Depuis la désertion des Rwandophones Ntagadistes de rangs de l’armée congolaise, les meurtres redoublent d’intensité au point que l’on se demande si la désertion n’est pas une nouvelle stratégie de conquête du Kivu-Ituri. Les déserteurs peuvent être officiellement partis pour mieux continuer leur sale besogne sous des nouveaux noms d’emprunt. Le fait qu’une désertion très médiatisée n’ait pas été suivie d’un déploiement des troupes de relève démontre que le Kivu-Ituri n’est pas encore sorti de l’auberge de son occupation rwando-ougandaise. Tout peut se passer dans le vide non comblé depuis la désertion. Bosco Ntaganda peut dire que ses hommes ne sont pas coupables des meurtres commis après leur désertion de camps militaires du Kivu-Ituri.
L’assassinat manqué de justesse de Mlle Love Kahindo SHATEGHEKO (16 ans) dans la nuit du dimanche au lundi 9 avril 2012 à Butembo, Cellule Hangi, Quartier Kalemire, Commune de Bulengera, démontre que la désertion des Ntagandistes peut-être un arbre qui cache la forêt et que même la simple arrestation de Bosco Ntaganda peut ne pas mettre fin à l’insécurité érigée en mode de gouvernance au Kivu-Ituri. Quand Nkundabatware est parti, l’espoir était grand. Bosco le pacificateur est venu le remplacer, mais les congolais ont souffert plus qu’avant. Bosco se cache aujourd’hui, mais voilà que les bubolais continuent de pleurer chaque nuit dans leur langue maternelle. Pourquoi ? Parce que la guerre qui secoue la région est ouverte par ses victimes mais secrète par ses vrais planificateurs qui détiennent la clef de la solution. Tant qu’on ne les sortira pas de l’ombre pour enfin dialoguer avec les vrais ennemis, les assassinats continueront, et les diagnostics des pacificateurs seront suivis des traitements qui ne correspondent pas à la vraie nature de la maladie.
Mlle Love Kahindo sur son lit le lendemain du crime
Le jour-j de Mlle Love Kahindo n’est pas encore arrivé. Au milieu de la nuit, un militaire force son entrée dans sa chambre qu’elle partage avec sa petite sœur. Heureusement que Love Kahindo entend le tripotage à sa porte avant que le militaire ne réussisse à défoncer la porte. Love Kahindo et sa petite sœur lancent des cris SOS (Minakufa, Babandiee) pour réveiller leur mère. Réveillée par les cris de ses enfants, la maman utilise tout ce qu’elle dans sa chambre pour faire du tapage afin de réveiller les voisins. Le militaire déterminé à tuer réussi à pénétrer dans la chambre de Love Kahindo. Le premier mot du militaire est « Minakuja kuua’’ (je viens te tuer). Quand il lève son poignard, Love sautille sur son lit. Le poignard lui perce les doigts de la main gauche. Love saigne abondamment mais continue à crier et à se débattre physiquement contre son tueur pendant près d’une minute. Heureusement pour elle, les voisins s’étaient déjà réveillés et faisaient tellement de bruit que le militaire, pris de panique, a pris le large. Il portait une arme à feu au dos selon les voisins qui l’ont vu dans sa fuite.
Le lit ensanglanté de Mlle Love Kahindo
Love Kahindo est ainsi une miraculée sauvée par ses cris et ceux de sa petite sœur mais aussi par la solidarité des voisins. Tous ceux qui ont échappé aux tueurs dans les villes et cités de Beni-Lubero l’ont été grâce à leurs cris et le secours des voisins. Love Kahindo a été dépêchée au centre de santé le plus proche où deux de ses doigts presque coupés ont été soignés. Au cours de la même nuit, les voisins au lieu d’appeler la police, avaient appeler le numéro du défenseur des droits humains, Me MBENZ YOTAMA pour qu’il les aident à rendre justice à Mlle Love Kahindo.
Me MBENZ au domicile de Mlle Love Kahindo au lendemain du crime
La désertion des militaires pro-Ntaganda est un problème militaire. Il faut le traiter par des solutions militaires tels le déploiement des nouvelles troupes, le limogeage des généraux devenus chefs coutumiers au Kivu-Ituri, le paiement des soldes des militaires restés loyalistes, la poursuite des déserteurs dans leurs cachettes, etc. Mais si de nouveau on cherche à résoudre ce problème militaire par une armée d’humanitaires, on reviendrait à la case du départ du conflit congolais, une agression militaire que depuis 16 ans on cherche vainement à résoudre par des solutions inappropriées telles le dialogue intercongolais, les élections, les chantiers, et tutti quanti. La solution militaire s’impose pour résoudre l’insécurité généralisée au Kivu-Ituri. Autrement, un Ntaganda peut en cacher un autre !
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