





L’annonce sur le média des exploits des Forces Armées de la République Démocratique du Congo contre les ADF a été suivie avec satisfaction après les opérations de « Usalama 2 » de ces trois derniers jours sur l’axe Mbau – Kamango. L’armée congolaise, sous le commandement du général Marcel Mbangu, indique avoir détruit quelque trois campements de ces rebelles, notamment celui de Sesele, de Mambaiko et de Silimbamba. Bien sûr, tout acte de bravoure mérite être loué; ainsi qu’il en soit de même en l’honneur des vaillants militaires FARDC qui conservent encore l’éthique professionnelle et la conscience patriotique.
Toutefois, il y aurait nécessité de souligner avec force que ce « petit » succès ne doit pas duper ni distraire les pays de la sous-région qui, à partir des assises de Kampala du 13 janvier 2018 entre leurs chefs militaires et leurs chefs de renseignement militaire, sont visiblement orientés vers la volonté de conjuguer les efforts pour éradiquer le réseau terroriste naissant dans l’Est de la RD Congo.
En effet, la pérennisation du phénomène ADF à Beni jusqu’à prendre aujourd’hui l’allure des véritables groupes terroristes n’est pas la preuve de l’inefficacité de l’armée gouvernementale congolaise, mais plutôt d’un manque de volonté. Le pouvoir en place a conçu un plan diabolique et sadique contre sa propre population au nom de l’égocentrisme de ceux qui ont cultivé une cupidité insatiable. Nous insistons une fois de plus que les ADF, dans leur état actuel à Beni, ne constituent nullement une rébellion politique ougandaise, mais simplement un plan, un scénario tragique mis sur pied par le régime de Kinshasa, et encadré par la même armée qui prétend faire un exploit contre lesdits ADF. Les témoignages publiques des présumés ADF, dont l’extrait audio en swahili du temoin Oscar ci-dessous, suffisent pour découvrir toute la ruse, la responsabilité et l’hypocrisie du gouvernement congolais dans cette affaire.
En RD Congo, l’expérience a démontré que tous les groupes armés hors-la-loi qui persistent dans le temps et dans l’espace sont bel et bien des entreprises soutenues par le régime en place même. Et, de manière opposée, tous mouvements armés ou civils qui ne relèvent pas de l’intérêt du pouvoir en place sont toujours anéantis avec un acharnement qui ne se donne du repos qu’après les avoir complètement écrasés. On a vu cet acharnement contre le groupe des « Enyele » en Equateur. On en a été aussi témoin au Bas-Congo contre les « Buddu dia Kongo ». Mais le gouvernement congolais ne permettra jamais que ses alliés soient anéantis. C’est pourquoi l’héroïsme du colonel Mamadou Ndala contre la « pseudo » rébellion du M23 a dû être sanctionné par une mort tragique. Le succès historique du général Lucien Bahuma contre les ADF à Beni lui a valu le même sort. Il y aurait bien d’autres exemples dans ce sens.
Comprenez donc que ceux qui sont qualifiés de terroristes par les opinions internationales en RD Congo sont plutôt des partenaires privilégiés du régime au pouvoir. Parmi eux, il y a lieu de citer les rebelles rwandais « FDLR » (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda), les présumés rebelles ougandais « ADF » (Allied Democratic Forces) et les rebelles ougandais « LRA » Lord’s Resistance Army). Toute personne physique ou morale qui touche à l’intégrité de ces terroristes est sanctionnée par le pouvoir qui les protège à partir de Kinshasa.
D’où, il faudrait souligner avec insistance que les FARDC, dans le contexte du moment, sont obligées de multiplier des preuves de leurs actions contre les ADF. Cependant, ce comportement n’est nullement à inscrire dans le cadre d’une quelconque détermination du gouvernement congolais à éradiquer ces terroristes, mais juste comme un argument pour barrer l’accès sur terrain aux efforts régionaux et internationaux (des pays voisins et du monde) qui voudraient honnêtement et objectivement trouver une solution définitive à ce problème: Kinshasa a peur qu’un mandat international dresse une force régionale ou de l’ONU qui vienne détruire ses alliés terroristes dont la présence et l’existence à Beni et ailleurs en RD Congo sont voulues et supportées par lui-même. On se souviendra qu’il y a juste un mois depuis que Kinshasa a fait semblant d’accepter l’offre de Kampala pour une opération conjointe des FARDC avec les UPDF contre les ADF, l’offre qu’il rejettera seulement une semaine après l’assise de Mbarara.
Les pays de la sous-région des grands Lacs, de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Est devraient être très vigilants pour ne point tomber dans le piège de la ruse et de l’hypocrisie de Kinshasa qui a déjà installé à Beni le noyau d’un réseau du terrorisme dont la menace s’abat sur toute la sous-région, et pourquoi pas sur toute l’Afrique.
Pierre de Presse
Beni
©Beni-Lubero Online.





