





Le vote terminé en RDC, l’heure est au comptage des bulletins de vote. Des voix s’élèvent pour savoir ce que pensent les Grandes puissances, les faiseurs des rois d’Afrique, qui se réservent d’abonder dans le sens de l’euphorie qui gagne de plus en plus la majorité du peuple congolais à la vue des résultats partiels affichés devant les bureaux de vote? Les congolais, surtout ceux proches de l’opposition font un calcul simple des totaux, et trouvent la réponse.
Du côté du régime sortant, on ne fait référence à aucun résultat partiel mais on menace de faire intervenir les forces de sécurité pour quiconque troublerait l’ordre public en annoncant des résultats partiels? Pourquoi d’un seul coup un exercice du peuple se trouve subjugué à la courroux d’un gouvernement fin mandat qui a sollicité le peuple pour un autre mandat? Pourquoi ne pas laisser au peuple congolais la liberté de jouir de son droit constitutionnel jusqu’au bout? Si cet autoritarisme n’est pas nouveau, l’aversion envers les résultats partiels est interpreté par plusieurs observateurs comme un arbre qui cache la forêt équatoriale. Pourquoi cette nervosité dans le camp de la majorité?
Le match est-il fini ou pas encore?
Plusieurs voix s’élévent pour demander à la CENI de publier progressivement les résultats affichés devant les bureaux de vote à travers le pays. Cette méthodologie permettrait aux congolais dispersés aux quatre coins de la R.D.Congo de s’assurer que leurs voix ont été comptabilisées. Vu la suspicion qui pèse sur la crédibilité de la CENI et les rumeurs concernant les urnes bourrées en provenance de l’Afrique du Sud , du Rwanda et de l’Ouganda, cette méthodologie serait plus sage que publier seulement les résultats de 169 bureaux de compilation. La transparence serait renforcée par la publication des résultats aux trois niveaux de l’exercice électoral, à savoir, le bureau de vote, le centre de compilation, le bureau central de la CENI de Kinshasa. Cette méthode permettrait aux congolais de suivre le processus de la base au sommet. C’est d’ailleurs cela que le Pasteur Ngoy Mulunda avait promis en disant que les procès verbaux des bureaux de vote seraient les documents de base de la compilation des résultats. Il resterait bien sûr la question des bureaux fictifs dont la découverte avec preuves dans les communes de Kinshasa restera une tache sombre sur la robe de la CENI 2011. Cette méthode permettrait au moins aux congolais qui ont voté dans les bureaux réels de voir que leurs voix ont été bel et bien prises en considération dans la compilation nationale. Ils peuvent être ainsi des témoins de la transparence de la CENI en cas de contestation des résultats par l’une ou l’autre partie.
L’enrôlement, la campagne électorale ainsi que le scrutin ont été émaillé de plusieurs irrégularités et violence. Les partis politiques de l’opposition congolaise, les organisations de la société civile congolaise, les églises, etc. ont eu chacun le temps de condamner les insuffisances regrettables constatées ci et là. Des recommandations avaient aussi été formulées. Malheureusement la CENI avait choisi de les ignorer dans la plupart des cas.
Le seul point positif que tous concèdent à la CENI dans l’organisation des élections Présidentielles et législatives de 2011, c’est le respect de la date du 28 novembre 2011.
En âme et conscience, au vu du cafouillage électoral du 28 novembre 2011, les membres de la CENI devraient faire leur mea culpa public au peuple congolais ainsi qu’aux experts internationaux.
Les ONG nationales et internationales avaient fait un appel à la CENI de retarder les élections après avoir constaté que toutes les conditions matérielles et organisationnelles n’étaient pas réunies pour l’organisation du scrutin.
Beni-Lubero Online était parmi les bureaux d’études qui avaient proposé que la durée des élections soit de deux jours pour permettre à chacun de 32 millions d’électeurs pour 63 000 bureaux de vote d’avoir au moins 5 minutes pour exercer son droit constitutionnel de voter.
La CENI n’avait pas voulu regarder la réalité en face. Le déroulement chaotique du scrutin du 28 novembre 2011 a révélé que la CENI n’était pas prête à organiser les élections et qu’un jour n’était pas suffisant pour faire voter 32 millions d’électeurs dont plusieurs ne savent ni lire ni écrire. L’intention de respecter le calendrier électoral était noble mais la fétichisation de la date du 28 novembre 2011 risque de rendre un mauvais service au peuple congolais dont plusieurs n’ont pas voté.
En attendant la proclamation des résultats, les observateurs se demandent si la CENI respectera la volonté des congolais qui ont eu le privilège de voter dans les bureaux réels de vote en exerçant ainsi leur droit constitutionnel, la grande majorité pour la première fois.
D’autres se posent la question de savoir si la CENI est vraiment libre de respecter la volonté du peuple congolais. L’impression de ceux-ci serait que la rigidité constatée dans le chef de la CENI peut-être un signe qu’elle est une marionnette. Pour certains, la CENI serait favorable au régime du président sortant.
Pour d’autres, le Président sortant est lui-même à la solde des multinationales qui exploitent les ressources minières de la RDC avec comme sous-traitants régionaux, l’Afrique du Sud, le Rwanda et l’Ouganda.
