





La cellule Furu, au Quartier Congo ya Sika, Commune Vulamba, en Ville de Butembo, n’est plus sous l’obscurité depuis le 25/07/2007. La cellule de Furu est une des plus anciennes et des plus patriotiques sections de la Ville de Butembo. Depuis des années 80 la petite industrie des « Vakongota » ou des « Jua Kali » artisans fabricants des ustensiles de cuisine dans des forges et fonderies de fortune, se porte bien à Furu. Ce n’est donc pas étonnant que Furu soit la première cellule de la Ville de Butembo à se doter d’un groupe électrogène de marque JANGFA avec un alternateur d’environ 500 KVA pour braver tant soit peu l’obscurité de la nuit.

Le réveil des habitants de Furu vis-à-vis de leur auto-prise en charge socio-économique, notamment l’idée de l’électrification de leur cellule, date de la commémoration du 9e anniversaire des massacres de KIKYO au mois d’avril dernier. Rappelons-nous que pendant ces massacres d’avril 1998, plusieurs habitants de Furu ont péri, enterrés vivants dans des fosses communes. Le traumatisme de ces massacres est encore visible chez plusieurs survivants de Furu. D’aucuns avaient assisté au viol collectif de leurs mamans, leurs sœurs, leurs filles, et leurs épouses, etc. D’autres n’ont survécu à l’hécatombe de Kikyo que comme handicapés physiques ou mentaux. Devant le refus des autorités politiques, administratives, et judiciaires de diligenter des enquêtes sérieuses pouvant aboutir à l’arrestation et au jugement des coupables qui se la coulent douce à Kinshasa et à Goma, les habitants de la Cellule Furu ont compris qu’ils doivent se prendre en charge dans tous les domaines de la vie socio-économique.
Cette détermination s’est vue renforcée récemment par la confiscation du groupe électrogène don de Joseph Kabila, par une clique des bourgeois et des politiciens véreux de la place. Pour rappel, ce groupe électrogène, don de Joseph Kabila, est installé dans les enceintes de la Régideso, dans la Cellule de Furu. Mais hélas! Aucun habitant et aucune avenue de Furu ne bénéficie de cet éclairage devenu le privilège des bourgeois et des politiciens du coin. La cellule de Furu ramasse en lieu et place de l’éclairage, le bruit du vrombissement du groupe électrogène de Joseph Kabila et sa fumée qui polluent tout le quartier. Ce manque d’attention à la Cellule Furu de la part de ceux qui gèrent le don de Joseph Kabila, est venu aggraver le fossé entre les bubolais de Furu et ceux qui se disent autorités politiques et administratives de la ville. Comme on dit, a quelque chose, malheur est bon ! Cette privation d’électricité à la Cellule Furu est ce qui a motivé les habitants de Furu à s’organiser pour s’acheter leur propre groupe électrogène.

L’abandon de la Cellule Furu par l’autorité urbaine est ainsi devenu le socle de l’union des efforts de ses habitants qui ont pris conscience que sans mise en commun des moyens et des idées, personne d’autre ne viendra développer leur quartier. C’est ainsi que les initiateurs du projet d’électrification de la Cellule Furu avaient décidé de faire du porte à porte, parler aux vieux dans leurs vérandas, rencontrer les techniciens, les commerçants, les jeunes, pour mobiliser les ressources nécessaires et créer des liens de solidarité pour la réussite de l’œuvre.
Fruit des efforts de chacun des habitants de Furu, cet outil d’électrification bénéficie de la protection de tous au point que sa maintenance, sa securité (la securité des câbles, la lutte contre les raccordements frauduleux) est l’affaire de tous et de chacun. Ce qu’on peut appeler modèle d’auto-prise en charge de Furu devrait faire des émules ailleurs dans la ville et à Beni-Lubero.
Après l’électrification, les habitants de Furu pensent déjà à l’eau potable qui a cessé de couler des robinets de la Regideso depuis des décennies. Chose drôle, il y a toujours des autorités de la Regideso à Butembo. Il en est de même de ceux qu’on appelle autorités politiques et administratives qui gèrent le courant Joseph Kabila. On les appelle autorités sans que les plus humbles bénéficient d’une lampe d’éclairage. On peut continuer la liste des présidents qui ne président rien, des gouverneurs qui ne gouvernent pas, des députés qui ne disputent pas, des représentants qui ne représentent personne, des agents de l’ordre qui sèment le désordre, et que je sais encore ! Au pays de Mobutu, les titres ne disent rien car ayant été vidé de leur sens par le mauvais génie. Dans un pays qui porte le nom « démocratique » sans être du tout démocratique, et où les gens portent des titres sans en exercer le métier, l’auto-prise en charge des individus, des groupes d’individus, des communautés locales apparait comme la voie royale de la première phase du développement des entités territoriales décentralisées.
PHILIPPE MAKOMERA
Butembo
Beni-Lubero Online





