema, et Province Orientale emprunte le nom et les tactiques des guérilleros ou groupes armés qui ont existé dans chacune de ces provinces. C’est ainsi que dans les territoires de Masisi, Walikale, Rutshuru l’ennemi opère sous l’étiquette FDLR, dans le territoire de Lubero, il utilise l’étiquette des Mai-Mai, Pareco, dans le territoire de Beni, il utilise l’étiquette des ADF/NALU, en Province Orientale, l’ennemi se cache derrière le LRA, les Mbororo, etc. Ainsi, qu’il y ait des FDLR, Mai-Mai, ADF/NALU, LRA ou pas, l’ennemi les fera exister pour couvrir ses crimes. On comprend ainsi pourquoi, les Fardc déployés dans ces 4 provinces dont les commandants sont issus du CNDP avec toute leur force de frappe et l’aide de la Monusco, du Rwanda, de l’Ouganda, de l’Africom, etc. ne mettent jamais la main sur un seul des assaillants qui endeuillent l’Est de la R.D.Congo. Le cas de l’attaque de Masereka est le prototype de cette occupation militaire camouflée. Le commandant du lieu est toujours absent. Les policiers ou militaires du lieu ne sont pas attaqués et en retour, ils n’attaquent pas. Chaque attaque d’un village est un prélude à une forte militarisation du lieu qui, au lieu de ramener la paix, ne fait qu’empirer la situation sécuritaire du lieu. Ainsi par exemple, il y a plus des violations des droits humains commises par des Fardc en territoire de Beni depuis l’opération dite de neutralisation des ADF/NALU qu’avant. Aussi, la volonté réelle du gouvernement congolais d’en finir une fois pour toutes avec les rebelles étrangers n’est pas perceptible.
Devant cette évidence de la poursuite de l’occupation de l’Est par le CNDP, les forces vives de la population congolaise doivent réclamer sans plus attendre l’organisation d’un cadre de concertation et de rendement de compte réciproque avec les autorités congolaises, l’armée, la police, et la Monusco.
Kakule Mathe
Butembo
©Beni-Lubero Online