D’où la question de savoir ce que pensent ces multinationales et ces sous-traitants régionaux qui sont considérés à tort ou en raison comme des plaques tournantes de la fraude électorale décriée par les congolais, surtout ceux proches de l’opposition politique.
C’est le cas des bulletins de vote qui auraient été cochés en Afrique du Sud pour le candidat Joseph Kabila et dont les images et récits circulent à flots sur les blogs des congolais.
C’est aussi le cas de la camionnette bourrée des bulletins de vote déjà cochés pour Joseph Kabila attrapée à Kasindi à la frontière ougandaise. La camionnette serait venue de l’Ouganda avec des bulletins de vote. Les civils qui avaient eu le culot d’alerter la population auraient été mis en prison à Kasindi par le Lt Colonel Kakolele. C’était après que la population ait détruit et brulé ces bulletins de vote. Parmi les huit civils en prison, on cite Mr Bosco Pendani, membre du DCF/N, Jules MUKONZO, Chef de Cité et cadre du DCF/N.
Les nouvelles du Territoire de Rutshuru disent que les retournés du Rwanda des collines de Rutshuru auraient voté massivement pour Joseph Kabila.
A part ces quelques éléments, les blogs des congolais rapportent que plusieurs militaires ougandais, rwandais, et sud-africains seraient déjà en R.D. Congo sur demande du gouvernement pour sécuriser les élections. Des avions en provenance de ces trois pays, de l’Angola, etc. prêteraient aussi main forte à la CENI pour le transport du matériel et des agents électoraux.
Ce qui est attendu de la majorité des congolais c’est le point de vue des grandes puissances qu’on appelle faussement « Communauté Internationale » car si cette communauté internationale existait même la RDC en ferait partie au même titre que la Chine, l’Inde, le Brésil, la Somalie, Belize, et la Japon. Quand on parle de communauté internationale en Afrique (un coin du monde sous le contrôle de l’Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale), on se réfère aux pays comme la France, l’Angleterre, la Belgique ancienne puissance coloniale, l’Allemagne géant de l’Europe, mais aussi et surtout les USA depuis qu’ils sont devenus la plus grande puissance mondiale, l’ONU, la Banque Mondiale, le FMI, etc. Ces états et ces organisations qui constituent ce qu’on appelle faussement « communauté internationale » ont souvent le dernier mot sur la securité des pays d’Afrique. Que disent-ils du processus électoral en cours en R.D.Congo ? Vont-ils suivre les normes internationales pour apprécier les élections en cours en R.D.Congo où le peuple congolais a démontré ce qu’il veut? That’s the question.
Depuis la guerre d’agression de la R.D.Congo par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi en 1996, on peut constater avec regret que les normales internationales n’ont pas été appliquées en R.D.Congo. Le respect de l’intégrité territoriale, le souveraineté de l’Etat congolais, les crimes de guerre et crimes contre l’humanité avec des bilans effrayants de 8 millions des morts sans qu’un tribunal international ne juge les coupables, etc. L’écart entre les lois internationales et les dossiers en souffrance ci-dessus depuis 1996, ne donne pas espoir que cette fois-ci les lois internationales s’appliqueront en RDC dans toute leur rigueur avec l’aide des grandes puissances.
Après le printemps arabe en Afrique du Nord, la R.D.Congo peut-elle jouir d’une petite sympathie des grandes puissances militaires qui ont fait respecter la volonté du peuple arabe, un peuple qui croupissait sous des dictatures vieilles de 40 ou de 30 ans ? Va-t-on plutôt voir pour la première fois les grandes puissances militaires croiser les bras devant un Hold-up électoral sous prétexte de respect de la souveraineté de l’Etat Congolais et de ses institutions citoyennes telles que la CENI ?
La crédibilité des grandes puissances est donc en jeu en R.D.Congo pendant les heures et les jours qui viennent. L’espoir de tous les congolais est qu’elles appuieront l’engouement démocratique du peuple congolais qui a compris que c’est mieux de se battre dans les urnes que par les armes.
La R.D. Congo qui se dit démocratique a ainsi une chance extraordinaire de ne plus retomber dans ce que le philosophe Hobbes appelle « L’état de nature » où le souverain règne par la force et l’épée et où la soif effrénée du pouvoir fait que la vie humaine soit « solitaire, pauvre, dégueulasse, cruelle et courte » (Léviathan). Le plus grand malheur qui puisse arriver à une nation c’est, selon Hobbes, la guerre civile qui réduit les humains à l’état naturel ou sauvage. La démocratie a déjà, au cours de son histoire, battu en brèche l’idée de monarque absolu que Hobbes présentait comme garant de la paix et de la securité d’une nation. C’est à cette démocratie entendue comme pouvoir par le peuple et pour le peuple, que le peuple congolais aspire depuis des années. Le peuple congolais a déjà assez souffert des monarques hobbesiens depuis le Roi Léopold II jusqu’à nos jours qui ont fait du Congo un grand cimetière (10 millions des morts sous Léopold II, 8 millions des morts sous les Kabila, etc.). Les grandes puissances qui lui ont faussé compagnie par le passé, accepteront-elles de l’aider cette fois-ci à progresser sur la voie de la démocratie ?
©Beni-Lubero Online





