





Bonjour les Amis de Beni-Lubero !
Je suis une Yira et j’ai beaucoup appréciée le fait qu’il existe un site qui met notre culture en valeur. Cependant ma préoccupation est la suivante : je ne parle pas très bien le Kinande et j’aimerais l’apprendre. Malheureusement je ne trouve pas sur notre site un dictionnaire assez fourni. Avez-vous un dictionnaire ou un traducteur Kinande Online semblable à Babel Fish ? Sinon où est-ce qu’on peut acheter ce dictionnaire ? Ma dernière demande concerne la page culture de Beni-Lubero Online. Y-a-t-il moyen de l’étoffer en y publiant un élément culturel ou historique au moins une fois par semaine ?
Je vous remercie
Bukundika Vira Mylène
Corporate Back office Supervisor – Celtel Congo RDC
Kinshasa
mulania@hotmail.com

L’équipe de rédaction de Beni-Lubero Online remercie Maman Bukundika Vira Mylène de Kinshasa pour sa demande de plus de postings culturels sur notre site. Pour répondre à sa demande, BLO s’engage à publier chaque jeudi un élément de la culture Nande à l’intention du public. Sur ce, BLO sollicite l’aide des spécialistes et chercheurs sur la Culture Nande ( Histoire, langue, tradition, art, etc.) tels Tatsopa, Philippe Mutaka, Marcel Mutaka, Lieven Bergmans, etc. de saisir cette opportunité pour partager leur expertise avec les lecteurs de BLO en cette heure de la mondialisation où le Nande n’offrira que ce qu’il est au grand rendez-vous du donner et du recevoir. Le Nande a besoin de connaître sa langue, savoir ce qu’il est, d’où il vient et où il va. Pour contribuer à cette page culturelle, il suffit d’envoyer votre contribution par email (benilubero@benilubero.com) ou par poste (Fondation Beni-Lubero, B.P. 262 Butembo, Nord-Kivu/R.D.Congo). Pour lancer cette page culturelle de chaque jeudi sur BLO, nous vous proposons quelques pages du Livre de Lieven Bergmans, suite de l’article qui existe déjà dans notre rubrique culture. L’histoire de l’occupation de Beni-Lubero par les belges est passionnante. Elle relève combien les Nande avaient résisté aux colons belges, combien l’invasion du Vuswagha par les belges avait été un facteur d’union entre des chefferies jadis ennemies jurées même si, finalement, le fusil du blanc avait eu raison de la lance du Munande, etc. Beni-Lubero vous en souhaite une bonne lecture (BLO)
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Histoire de l’Occupation des Chefferies des Baswagha : 1922-1924
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Depuis la fin du XIXe siècle, une partie des Bashu étaient soumis ; mais les Bamate, les Bapere et les Baswagha n’avaient pas encore été atteints neuf ans après la fondation du poste d’Etat de Luofu.
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En février 1922, une colonne commandée par les lieutenants Brasseur et Absil traversa toute la région des montagnes depuis Luofu jusqu’à Beni : Le lieutenant Absil conduisait à Irumu un détachement de 125 hommes ; le Lieutenant Brasseur l’accompagnait avec 25 soldats, pour reprendre le territoire de la Luholu.
Cette colonne suivit la route Lubango-Luviro-Haut Bukenye-Mukyambuli (a l’Ouest du Mont Lumbya)- Ngeleza. Elle fut attaquée un peu partout : Pres de Lubango, le guide fut blesse de deux coups de lance ; dans le camp établi sur la Munobo, un porteur fut tué, malgré une garde de trente hommes. (Les auteurs de cette attaque étaient les gens du Bukenye et du Luongo, deux ennemis jures qui s’étaient mis d’accord pour attaquer leur ennemi commun durant cette fameuse nuit de février 1922).
Un autre porteur fut tué à l’arrière-garde, dans le Haut Bukenye ; et le camp fut de nouveau attaqué chez Mukyambuli, dans le Ngulo, mais sans conséquence. Le Lieutenant Brasseur rentra à Luofu par un autre chemin, en passant par les régions du Lac Edouard.
