





Faute de Grand Prêtre et de fidèles, la messe du Gouverneur du Nord-Kivu n’a pas eu lieu. Le décret de la prière du jeudi 18 juin dernier pour la pacification progressive de la Province du Nord-Kivu n’a pas été suivi par tous. Même s’il est difficile de juger de l’efficacité d’une prière qui a été, selon certains, individuelle, silencieuse, méditative,on peut toutefois dire que la majorité des bubolais et des bubolaises avait préférée rester à la maison.
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En faisant le tour de la ville de Butembo, nous avons constaté que toutes les paroisses de l’Eglise Catholique sont restées fermées. Interrogé, le curé de la Cathédrale a déclaré que l’Eglise Catholique est apolitique et qu’elle a son calendrier propre des prières.
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Même les églises Protestantes et Anglicanes accusées, souvent sans preuves convaincantes d’ailleurs, de sympathiser avec les leaders rebelles pro-anglo-saxons, sont restées fermées. Un signe que le front social qui dépasse le clivage religieux,se consolide peu à peu contre la guerre menée contre les populations civiles du Nord-Kivu.
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Seules les Eglises de réveil, les sectes ou «Binzambenzambe » ont rivalisé d’ardeur dans leurs tentes et leurs églises en plein air ou dans les coins des avenues, pour appeler à la délivrance collective des démons (sans les nommer) qui envoutent la province et la R.D. Congo.
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Pour s’acquitter de l’ordre de son hiérarchie, le Maire de ville de Butembo est allé jusqu’à VUKAKA / Katwa pour trouver la première église ouverte, celle appelée EERA (Eglise Evangéliste de Rite Africain), une église protestante séparée dernièrement dans la douleur de la CBK / Katwa, et qu’on appelle communément « Eglise de Kalwaghe » du nom du leader de la scission qui avait fait plusieurs victimes humaines et des dégâts matériels importants. C’est dans cette église séparée de la périphérie Sud-Est de Butembo que le Maire de Butembo a pu échanger avec celui qu’on appelle Archevêque Wasingya.
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Dans l’après-midi de cette journée, les habitants de Butembo ont vaqué à leur petit commerce de survie comme d’habitude. D’autres en avaient profité pour aller aux champs éloignés de la ville.
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Ce qu’on peut appeler boycott de la messe noire du Gouverneur est du, selon plusieurs observateurs à la confusion dans l’annonce du message. De la bouche du Gouverneur de Province, la prière était une action de grâce à Dieu pour la fin de la guerre du CNDP au Nord-Kivu. Notez que ce message était diffusé par les radios locales quelques heures seulement après l’incendie des villages et l’assassinat de plusieurs civils à Kitsombiro, en Territoire de Lubero. La réaction inévitable était que la prière n’avait pas de sens et qu’elle était une provocation de ceux qui veulent cracher sur les victimes congolaises! Le Maire de la Ville de Butembo a voulu corriger le libellé du message en disant que le but de la prière était de prier pour que la paix revienne dans la Province. Mais c’était trop tard ! Aussi, faut-il le dire, la correction du maire a démontré que les deux autorités administratives ne savaient pas ce qu’elles demandaient ou n’émettent pas sur la même longueur d’ondes.
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Plusieurs émissions des radios locales n’étaient pas non plus en faveur de la messe noire du Gouverneur ! Depuis que les violations massives des droits humains ont élu domicile dans la Province du Nord-Kivu, plusieurs émissions à la radio fustigent le silence du gouvernement et celui des élus locaux, à part un seul, notamment l’honorable Lusenge Bonane, qui a dénoncé la mauvaise foi du gouvernement central par une question orale au premier ministre.
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Parmi ces émissions on peut citer, entre autres: émission Mwana inchi na kidemokrasia » de Kambale Bora Uzima à la Ralib ; « Aujourd’hui la vérité des Parlementaires debout » de Mr Mbindule ; etc.
Toutes ces émissions qui interpellent les uns et les autres dans leurs responsabilités respectives ont certainement contribué au boycott de la messe noire du Gouverneur.
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Les populations du Nord-Kivu se rendent déjà compte du grand complot contre elles, raison pour laquelle elles demandent des comptes aux députés provinciaux et nationaux qui avaient promis de défendre leurs intérêts. C’est en effet le moment de défendre pas seulement les intérêts des électeurs, mais d’abord la vie, les maisons, les terres, les champs et leurs produits, la securité élémentaire des habitants du Nord-Kivu. Cette prise conscience est pour les observateurs la base inévitable de l’auto-prise en charge de la population par elle-même! A suivre !
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Kakule Mathe
Butembo
Beni-Lubero Online





