





2011 dite année électorale s’annonce très mouvementée partout en RDC mais d’une particulière à l’Est du pays où l’électorat promet de punir sévèrement la législature en cours pour son incurie et son incapacité à assurer la securité des congolais et de leurs biens. Butembo étant la ville la plus peuplée de tout le Kivu où les assassinats ont été monnaie courante au cours de quatre dernières années, tous les observateurs s’attendent à une période électorale houleuse. Déjà la tension de la politique y plante son décor. Des activités s’observent dans les bureaux des partis politiques qui avaient depuis un certains temps laissé pousser des herbes devant leurs permanences, et les toiles d’araignées dans leurs bureaux.
Les bureaux qui avaient fait élire ceux qui aujourd’hui disent le dernier mot sur leur base et roulent carrosses, étaient restés indignes de leurs produits, les enfants étant devenus ingrats envers leurs parents, souvent sans suffisamment de mobilier, payant difficilement leur loyer, pire encore, même sans insignes de leurs partis, sauf exception.
Les fils partis commencent à faire retour aux bercails. Chaque jour qui passe, donne la chance aux politiciens d’implanter un nouveau parti politique ou bureau ci et là. Ici, il est maintenant facile de voir flotter les drapeaux sur tous les 50m, dans les artères principales et même dans les croisements des rues, innocentes dans cette guéguerre politicienne. Là, pour certains, il est temps de faire des virages décisifs pour la visibilité de leurs partis politiques alors que pour d’autres, l’heure est plutôt aux changement des cadres et à la formation des militants pour rendre plus compétitifs leurs mouvements. Pour d’autres encore c’est maintenant ou jamais le moment d’élargir les ramifications jusqu’aux coins les plus reculés de la République.
Sur l’autre flanc, on assiste à un véritable début de campagne. Evidemment, des actions dont on ne peut facilement déterminer la visée moins encore la nature préoccupent certains élus qui préfèrent sécher les plénières de l’hémicycle au profit des fréquences aux lieux des deuils, dans les églises, aux compétitions sportives, lancements des travaux de réhabilitation même si cette dernière est l’œuvre des chinois, des campagnes évangéliques, des réunions du Kyaghanda ou des mutualités des originaires d’un tel village ou des anciens d’une telle école, bref, plusieurs candidats aux prochaines élections ont opté pour des stratégies pour se donner une visibilité sociale qu’ils auraient dû déjà avoir après 4 ans d’exercice du mandat du peuple. La base est donc de nouveau très sollicitée sans aucun scrupule. Les élus d’hier cherchent à se racheter à Butembo, cette ville de tous les enjeux et de tous les dangers.
La ville de Butembo vue du Quartier Vungi
Mais pourquoi en cette dernière minute, pourrait-on s’interroger. La raison pour eux de se bousculer en cette dernière minute n’est-elle pas qu’ils se sont rendus compte qu’ils ont un bilan plutôt mitigé à présenter à leur base, sachant que nombre d’entre eux, en lieu et place d’itinérances dans leurs fiefs passaient toutes les vacances parlementaires dans les magnifiques villas qu’ils ont acquises pendant les 4 précédentes années ou dans leurs chantiers dispersés aux quatre coins du territoire national ? Heureux sont ceux qui n’ont rien à se reprocher et qui peuvent s’attendre à la reconnaissance des électeurs lors des prochaines élections.
Qu’en est-il des sympathisants ou des membres du parti? Ces derniers s’évertuent à s’accrocher à une personnalité supposée sûre qui peut être le mieux offrant en termes d’attribution des postes une fois au pouvoir. Il n’est pas ainsi étonnant de voir dans un même parti politique des tendances favorables ou défavorables à l’un ou l’autre futur candidat. Cette division interne aux partis politiques rappelle que la bataille démocratique commence ou devrait commencer à l’intérieur de chaque parti politique. Les partis politiques sans démocratie interne ne peuvent pas conduire le pays à la démocratie. Malheureusement, les candidatures au sein des partis politiques se décident sur base de combien d’argent on a en poche au lieu de se décider sur base de la capacité du candidat à diriger un pays ou à représenter un peuple…
A quoi faut-t-il encore s’attendre ? Assister à des scènes où des fils du terroir abandonnés dans « la boue et la poussière, l’insécurité et ce faisant la pauvreté» par leurs élus, se laissent tromper par des vils cadeaux, pire encore, des nombreuses promesses pour constituer des clubs d’amis de tel ou tel autre, une démarche interprétée comme une tendance à échapper au contrôle de leur famille politique ou même une voie vers la création de leurs propres partis politiques. Visiblement, on va assister à la naissance de nouveaux partis politiques au Congo. Course au pouvoir oblige, les candidatures s’annoncent encore une fois pléthoriques que la précédente fois.
Le Peuple lui, devra être plus exigeant et rigoureux en prenant son stylo rouge afin de sanctionner à juste titre chaque élu de 2006 selon ses œuvres, chaque nouvel élu selon sa contribution au progrès communautaire. Plus rien ne sera comme avant !
Deogratias SIKU
Butembo
©Beni-Lubero Online





