





Ces derniers jours, les Bubolais commencent à ouvrir les yeux à une autre forme d’insécurité, à savoir celle de l’eau. L’eau de Butembo n’est pas éternelle, inépuisable mais fait partie des espèces naturelles qui peuvent disparaitre un jour au grand dam de la population humaine, la plus faible, et la moins résistante de toutes les créatures.

Ce jeune homme est allé puiser de l’eau à velo à plus de trois kilomètres de la maison
L’insécurité de l’eau est ce qui arrive quand l’homme ne respecte pas les cycles de la nature en coupant les arbres, brulant la forêt, érigeant des barrages sur des rivières, etc. Il a suffit de deux mois de sécheresse pour que les bubolais sentent que l’insécurité de l’eau est aussi dangereuse que les affres des rebelles étrangers. Les écologistes n’ont peut-être pas tort de prédire qu’après la guerre des minerais en Afrique, commencerait la guerre de l’eau. Au lieu de se battre pour avoir le monopole du coltan, les états, les ethnies, les individus se battront pour avoir accès à l’eau.

La carence d’eau potable à travers la Ville de Butembo pousse femmes, filles et garçons vers les puits d’eau potable. En effet, suite à la sécheresse que connait la ville de Butembo depuis deux mois, vers 5h00 du matin, les bubolais et les bubolaises partent de leurs maisons très tôt le matin à la recherche de l’eau, cette denrée devenue rare !

Cette situation n’est pas sans conséquence, car les élèves et les fonctionnaires arrivent de plus en plus en retard. Plusieurs personnes pratiquent ce qu’ils appellent « demi-terrain », c’est-à-dire laver seulement les parties visibles de son corps (visage, bras, pieds) ou laver seulement le colle de la chemise, les aisselles… Evidemment cela ne fait pas du tout propre à la longue ! Les élèves disent aller à l’école sans déjeuner car il n’y a pas plus assez d’eau pour se laver le visage, et pour préparer le petit déjeuner. Faut-il choisir entre le petit déjeuner et se laver le visage ? Un choix difficile ! Aucun quartier, aucune cellule voire avenue n’est épargné. Des hôpitaux et des hôtels sont aussi victimes de cette situation dont la salubrité dépend plus de l’eau que des produits assainissant.

Butembo, la belle, la capitale économique du Nord-Kivu, est ainsi frappée par l’insécurité de l’eau malgré l’entreprise de l’Etat qui s’appelle REGIDESO (La Régie des Eaux) qui n’existe plus que de nom. Quand la Regideso essaie de fournir de l’eau à ses quelques abonnés de la métropole Nande, l’eau qu’elle distribue ne répond pas aux caractéristiques d’une eau potable. Ainsi les abonnes utilisent l’eau de la Regideso pour laver les habits, nettoyer la maison, arroser les fleurs du jardin, etc. L’eau à boire vient de rares sources encore disponibles dans la ville ou dans les environs immédiats de la ville.

Selon un responsable de la Regideso contacté par BLO, cette situation prendra fin dans un mois, c’est-à-dire quand la saison de pluie commencera. Autrement dit, le technicien de la Regisdeso n’a pas d’autre solution au problème de l’eau que le rythme naturel des saisons. Il en est de même du devin faiseur de pluie… D’où la pertinence de l’appel de Jean Paul II pour la sauvegarde et le respect de l’intégrité et des cycles de la nature (Sollicitudo rei socialis, n.26). L’insécurité que provoque la pénurie de l’eau à Butembo prouve à suffisance que la guerre de l’eau est à endiguer avant qu’elle ne se déclenche car elle n’épargnerait personne ! Le Pape Benoit XVI n’avait-il pas raison d’ajouter récemment le péché écologique sur la liste canonique des péchés ? En effet, les bubolais n’en disconviendraient pas aujourd’hui, détruire l’écosystème de l"univers conduit à la mort des vies humaines.
Cédric M. Mambola
Butembo
Beni-Lubero Online





