





Le satisfecit affiché par les organisateurs de la Conférence de Goma n’est pas du tout partagé par les Kivutiens même si les organisateurs et la Communauté Internationale continuent de s’en réjouir outre mesure.
En effet, avant même que la Conférence ne soit déclarée ouverte, les Chefs Coutumiers, les membres de la Société du Sud-Kivu avaient suspendu leur participation aux travaux. Les Mai-Mai de deux Kivu attendent toujours leur invitation. Les élus de la Société Civile du Grand Nord (Nord-Kivu) ont été remplacés par des outsiders, une œuvre d’une main invisible de Goma. Que se passe-t-il à Goma?
La Société Civile du Nord et du Sud-Kivu qui avait auparavant refusé toute participation à la Conférence de Goma avait changé de position après une promesse ferme de la part des organisateurs portant sur la révision en hausse de son quota et de sa représentation au sein de tous les organes de la Conférence. Hier dimanche 6 janvier, jour d’ouverture de la Conférence, sa déception était grande de voir qu’elle s’était fait roulée dans la farine. La promesse n’a pas été tenue. Pire encore, est que le Président de la Conférence avec qui elle avait conclu le deal, est un prêtre du Diocèse de Butembo-Beni, ancien membre de la même société civile, à savoir, l’Abbé Malu Malu. L’Abbé a-t-il menti ? La société civile du Sud-Kivu lui a donné 48 heures pour sauver son image de prêtre et d’ancien membre de la société civile.
Même son de cloche au sein de la société civile du Nord-Kivu que la Conférence de Goma vient de diviser entre Grand Nord et le reste. Son représentant provincial Jason Luneno dont le mandat a même expiré au mois de décembre 2007, aurait tourné casaque et utiliserait son titre de coordonateur provincial pour tenir à l’écart les représentants réputés radicaux de la société civile de Beni-Lubero. La façon dont cette mise à l’écart a été effectuée laisse présager le pire. En effet, les bureaux de la société civile de Beni et de Butembo avaient déjà dument élu leurs représentants à la Conférence de Goma et transmis leurs noms aux organisateurs ainsi qu’aux autorités urbaines locales. Malheureusement, arrivés aux bureaux de leurs Mairies respectives de Butembo et de Beni où ils devaient retirer leurs billets d’avion, quelle n’a pas été leur déception de voir que les billets d’avion venant de Goma portaient des noms d’autres individus que les élus. Les délégués partis de Butembo comme de Beni n’avaient pas participé à la préparation du cahier des charges de la société civile du Grand Nord et en ce titre ne représenteraient qu’eux-mêmes. Certains d’entre eux ne font partis de la société civile que parce qu’ils sont des civils mais pas du tout membres engagés dans la société civile comme association. Même ceux qu’on appelle sur place des « Malu Malu boys » sont aux abois ! Que s’est-il donc passé?
Voulue comme conférence inclusive de réconciliation entre Kivutiens, la conférence de Goma n’a pas malheureusement inclus les Mai-Mai qui constituent pourtant une entité du microcosme politique congolais depuis le dialogue intercongolais de Sun City, Afrique du Sud. Pourquoi à la Conférence de Paix de Goma les Mai-Mai sont-ils versés dans la même poubelle que les FDLR, les rebelles étrangers ? Et cette décision grave serait prise pour donner satisfaction à Nkunda, chantre de l’inclusion des tutsi, qui aurait conditionné sa participation par l’exclusion des Mai-Mai. A la suite de ce qui précède, le satisfecit qu’affichent les organisateurs en dépit de tous les couacs susmentionnés, est donc de façade.
Mais sachant qu’il existe des Faux Mai-Mai, et que des gens qui s’appellent Mai-Mai menaceraient de troubler la tenue de la Conférence s’ils n’étaient pas invités dans les 48 heures, certains observateurs craignent un montage en perspective. Ce dernier consisterait à blanchir Nkunda et sa milice tribale pour faire porter la responsabilité de l’échec de la Conférence de Goma aux Mai-Mai. Ceci donnerait aux Fardc du Kivu dont l’hiérarchie collaborerait déjà avec Nkunda, l’occasion de poursuivre l’élimination systématique des vrais Mai-Mai qui, mine de rien, continueraient de faire peur aux « balkanisateurs » du Kivu.
De Goma, les sms téléphoniques rapportent que les chefs coutumiers étaient aussi mécontents du fait qu’on leur avait aménagé une tente avec un écran géant de TV où ils devraient suivre les débats en distance tout en étant sur place. Ils auraient exigé sous peine de suspendre leur participation, leur admission dans la même salle que tous les grands car, disent-ils, ce sont eux les premiers concernés de la Conférence.
Quant au programme annoncé pour ce lundi 7 janvier, il s’agirait de la prise de connaissance de la documentation relative à la conférence de paix. Les habitués des grandes réunions du genre s’interrogent sur l’origine et la matière de ces documents dits préparatoires. Les délégués au dialogue intercongolais de Sun City avaient rapporté comment le texte de la Constitution leur avait été impose et que tous leurs efforts de l’amender avaient été vains. Vu la courte durée de la conférence, et l’horaire chargé de la Conférence, les observateurs se demandent si les participants auront le temps de verser leur contribution dans la mouture du document de base de la conférence. L’exclusion des délégations qui avaient élaboré des cahiers de charge pourra peut-être aider les organisateurs à se passer de cet exercice ardu.
Les internautes kivutiens qui naviguent sur le site www.amanileo.org sont déçus de voir que les différentes rubriques telles celle des noms des membres de différents organes de la Conférence sont toujours en chantiers comme les cinq chantiers de Joseph Kabila. Pourquoi les organisateurs ne veulent pas afficher leurs noms ? Il en est de même des articles élogieux de différents animateurs qui ne sont pas signés de leurs auteurs. Ont-ils peur de la sanction du peuple à l’issue de leur messe noire de Goma?
C’est ainsi que pour exprimer leur inquiétude vis-à-vis de couacs susmentionnés et constatés dans l’organisation de la Conférence de Goma, les Jeunes Patriotes du Quartier FURU, Ville de Butembo, organisent demain mardi 8 janvier 2008, une marche pacifique de protestation contre ce qu’ils appellent une confiscation de la Conférence de Goma par des clientélistes véreux. L’autorisation de la marche a été accordée par la Marie de Butembo. La marche durera un peu plus de deux heures, soit de 9h05’ jusqu’à 11h17’, heure locale.
Philippe Vusenzera
Jeunes Patriotes du Quartier Furu/ Butembo
Beni-Lubero Online





