





Si les élections ont réellement lieu le 28 novembre 2011, une bonne masse de nos populations y sera conduite comme des moutons que l’on mène à l’abattoir.
En marge des minorités averties, plusieurs compatriotes n’ont pas participé aux débats liés à cet acte prétendument civique. Le recensement n’a pas eu lieu. Le débat sur la double nationalité non plus. La question de la cartographie des bureaux de vote n’a pas bénéficié d’une grande attention de la part de la CENI. Plusieurs de ces bureaux se situent à plusieurs kilomètres de certains villages et centre habités. D’ici à ces fameuses élections, la question des bureaux fictifs risque de rester sans réponse adéquate comme celle de gonflement du chiffre des enrôlés dans certains coins de notre pays. Il ne sert à rien de rappeler que les prochaines élections n’ont pas bénéficié de l’égalité des chances dans la disponibilisation des moyens de l’Etat pour les candidats qui vont s’y présenter. La fétichisation des dates au nom de la lettre de la loi risque d’avoir raison de l’esprit des objectifs « démocratiques » pouvant être atteints par le déroulement de ces élections.
L’analphabétisme galopant aidant, une bonne masse de nos populations ne comprendra peut-être pas, le soir du 28 novembre, qu’elle a été prise en otage par ceux et celles pour qui avoir accès à la mangeoire congolaise est une question de vie ou de mort.
L’engouement pour ces élections et son exclusion des lieux de la formation et de l’information ne l’aideront pas à comprendre qu’elle risque de choisir « les nègres de service » du 1% des oligarchies d’argent ; de ces « cosmocrates » décriés dans la plupart des villes occidentales, de New-York, en passant par Washington, Madrid, Londres, Athènes, Paris, Bruxelles, etc. L’engouement pour les élections a, en effet, coupé notre pays du débat sur le devenir d’un monde pris dans les méandres de la crise économique, financière, morale et spirituelle. Ce faisant, « les petites mains » du monde financier et économique sont celles-là-mêmes qui prodiguent des leçons à ce pays aussi grand que l’Europe Occidentale qu’elles sont en train de mettre en coupes réglées par simple cupidité.
Le fait de n’avoir pas pu participer à ce débat et de ne l’avoir pas pris en compte dans nos échanges citoyens risque de nous rattraper au cours de la période postélectorale si les oligarchies d’argent décident de nous livrer une guerre « humanitaire » pour protéger les droits de l’homme et « la jeune démocratie » congolaise au moment où nos populations seront en train de crier au vol de leurs votes. (Si objectivement, il est établi que vol des votes il y a eu.)
Il est curieux que la CENI ait mis sur pied un comité de sages pour gérer la période postélectorale avant de répondre à certaines inquiétudes préélectorales très sérieuses !
Dans le contexte qui est nôtre, les hommes et les femmes politiques avertis devraient apprendre à travailler avec plusieurs plans à la fois : un plan A, un plan B, un plan C, etc.
Il n’est pas exclu qu’à l’issue des prochaines échéances électorales, si le choix de la majorité de notre peuple est respectée, que les pouvoirs impérialistes et néocolonialistes reconduisent le scénario de 1960 ; c’est-à-dire qu’ils empêchent « le candidat du peuple » de gouverner. Tour ne se jouera pas dans les urnes.
Il y a certains signes qui ne mentent pas. L’appel lancé à la CPI pour qu’elle se mêle de l’organisation pré et postélectorale de ce rendez-vous citoyen après qu’elle n’ait rien fait, plusieurs années après qu’elle ait lancé un mandat d’arrêt contre Ntanganda, semble être un arbre qui cache la forêt. Et pour les minorités averties et agissantes qui savent que la guerre de prédation perpétuelle livrée à notre pays est aussi « une guerre de la justice et de la politique internationale », le Congo de Lumumba risque de ne pas sortir de l’auberge. Elles doivent coaliser avec toutes les forces du changement et la résistance congolaise pour penser les plans B et C si ce n’est pas déjà trop tard.
L’un de ces plans consisterait à organiser la connexion, partout, à travers le monde, avec « les indignés du Nouvel Ordre mondial » afin que de leurs rassemblements, la voix du Congo puisse se faire entendre. Nous nous émanciperons du joug impérialiste et néocolonialiste en épousant l’indignation et l’engagement (dans la résistance politique) au niveau local, national, régional et mondial. Les élections au niveau local peuvent être un pas nécessaire mais insuffisant pour nous défaire des chaînes de l’impérialisme et du néocolonialisme.
D’ailleurs, pendant que nous parlons élections, « les petites mains » des oligarchies d’argent sillonnent le monde pour travailler à l’extension du marché néolibéral et les grands ensembles se consolident : les U.S.A. vont à la conquête de l’Asie et de l’Europe, la Chine renforce ses alliances avec la Russie, la Russie essaie de refaire ses relations avec plusieurs pays de l’ex-URSS, les pays latino-américains se soudent davantage, etc. Et dans l’une de ses études, le Hillary Clinton traite de l’implication de l’Afrique dans la production des richesses de son pays pour les soixante (60) ans à venir.
Jusqu’à ce jour, ces questions ne semblent pas être intégrées dans la campagne électorale. En dehors du fait que deux des candidats à la présidentielle estiment qu’ils pourront être des »Lula » pour le Congo de demain, la dimension internationale de nos futures luttes n’apparaît presque pas dans cette campagne électorale qui va bientôt toucher à sa fin.
Espérons que, échappant à l’explosion de la violence structurelle après le 28 novembre, nous puissions travailler à l’éducation, à la formation et l’information de nos masses populaires afin qu’elles deviennent, en 2016, les véritables actrices de notre histoire collective. Et que certaines études prospectives sortent notre pays des petites visions nombrilistes où une certains classe politique et ses thuriféraires pauvres d’esprit essaient de l’enfermer.
En attendant, une bonne masse de nos populations ira voter prochainement sans que certains contentieux liés aux questions techniques et démocratiques aient trouvé un début de réponse dans le chef du pouvoir organisateur de ces élections. Comme des moutons que l’on mène à l’abattoir. Tristement!
J.-P. Mbelu
Brussels-Belgïe
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