





Les Populations de la partie Nord de la Ville de Butembo pleurent encore les victimes des massacres du mardi 14/04/2007 au Camp militaire de KIKYO.

Photo du Comité des Victimes
Le Mardi 14 avril 1998 à 4h 00 du matin, les guérilleros Maï Maï lancent l’attaque militaire contre les éléments des Forces Armés Congolaises « FAC » au camp Kikyo l’ancien hôtel de Monsieur Denis PALUKU. Attaque qui durera deux heures. Vers 7h du matin les Maï Maï vont se disperser et regagner leurs maquis de Kasitu. Le bilan des morts (Mai Mai et FAC) lors de cette attaque n’est pas connu. Mystère ! Aucun Mai-Mai n’avait été capture ou fait prisonnier.
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Vers 9h30′, les militaires des FAC connus sous la dénomination de « Katangais » commencèrent à fouiller une à une les maisons des populations civiles de Furu, Mihake, Kalemire,… sous prétexte qu’ils y cherchaient les Maï Maï en fuite après l’attaque contre le camp militaire de Kikyo. Très rapidement ce qui n’était qu’une fouille à la recherche des assaillants en débandade se transforma en une véritable chasse à l’homme suivie de tueries des paisibles civils, du viol des femmes, du pillage des biens de valeur, de la destruction méchante des maisons d’habitation, etc.
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D’après une révélation d’un rescapé du massacre de Kikyo, Mr. Siku, toute personne parlant Kinande ou portant un ou deux tatouages sur son corps était passible de mort. Sachant que tout congolais porte au moins un tatouage à la suite des différentes vaccinations anti-rougeole, anti-variole, etc., tout le monde était passible de mort.
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C’est ainsi que les militaires des FAC fusillaient certains civils dans leurs parcelles. D’autres victimes étaient conduites au camp de Kikyo transportant les biens pillés. Une fois arrivées au camp, ces victimes étaient enterrées vivantes dans des fosses communes. Selon les Témoins vivants des massacres de Kikyo, il y a quatre fosses communes bien identifiées sur la colline de Kikyo. Mais les propriétaires actuels dont le comportement vis-à-vis de ce devoir de mémoire étonne plus d’un observateur, voudraient dissimuler ces fosses communes en s’empressant d’ériger un hôtel sur ce lieu du plus grand crime sans pareille dans l’histoire de Beni-Lubero. Le Comité des Victimes Survivantes des Massacres de Kikyo sollicite l’intervention des forces vives de Beni-Lubero et de toute personne de bonne volonté et éprise d’humanité pour l’accès aux fosses communes soit autorisé, et que les restes de victimes soient exhumés pour une inhumation digne dans un endroit qui servira de monument commémoratif des victimes.
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D’après les membres du Comité des Victimes Survivantes des massacres de Kikyo « CoViSMaKi » : « lorsque les éléments des FAC s’introduisaient dans la maison, s’ils trouvent quatre garçons dans une famille, ils tuaient un sur place ou l’amenait ou encore ces militaires obligeaient soit le père de famille de violer sa fille, soit le fils aîné de la famille de violer sa mère ou sa sœur à présence des membres de sa famille… ». C’était vraiment horrible. Selon Katembo SIUSWA de FURU à qui les militaires avaient arraché le bras droit par un coup de machette, il est difficile d’oublier les massacres du camp de Kikyo car ses massacres ont traumatise ses victimes et ont engendré chez les survivants un esprit de révolte contre toute autorité politico-militaire, car celle-ci a croisé les bras pendant cet horrible crime contre l’humanité. D’après certains analystes, ces massacres seraient à l’origine du mépris qu’à la population de Furu vis à vis de toute autorité politique et militaire.
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Cette opération désastreuse des Fac avait duré quatre jours du mardi 14/04 au Vendredi 17/04/1998. Pendant ces quatre jours toute la population de la ville de Butembo était enfermée dans les maisons.
