





A Beni-Lubero, deux semaines nous séparent de la fin de l’enrôlement pour les prochaines élections en RDC. Rappelons que cette activité appelée officiellement «Révision du fichier électoral» se déroule au Nord-Kivu du 2 avril 2011 jusqu’au 2 juillet 2011. Depuis le lancement de cet enrôlement, la société civile, l’ONG Human Rescue, l’ASADHO, le Kyaghanda Kikulu de la communauté Nande, le Parlement FURU/Butembo, etc. ainsi que les partis politiques d’opposition relèvent à l’attention de la CENI plusieurs irrégularités qui jettent un discrédit à l’opération, entre autres :
1. L’insécurité dans les centres d’enrôlement,
2. l’absence des témoins des partis politiques d’opposition et de la société civile dans les centres d’enrôlement situés dans les milieux envahis par les rwandais,
3. L’enrôlement des mineurs, des militaires, et des étrangers (cas des rwandais et des ougandais enrôlés à Goma)
4. L’éloignement et le petit nombre des centres d’enrôlement contrairement en 2006,
5. La rupture des stocks en fiches d’identification,
7. Les pannes intempestives des ordinateurs de saisie,
8. L’inexpérience des opérateurs de saisie recrutés sur base de clientélisme,
9. Le non paiement des agents de la CENI,
10. Le non paiement des policiers commis à la securité des centres d’enrôlement, etc.
A 14 jours de la fin de l’opération, la CENI n’a pas remédié à ces irrégularités tant décriées. Elle a toujours déclaré qu’elle est incapable de trouver des solutions aux divers problèmes relevés. Elle se contente plutôt d’avancer des chiffres des enrôlés dans ces conditions chaotiques. Au lieu de dépêcher des enquêteurs sur chaque lieu où ces irrégularités sont constatées, la CENI nationale promet de nettoyer les listes une fois à Kinshasa, quand l’opération sera terminée (donc en l’absence des témoins et des coupables) sans avancer un seul critère de ce nettoyage qui ne convainc personne. Dans la Province du Nord-Kivu où les rwandais s’infiltrent en grand nombre ces derniers temps et où les centres d’enrôlement sont plus nombreux dans les zones d’infiltration massive, il aurait fallu que ce nettoyage se fasse sur place pendant l’enrôlement. L’affichage des listes dans chaque bureau d’enrôlement et l’œil vigilant des observateurs indépendants auraient rendu plus crédibles les listes dans cette province du Nord-Kivu où la période électorale s’annonce de tous les dangers.
Le Bureau de la CENI saccagé par les Jeunes de Butembo après l’assassinat de Mlle SIFA(20 ans) par un policier du centre d’enrôlement de Vulindi
Pour ne citer que le Territoire de Beni, les centres les plus touchés par les irrégularités lors de l’enrôlement sont aussi ceux convoités par les rwandais et les ougandais. On peut citer : les cités de MANGINA, OICHA, KYONDO, et BULONGO ; les collectivités de BENI-MBAU, RWENZORI, WATALINGA, et BASHU. A deux semaines de la fin de l’enrôlement, ¾ du Groupement Bunyuka y compris Vitungwe, le chef-lieu du groupement, ne sait pas si la CENI viendra un jour pour enrôler les populations de grandes agglomérations comme Kahondo, Vitumbi, Luhanga, Isonga, Kibwe, Kyangimpa, etc. En 2006 chacune de ces agglomérations était un centre d’enrôlement.
La sécurité va de mal à pire dans la région de Beni-Lubero en dépit des appels aux autorités compétentes. Les hommes en armes et en uniformes militaires endeuillent une région qui est officiellement depuis une année, une zone opérationnelle de l’armée nationale engagée dans les « Opérations Ruwenzori ». Mais comme la guerre d’agression dont est victime la RDC depuis 1996, les OPS Rwenzori n’ont pas de ligne de front. Elles se déroulent partout et nulle part. Les cibles dites rebelles ougandais de l’ADF-NALU continuent de tuer les civils congolais au vu et au su des militaires congolais des OPS Ruwenzori. D’où la conclusion de la population locale que les OPS Ruwenzori ne sont qu’un alibi et un cache sexe de l’occupation rwando-ougandaise de Beni-Lubero.