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Ces attaques fournirent aux Européens l’occasion d’occuper militairement le territoire Muswaga en 1922. Le poste d’Etat de Lubango fut fondé en juin 1922. Mais la région n’en fut pas pacifiée pour autant ; au contraire : lorsque la colonne arriva dans le Hutwe, en avril, pour préparer cette fondation, le premier soldat de cette colonne fut tué ; toutes les reconnaissances envoyées dans le Hutwe, le Luongo, le Haut-Bukenye et le Ngulo, furent attaquées ; en l’espace de quelques mois, sept soldats furent tués ou blessés, et plusieurs porteurs subirent le même sort, soit dans le Hutwe, soit dans la région du Lac, soit dans le Luongo.
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L’administrateur territorial Ransbotyn de Beni opéra deux reconnaissances de juin à aout 1922. Il fut attaqué chez les Bashu et dans le Ngulo : plusieurs porteurs furent tués ; pendant trois nuits consécutives son campement fut attaqué à l’Ouest du Lumbya, chez Mukyambuli ; des lances furent jetées en direction de sa tente et tombèrent devant l’entrée.
Au mois d’août, le lieutenant ABSIL eut un soldat blessé durant la traversée du Luongo, et son arrière-garde fut attaquée dans le Ngulo, au passage de la Musosa.
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Sur ces entrefaites, tout un bataillon de soldats arriva à Lubango ; c’était le premier bataillon mixte. Il était à la recherche d’un emplacement favorable. Durant tout le mois de décembre, il poussa des reconnaissances dans les chefferies Baswagha, et même chez les Bashu. Fin décembre, il s’installa dans la vallée de la Luviro, à proximité de Lubero. Il ne fut attaqué que deux fois. Dans le Haut Bukenye, il y eut un blessé, et un autre dans le Luongo.
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Malgré ce déploiement de force, l’occupation ne fit guère de progrès. Les seuls résultats tangibles obtenus en 1922 furent :
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Dans le Bas-Bukenye : la Soumission de May qui avait auparavant juré de tuer le premier Européen qu’il rencontrerait. Prévenu de ses intentions, le Major Liégeois prit des dispositions en conséquence… Lorsque May le vit monter vers Birwa, le tyran fut le premier chef Muswagha à collaborer avec les étrangers (…)
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Dans le Buyora : Les Avasoki Selemani, Ngeleza, Panza et Kisenge firent officiellement leur soumission en 1922, mails ils sympathisaient déjà depuis longtemps avec l’occupant. C’est grâce à eux qu’à partir de novembre 1922, on put établir une route de caravane qui traversait tout le Buyora et qui allait de Patanguli, Centre d’Occupation en terre Mushu, vers Lubango.
3. Dans le Ngulo : La soumission du Musoki Mbasha qui se disait fils de SEBE ; mais Mbasha disparut peu après, après avoir trompé le major Liégeois, commandant du premier bataillon mixte, en égarant deux courriers, qui furent retrouvés par le Lieutenant ABSIL.
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4. Soumission de Mungurumba qui vit dans son geste une occasion de reprendre en main la direction de sa chefferie, direction qui lui revenait de droit, mais depuis des années, cette chefferie se trouvait sous la domination d’un étranger Makiro, son beau-frère, puisque celui-ci avait épousé une fille de Kayambi, Père de Mungurumba.
1923 : En Février 1923, le bataillon d’occupation quitta la plaine de la Luviro pour se rendre à Lubango. De là il gagna Luofu et alla s’installer à Pinga dans le Masisi. Au mois d’août, le poste de Lubango fut supprimé, et l’administration territoriale retourna à Luofu. (…)
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Le Buyora, limitrope de la région Mushu (Bashu), et qui était occupé depuis plusieurs années déjà se montra disposé à collaborer. Tout d’abord, Kaheneke, se prétendant fils de Mueneke accompagné de plusieurs Avasoki. En réalité, il n’était qu’un homme de paille. Quelques mois plus tard, en octobre, Kahumba, Ngabwe du Buyora, fit sa soumission. La même année, plusieurs gites d’étape furent construits dans le Buyora. (…)
En juillet 1923, Mukenye, qui se prétendit fils de Kapepero, se présenta au lieutenant Absil, en réalité il n’était que le neveu du célèbre Mukulu du Bulengya.