A 16 h00 du premier jour, le commandant Jimmy passa au micro de la radio Butembo pour dire aux habitants de Butembo de rester dans leurs maisons jusqu’à ce qu’il donne l’ordre de sortir. Voici ses propos en langue Kiswahili: « Ninyi raia ya Butembo muko aduï… "Watu wanao kaa ngambo ya njia ya huku Beni, watu wa Furu waliona aduï hawakuarifu majeshi wakwangu, kama ni mwisho ni mwisho; mutabaki kwa manyumba ya kwenu mupaka siku nitapita kwa radio, hata kesho wala juma moja mutabaki kwa manyumba… jeshi wakwangu mufanye kazi. »
Une autre personne intervint aussi à la radio « Mimi ni commandant Thierry, nilikuja kwa délégation ya ministère ya intérieur; nyinyi population ya Butembo muna shida kwani aduï alitoka kwamanyumba ya kwenu ».
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Le 17/04/1998, commandant ONDEKANE viendra libérer la population de leurs maisons et encore le commandant JIMMY passera à la Radio dire que les habitants de Butembo sont autorisés de circuler mais seulement un à un, interdisant sous peine d’être pris pour ennemi (Adui) tout attroupement des personnes.
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Le Comité des Victimes Survivantes des Massacres de Kikyo poursuit ses recherches sur ce massacre qui est un véritable crime contre l’humanité. Voici quelques chiffres vérifiés et vérifiables :
– 127 personnes connues tuées;
– 238 cas de viols des mineures, filles, et femmes adultes
– 101 blessés dont 72 personnes survivent avec handicapes physiques;
– 217 ménages pillés par les militaires (la valeur des biens pillés et déclarés par les propriétaires survivants s’élève à 208 020.7 US$);
– 11 cas de divorce provoqué par le viol public et incestueux;
– 99 enfants de moins de 14 ans enrôlés de colère dans les milices et dans les rangs des FAC à la suite des pillages, tueries de leurs parents,
– 15 personnes devenues hypertendues jusqu’à nos jours.
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Pendant les 8 ans passés, l’autorité politique, administrative et militaire de Butembo n’a jamais accepté que les manifestations commémoratives des victimes du massacre de Kikyo soient célébrées sous prétexte que les populations de FURU sont trop brutales, et qu’elles risqueraient de menacer la Police, les militaires et les autorités politico-administratives locales.
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Cette année encore, Mr Wabunga SINGA, actuel Maire de Ville, n’a pas autorisé aux habitants du Nord de la Ville de Butembo (Furu, Kalemire, Mihake, Biasa) de commémorer publiquement les victimes innocemment tuées au camp Kikyo et cela sans donner de motif. Certains observateurs pensent que c’est à la suite de son conflit permanent avec le N° 2 du Mouvement de Patriotes Congolais MPC, monsieur Mbindule Mitono Crispin qui est actuellement le leader charismatique de la partie Nord de la Ville de Butembo, membre du Comité des Victimes, et challenger potentiel aux prochaines élections municipales.
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Lors de notre recherche nous nous sommes rendus à la Colline Kikyo, nous avons constaté que le propriétaire actuel (CBCA/BUTEMBO) a déjà dissimulé les traces des fosses communes. Les maçons qui construisent un nouvel hôtel sur la colline Kikyo nous ont révélé qu’ils ont déterre 41 cranes humains. Ce fait prouve que les travaux de construction sur l’endroit même des fosses communes peuvent avoir détruits les autres traces des victimes. Lors de notre visite du lieu du crime, le Directeur gérant de la colline Kikyo nous a clairement signifié qu’il n’ « acceptera plus jamais des visites sur la Colline Kikyo ». Une déclaration qui nous a tous étonné et sur laquelle nous continuons à réfléchir pour découvrir tous les mobiles derrière ce fait de non recevoir aux membres du Comite des Victimes Survivants de la Colline Kikyo.
Les deux commandants « katangais » qui avaient ordonné et supervisé les massacres circulent librement à Kinshasa dans les allers du pouvoir.
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Les victimes survivants de ce massacre demandent que justice soit rendue et que les commanditaires soient traduits en justice. Il est aussi demandé au Gérant de la Colline Kikyo de faciliter le travail de recherche de ce qui reste de ce crime contre l’humanité commis au cœur de Butembo. Faciliter cette recherche historique permettra d’entretenir la mémoire des victimes au sein de la communauté beniluberoise. Un adage ne dit-il pas dit qu’un peuple sans mémoire, est un peuple voué à l’esclavage… La population de Butembo se souvient et réclame Justice ! Pour cette action aboutisse, la contribution de tout un chacun s’impose !
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Charles MUSAYI
Butembo
Beni-Lubero Online





