





Après Rutshuru, Masisi, le mécontentement de la population congolaise contre la Monuc a gagné Butembo en Territoire de Lubero.
Si à Rutshuru et au Masisi, les manifs contre la Monuc sont l’œuvre de la population dans son ensemble, à Butembo, ce sont les femmes des militaires qui ont été les premières à manifester ce jeudi 11 septembre leur ras-le-bol contre les soldats onusiens. Les griefs contre la Monuc sont les mêmes. Elle est en effet accusée de complicité avec les rebelles de Nkunda dans l’occupation progressive du Nord-Kivu. Pour les femmes des militaires qui ont défilé nues avec leurs enfants dans les avenues de Butembo, la Monuc est responsable de la mort au front de plusieurs militaires congolais, maris ou enfants des manifestants.
L’incident qui a déclenche la manif anti-Monuc dans les camps militaires de Butembo semble être la nouvelle de la mort au front de Mirangi (Rutshuru) d’un major des Fardc, un combattant Alur en poste à Butembo. L’infortuné tombé au front est connu comme résistant Alur contre l’hégémonie Tutsi-Hema en Ituri. C’est ainsi que selon les manifestants, ce patriote ALUR aurait été envoyé au front pour y être broyé par ses ennemis d’hier. Rutshuru serait ainsi devenu le mouroir des militaires patriotes congolais. En novembre 2007, la même rumeur avait circulée vis-à-vis de Mushake où des milliers des militaires congolais auraient perdu la vie.
Pour le cas du Major Alur fauché au front de Mirangi (Rutshuru), les femmes des militaires n’ont pas eu froid aux yeux pour dire que le Commandant Tutsi de Butembo l’y aurait envoyé pour le faire éliminer par les rebelles de Nkunda. Ce soupçon difficile à vérifier relève tout simplement du fait que les commandants militaires de Beni-Lubero à l’exception de celui de la cité de Lubero, sont tous Tutsi ou proches de Nkunda. C’est ainsi que les rumeurs courent parmi les militaires et leurs femmes que le front de Rutshuru est devenu le lieu où de partout au Kivu et au Congo on enverrait mourir dans des embuscades savamment préparées les militaires congolais susceptibles d’organiser un jour une résistance armée contre les occupants. Cette crainte traduit la peur de la mort de la part des Fardc. Un militaire qui meurt au combat est la chose la plus normale mais pas pour les Fardc !
Notez que la manif des femmes des militaires de Butembo survient un jour après les déclarations de la Monuc que la population de Rutshuru et de Masisi était manipulée par les Fardc pour manifester contre la Monuc. La guéguerre entre Fardc et Monuc commence ainsi à monter de ton au point que l’on se demande si finalement les Fardc vont reprendre de la Monuc leur rôle de maintien de paix.
Vue la ruse, la diversion, la désinformation, dont se servent les stratèges de l’occupation progressive du Kivu, il faut prendre toute information et toute action avec des pincettes.
D’après plusieurs analystes, la Monuc serait logée à la même enseigne que le gouvernement d’Antoine Gizenga. Les deux sont collaborateurs dans l’occupation du Kivu et devront chercher une voie de sortie honorable. Ainsi, par exemple, Nkunda ne peut pas se proclamer Roi du Kivu pendant que les soldats onusiens sont à ses côtés et dans une province ou ils sont déjà accusés comme ses bras séculiers. Les soldats onusiens devraient ainsi trouver, dans l’hypothèse d’une victoire de Nkunda, un alibi de partir précipitamment du Kivu. Rappelez-vous du génocide de 1994 au Rwanda. Il avait fallu l’exécution des casques bleus belges pour que la MINUAR plie bagages laissant le terrain libre de tout observateur gênant à Kagame. L’occupation du Kivu relevant de mêmes stratèges, il n’est pas interdit d’avancer l’hypothèse d’une embuscade mortelle d’un contingent de la MONUC quelque part en Territoire de Lubero ou de Beni pour que la Monuc justifie son départ précipité du Kivu, une embuscade que l’on pourrait mettre sur le dos des Mai-Mai ou de Mbusa Nyamwisi… Cela permettrait à la CPI d’arrêter Mbusa Nyamwisi qui irait rejoindre son rival Jean-Pierre Bemba à la HAYE… Toutes ces hypothèses nous disent qu’il faut se méfier des acteurs de la guerre actuelle du Kivu qui s’emploient depuis des années et par tous les moyens à faire passer malignement le peuple congolais du Kivu dans le giron rwando-ougandais. Le fait de passer par un si long chemin démontre à suffisance que la guerre du Kivu est sans fondement et qu’elle ne peut s’expliquer que comme une agression pure et simple du territoire national de la R.D. Congo par certaines puissances de ce monde.
Edgar Kahindo
Racodit-Butembo
Beni-Lubero Online