Pas plus tard que le lundi 13 juin dernier, une centaine d’hommes en armes a fait irruption en plein jour dans la localité d’ERINGETI entre 11h et 12 h, heure locale. Eringetia une base de la Monusco, un poste de Fardc et un commissariat de Police. Ces hommes en armes se sont approvisionnés en carburant. Les habitants ont alerté les FARDC et les policiers sans que ces derniers n’interviennent pour mettre la main sur les assaillants qu’ils sont sensés combattre.
Ces hommes en armes se sont retiré d’Eringeti en plein jour et ont pris la route principale en direction de Banande-Kainama. D’autres groupes de ces hommes en armes occupent au vu et au su des Fardc des OPS Ruwenzori, les Groupements de Bambuba-Kisiki (en Secteur Beni-Mbau), et de Bolema (en Rwenzori). Mme Jeannette KABILA avait visité ces deux collectivités promettant qu’elles seront sécurisées mais depuis son passage, l’insécurité continue comme avant son passage, et il n’y a pas encore eu d’attaque des Fardc des OPS Ruwenzori contre ces hommes en armes qui y sèment l’insécurité.
Mercredi, 15 Juin 2011 vers 6h00, heure locale, les hommes en armes ont ravi 7 vaches de deux bouviers en provenance de BOGA (Territoire d’IRUMU, en Ituri/Province Orientale) pour ERINGETI (Nord Kivu). Ce vol à mains armées s’est passé au village de BANGO, dans le Groupement de Banande-Kainama, à 33 Km-Est d’ERINGETI, dans le Secteur de Beni-Mbau. Les bouviers ont rapporté le fait aux Fardc du coin mais il n’y a pas eu de poursuite pour récupérer les vaches et attraper les assaillants.
Dans la nuit de jeudi 16 à vendredi 17 juin 2011, huit hommes en armes ont fait irruption dans la localité de Mavivi, Groupement Batangi-Mbau, en Secteur de Beni-Mbau, à environ 15km au Nord de Beni. Ils ont investi le Centre de Santé de Mavivi entre 22h et 0h, faisant le tour des chambres des malades où ils ont extorqué au bout du fusil téléphones et argents auprès des malades, des infirmiers, des gardes-malades, et de la sentinelle dudit centre. Après leur opération au Centre de Santé, les assaillants ont pillé une boutique voisine avant de se volatiliser dans la nature.
La population locale est fatiguée de faire appel à la Police ou aux Fardc car rien n’est fait pour sécuriser la région. La Monusco qui a un mandat de sécuriser les civils de cette région n’a aucun programme de sécurisation des civils bien qu’elle soit sur terrain.
C’est donc dans ces conditions d’une insécurité croissante que se déroule l’enrôlement.
Le Président de la Société Civile du Territoire de Beni que nous avons contacté pour demander quel bilan il fait de l’enrôlement qui touche à sa fin, déplore un retour progressif de l’insécurité en Territoire de Beni pourtant sous contrôle des FARDC. Maitre Omar’ KAVOTA craint que cette insécurité récurrente n’empiète sur le déroulement des élections au mois de novembre prochain surtout qu’il n’y a aucun programme de sécurisation du Territoire de la part du gouvernement de Muzito.
En ville de Beni, comme à Butembo et à Lubero, les populations s’inquiètent de l’identité des enrôlés. Des étrangers, des militaires (à l’instar du Général Bwambale KAKOLELE et ses gardes-du-corps rwandophones) ou des policiers issus du CND pour la plupart, se sont enrôlés et continuent à s’enrôler selon plusieurs témoins.
Des femmes Pygmées du Territoire de Beni exhibent leurs cartes d’électeurs
Si rien n’est fait entre aujourd’hui et novembre prochain, les élections prochaines en RDC en général et au Nord Kivu en particulier risquent d’être une ratée et souffrir d’une contestation aux conséquences incalculables ! Le gouvernement Muzito ainsi que l’opposition politique doivent sortir de leur mutisme pour apporter les solutions qui s’imposent aux irrégularités constatées par la population et les forces vives.
Obède Bahati
©Beni-Lubero Online