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A la fin de la même année, les occupants commencent à se soucier de l’organisation des chefferies Wanande. Tous les chefs, ou plus exactement ceux qui s’étaient déclarés comme tels, furent invités à une grande réunion. Les dirigeants du Ngulo, c’est-à-dire les descendants directs de la famille régnante furent les seuls à refuser l’invitation. Le Commissaire de District, Hackars, fit procéder à l’élection du chef des Baswagha : C’est Mukenye qui fut choisi.
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Le Choix et l’investiture de cet homme comme Grand Chef de tous les Baswagha demandent une explication. A première vue, on pourrait y voir une manigance, voire même une plaisanterie méchante sans le but de ridiculiser le pouvoir occupant. En effet Mukenye n’était même pas le chef légitime du Bulengya, et ne possédait aucune autorité réelle. N’oublions pas cependant que les chefs présents ou leurs délégués se croyaient dans l’obligation d’élire un chef, mais personne n’ambitionnait cet honneur redoutable. En outre, Mukenye était descendant du grand Kapepero et jouissait au moins en dehors du Bulengya, partiellement de la réputation de ce dernier. Enfin, les chefs n’auraient jamais osé proposer un dirigeant du Ngulo, puisque le régent SEBE ne s’était pas encore présenté aux européens.
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Si les Européens ont sanctionné le choix des chefs, c’est parce qu’il leur fallait un Grand Chef à tout prix, peu importe lequel. Par ailleurs, ils ne voyaient pas très clair dans le labyrinthe des différentes chefferies. Enfin, bien qu’aucun rapport n’en ait fait mention, il n’est pas exclu qu’ils aient proposé l’élection d’un chef et ratifié le choix de Mukenye avec l’intention très nette de forcer SEBE et les siens à se soumettre. Quoi qu’il en soit, le résultat immédiat de cette élection fut d’amener SEBE à recevoir chez lui le lieutenant ABSIL, accompagné de trois soldats et à se déclarer prêt à collaborer avec les Européens.
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1924 : Au mois d’Avril, la situation était devenue plus calme, et l’occupation militaire fut levée. En mai 1924, Misebere, dans le Buyora, devint le chef lieu du Territoire de la Semliki. Ce fut semble-t-il le début d’une ère nouvelle. La fondation de Lubero, nouveau chef-lieu du territoire de la Luholu, se préparait : elle devait effectivement avoir lieu au mois d’aout de la même année. Mais un mois plus tard, en juin, l’assassinat d’un soldat et de deux porteurs, chez Mukyambuli, remit tout en question.
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Durant la même année, le chef Mungurumba et Lupande, Musoki du Masiki, étaient allés à Lubero. En rentrant chez eux, ils furent attaqués à Kirao, à proximité de Malende dans le Buyora : trente six hommes furent tués, presque tous de Mwenye et de Manzia. C’était une vengeance des gens du Kirao, parce que Makiro avait tué plusieurs de leurs frères après avoir massacre Demagnée et après s’être emparé de ses fusils Albini et ses munitions. Le Kirao était alors dirigé par le sorcier Ngetsi et par Mukuwa. Mais pour ces deux hommes, le massacre de Malende n’était pas seulement un acte de vengeance : leur intention était d’empêcher le Mwenye et le Manzia de collaborer avec l’occupant, et d’empecher aussi les gens du Nord de se rendre à Lubero.
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(Extraits de Lieven Bergmans, a.a. L’histoire de Baswagha, Edition ABB, Butembo, 1970, pp 59-65)
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