





Comme on pouvait s’y attendre, les coopératives financières (Coopec) de Butembo en Territoire de Lubero sont en guerre ouverte contre leurs débiteurs insolvables. Les clients se font de plus en plus menaçants pour avoir leur épargne plus intérêts. Les Coopec à leur tour tentent de faire un recouvrement force aux débiteurs qui ont fait des mauvais investissements au point d’y bousiller l’argent des Coopec ! Pour échapper aux menaces de mort des clients, les Coopec n’ont plus d’autre choix que de leur remettre les taxes parcellaires des débiteurs insolvables. Notez que les taxes parcellaires constituaient la seule garantie ou condition d’obtention de l’emprunt. Ainsi les clients devront se débrouiller pour vendre les parcelles des débiteurs insolvables ou carrément faire déguerpir ces maisons de leurs propriétaires ou locataires. On peut s’imaginer les conséquences sociales très lourdes de cet état de choses pour les familles des uns et des autres en ce temps de crise.
Dans d’autres cas, les coopératives s’en prennent sans pitié à leurs débiteurs ! Ainsi, par exemple, ceux qui ont contracté des dettes sont traînés devant la justice. Mais nombreux sont ceux qui sont entrain de se voir déguerpir de leurs maisons mises en vente publique. D’autres, surtout ceux qui n’ont plus de biens à saisir, sont jetés carrément en prison. Les plus malins de débiteurs insolvables essaient de vendre à la hâte leur maison à vil prix afin de s’en fuir à l’étranger ou d’aller se cacher dans les villages reculés de Beni-Lubero.
Certains clients ayant perdu tout espoir de se faire rembourser, dépouillent de force les coopératives insolvables de leurs ordinateurs, chaises, écrans de télévision, motos ou tout autre bien de valeur. Ces opérations au coup de poing, se font au vu et au su des agents de la Police affectés à la securité des Coopec. Le pouvoir en place reste aussi indifférent devant cette situation sociale catastrophique. Pour mettre fin à ces effets néfastes du capitalisme incontrôlé (pour ne pas dire sauvage), les autorités administratives et politiques doivent s’impliquer maintenant pour que la guerre des micro-finances ne vienne s’ajouter à celle que font les méga-finances (ou multinationales) aux congolais.
Que faire pour sauver les initiatives combien louables des micro-finances à Beni-Lubero ? Les observateurs pensent que toutes les coopératives financières récoltent les fruits de leur mauvaise gestion. Les Coopec sont un domaine où il ne faut pas faire du n’importe quoi et distribuer des postes de gestion à n’importe qui sans tenir compte de la compétence de tout un chacun.
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En effet, dans plusieurs coopératives financières de Butembo, on a vu les postes de gestion comme la supervision (ou gérance), la comptabilité, la caisse ou trésorerie, etc. revenir à des gens qui ne sont pas du domaine, même si ces derniers peuvent avoir de compétence en agronomie, mécanique, etc. Très souvent ces personnes non compétentes sont engagées sur base des liens de famille, d’origine, etc. au détriment de la méritocratie.
C’est pourquoi même, certains responsables des Coopec aujourd’hui en faillite, octroyaient des crédits sans garantie aucune. D’autres clients bénéficiaient des crédits sur base des reçus ou quittances en lieu et place du certificat parcellaire.
Pour les clients très malins, c’était vraiment une opportunité à ne pas rater, il faudrait bénéficier de l’ignorance des patrons. C’est ainsi que par exemple, sur base des photocopies d’un même certificat parcellaire, un client pouvait bénéficier de plusieurs crédits dans des coopératives différentes.
Soulignons aussi, qu’à part la mégestion, il y aurait eu aussi un véritable détournement des fonds. D’après les informations à notre possession, sans aucune convention préalable, certains dirigeants des Coopec prenaient l’épargne de leurs clients pour l’affecter dans leurs affaires privées, disant qu’après trafic, cet argent sera remboursé. Bon nombre d’entre-eux auraient investi des fonds considérables dans le secteur minier, qui malheureusement a connu de sérieux problèmes.
Tembos Yotama
Email: binyotama@yahoo.fr
Butembo
Beni Lubero Online





