





D’après les recoupements de la presse congolaise, la course à la présidence de la République serait entravée par l’exhorbitante caution exigée aux candidats. Bon nombre d’entre eux auraient du mal à rassembler la dite caution, caution qui risque d’écarter de la compétition électorale les meilleurs fils et filles du pays. En effet, le processus électoral devrait être adaptée à nos réalités ou, à mieux dire, la fixation de la caution devrait être proportionnelle aux revenus des aspirants au pouvoir.
Une des modalités de cette adaptation consisterait à la rendre plus dissuasive pour ceux qui sont au pouvoir et qui, d’habitude, sont tentés de s’y éterniser que pour les autres candidats. Pour être plus précis, la caution à exiger par exemple aux candidats issus de l’espace présidentiel (Président et Vice-Présidents sortants) devrait être plus exorbitante et donc plus dissuasive que celle exigée aux autres aspirants à la présidence.
Ce qui revient à dire que si, à ceux-ci on exige, tel que c’est le cas aujourd’hui, une caution de 50.000$, cette somme devrait être multipliée par 100 pour le Président sortant et les Vice-Présidents. Ce qui éleverait la caution leur exigée à 5.000.000$ non remboursables. Une telle disposition les placerait dans la même situation de perplexité et d’embarras que leurs concurrents. En d’autres mots, par rapport à la somme d’argent à débourser comme caution, les candidats issus de l’espace présidentiel devraient être acculés aux mêmes difficultés, aux mêmes hésitations que les autres prétendants.
En effet, il est injuste d’exiger une même caution aussi bien à ceux que le pouvoir a enrichi qu’à ceux dont les revenus sont modestes. De même qu’il est. injuste, ainsi que l’a lumineusement percu Aristote, de reserver des parts égales à des personnes inégales, semblablement il est injuste d’exiger une caution égale à des candidats inégalement fortunés au plan financier. Il n’y a égalité des chances offerte à tous les candidats que si la caution est accessible à tous les candidats.
Par ailleurs, l’on ne doit pas perdre de vue que ceux qui disposent de moyens financiers exorbitants ne sont pas forcément les plus compétents ou les mieux disposés à se soucier du bien-être de tous. Il faudrait aussi donner aux gagne-petit ou à ceux dont les revenus sont modestes l’occasion de montrer ce dont ils sont capables en leur offrant la possibilité d’accéder au pouvoir. Le salut de l’Afrique se trouve peut-être dans cette facon de faire.
Aussi, ceux qui revendiquent la mise sur pied d’une démocratie à l’africaine n’ont peut-être pas tort. On n’a pas le droit d’exclure les pauvres de la gestion de leur pays. Ceux-ci seraient peut-être plus soucieux que tous les autres du bien-être de tous. Le préjugé souvent évoqué selon lequel l’exorbitance des moyens financiers dont disposent les candidats immuniserait ceux-ci contre la cupidité s’est révelé fallacieux en Afrique et singulièrement en RDC. Il n’est pas interdit d’imiter ce qui se fait ailleurs: mais il faut le faire avec intelligence et non de manière aveugle c’est-à-dire sans discernement. Au nom de ce préjugé qui s’est révélé faux, on ne doit pas continuer à confisquer aux meilleurs fils et filles de nos pays la possibilité d’aspirer au pouvoir. Il est. grand temps que ce préjudice fait à nos pays soit corrigé. Un des principes qui régissent la transition en RDC depuis Sun City c’est l’inclusivité. La caution exigée aux candidats à la présidence paraît moins inclusive qu’exclusive et donc contraire aux accords de Sun City.
P. Léopold KAMUNDU, O. Praem.
Editorialiste de Beni-Lubero Online
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