





Quelques heures seulement après l’assassinat du journaliste Patient Chebeya (35 ans), c’était le tour du policier Kasereka Makele (25 ans). Le Corps sans vie du Policier Kasereka Makelele a été retrouvé ce mercredi matin 7 avril 2010, sous le pont Birusha, sur Rue MBUTSI, au Quartier Tamende, en Commune MULEKERA, ville de Beni. Selon les policiers qui ont fait le constat de sa mort, l’infortuné de la Police Nationale aurait été étranglé par ses tueurs avant d’être jeté derrière le pont. Le Policier KESEREKA MAKELELE, faisait partie de l’Unité « Groupe Mobile d’Intervention » (GMI).

Le Corps du Policer KASEREKA MAKELELE sur des roches sous le Pont Birusha
Des sources proches de son unité nous apprenons que la veille de son assassinat, soit le lundi 5 avril 2010, le Policier Kasereka Makelele était relevé de la garde des installations de la REGIDESO. Il venait donc de passer 24 heures « à dispo » chez ses parents en attente d’une nouvelle affectation par son hiérarchie. D’après ses parents, le Policier Kasereka Makelele a quitté hier la parcelle vers 17 h 00, heure de Beni, pour une petite promenade vespérale. Il était en tenue Civile, comme on peut le voir sur son corps sans vie. Son arme était restée à son Etat –Major. Il n’était venu à la maison qu’avec ses uniformes de policier qui sont bien rangés dans sa chambre à coucher.

Le Commandant Jean assisté des Civils font le constat de la mort et récupèrent le Corps en présence des parents et des passants.
Depuis lors, le mobile de ses tueurs anime les discussions dans les rues de la ville de Beni. Le fait qu’il était commis à la garde des installations de la REGIDESO-BENI peut-être une piste de taille. Selon plusieurs béniciens les installations de la REGIDESO /BENI abriteraient aussi le QG en Territoire de Beni des irréductibles Fardc ayant un commandement parallèle. Vrai ou Faux! Ainsi la REGIDESO/BENI serait l’équivalent de l’Aéroport de RUGHENDA à Butembo et de Kanyabayonga en Territoire de Lubero. Selon ceux qui avancent cette piste, le jeune policier Kasereka Makelele peut avoir vu plus qu’il ne fallait voir pour qu’il soit trouvé gênant. Ainsi, sa mise en disponibilité la veille de son assassinat peut-être une indice de taille pour ceux qui privilégient la piste de service. Aussi, si on peut connaître l’identité de la personne (ou des personnes) à qui il était parti rendre visite, ou voir son téléphone pour voir avec qui il était en communication hier un peu avant de quitter le domicile de ses parents, etc., on peut lever un pan du voile qui couvre encore l’assassinat de ce jeune « afande » de la Police Nationale Congolaise.
Pour d’autres, le policier Kasereka peut avoir été tout simplement victime de l’insécurité qui sévit en ville de Beni et ailleurs dans le territoire. Plusieurs jeunes civils de son âge étant assassinés de la même manière.
La piste locale n’est pas à exclure non plus. Revenu à la maison sans son arme de policier, un réglement de compte au quartier peut expliquer son assassinat.
Mais qui fera l’enquête pour élucider les mobiles et les responsabilités de son assassinat ainsi que des autres multiples cas d’assassinats du même genre enregistrés dans la région ?
Placée dans un cadre plus large de toute la région, l’insécurité ambiante semble avoir déjà révélé son vrai mobile, à savoir l’affaiblissement du peuple congolais par l’élimination physique de sa jeunesse tant civile que militaire. En effet, les victimes des tueries et autres assassinats concernent aussi bien les jeunes congolais civils que les militaires, policiers dont l’âge varie en 17 et 40 ans. Lors des attaques des camions sur la route Butembo-Kanyabayonga, les assassinats de Kasugho, etc. les militaires et les policiers congolais sont souvent parmi les victimes. Cet acharnement contre la jeunesse congolaise de la région était précédé par le transfert de tous les combattants démobilisés des patriotes Mai Mai vers Kisangani et Dungu dans la Province Orientale, une région où plusieurs sont déjà tombés dans le traquenard du LRA.
Malgré que les autorités politiques et administratives de la région continuent de dire qu’il s’agit des cas isolés d’insécurité, la paix étant déjà revenue, l’intensité de la violence meurtrière contre les civils et l’impunité de ses auteurs qualifiés d’éléments incontrôlés, constituent un cinglant démenti à la version officielle de la paix retrouvée. La population civile voudrait voir l’administration locale collaborée avec les forces de securité, de la police, et de l’armée pour le retour d’un état de droit dans la région. Au contraire, cette collaboration ne se fait pas voir. Certains cadres de l’administration publique se disent aussi en insécurité et sont obligés de dire que la paix est retrouvée pour sauver leur vie et leur fauteuil.
Il y a aussi cette clause des accords d’IHUSSI selon laquelle les militaires déployés actuellement au Nord-Kivu ne quitteraient jamais quitter le Nord-Kivu. Mais plusieurs cadres et agents congolais de l’administration locale et des entreprises étatiques juteuses, subissent actuellement une mutation vers d’autres provinces s’ils ne sont pas tout simplement mis en dispo ou en attente d’affectation, avec la complicité des Présidents des partis politiques auxquels ils appartiennent. Ces derniers négocieraient ces mutations en catimini avec les nouveaux patrons de la région en échange de leur survie politique. D’où une certaine effervescence constatée dans les états- major de certains partis politiques. Si la mutation d’une province à une autre est un fait à encourager pour marquer aussi bien la réconciliation que l’unification du pays, le fait qu’une tribu ou un parti politique fasse exception à cette règle est révélateur du mobile caché.
Pour le commun des congolais, les assassinats des jeunes civils et militaires, les incendies des villages, la destruction méchante des récoltes dans les champs, le mouvement forcé des populations, la mutation de plusieurs cadres et agents de l’administration publique, etc. sont des indices qui n’augurent pas d’un lendemain meilleur pour la partie orientale de la R.D. Congo.
Obède BAHATI,
Beni
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