





Aucune marche pacifique ou de colère n’a eu lieu cette semaine sur toute l’étendue du territoire national. Que ce soit à Kinshasa et à Mbandaka pour réclamer la liberté même provisoire de J.P. Bemba, le prisonnier de Bruxelles ou à Butembo pour réclamer la paie des salaires impayés des enseignants depuis le mois d’avril dernier. Est-ce une dérive totalitaire qui plante son décor en R.D. Congo après la capture de Mwana Mboka, le seul opposant qui voulait être président à tout prix ? Il est encore très tôt de le dire. Dans un pays où 5 millions des citoyens ont étés massacrés, un pays sous occupation progressive étrangère, il est étonnant de ne pas voir très souvent des marches des citoyens pour exiger la fin de la tragédie congolaise. Le cerveau de l’occupation actuelle de la R.D. Congo ne peut que voir dans l’organisation d’une marche pacifique un début de l’éveil de conscience des congolais vis-à-vis de leurs droits fondamentaux. Pour empêcher à ce mouvement des masses et des groupes professionnels de naître en R.D. Congo, la répression des manif des citoyens peut être utiliser comme stratégie de terreur. C’est ce sentiment que plusieurs observateurs de la tragédie congolaise telle qu’elle continue son chemin au pays ont eu vis-à-vis de la répression violente de la manif pacifique de Butembo. La dichotomie entre les représentants des enseignants qui avaient opté pour la suppression de la manif et la poursuite de la manif par les enseignants de la base, remet sur la table la question de la représentativité des leaders vis-à-vis de leurs bases. Les leaders sont souvent accusés par la base d’être corrompus par les accusés, les autorités hiérarchiques, etc. C’est ce même soupçon qui se chuchote entre les manifestants de Butembo.

Pour la petite histoire, le Jeudi 29 mai 2008, le Bureau du Syndicat des Enseignants avait envoyé un communiqué aux différentes radios émettant à Butembo annonçant une marche pacifique pour le lundi 02 juin 2008.
A la suite de ce communiqué, le Maire ad intérim de la Ville de Butembo, Madame KAHINDO ALPHOSINE LUSENGE, avait alors convoqué une réunion extraordinaire le samedi 31 mai pour analyser le communiqué lancé par les Syndicalistes. Ont pris par à cette réunion extraordinaire, les responsables des services de sécurité de la ville, les divisionnaires, les autorités scolaires, certains syndicalistes, etc.
Au cours de cette réunion, il avait été décidé que la marche des enseignants était annulée. Comme cela arrive très souvent dans le système de représentation, les enseignants représentés par leurs chefs n’ont pas accepté la suppression de la marche pacifique. C’est ainsi qu’ils s’organisèrent pour lancer une autre communiqué invitant à la marche pacifique, défiant ainsi la décision du conseil extraordinaire du Maire ad intérim de la Ville. Ce qui devait arriver, arriva.
Au matin du lundi 2 juin 2008, les enseignants ont pris d’assaut les grandes artères de la capitale économique de Beni-Lubero. Malheureusement des centaines de policiers les y avaient précédés avec des bombonnes de gaz lacrymogènes, des fusils d’assaut comme en temps de guerre. Comme un cheveu sur la soupe, une pluie abondante s’était aussi invitée à la marche. Du coup, les enseignants devaient braver et la police et la pluie. Ces deux forces négatives eurent raison de la marche. La marche partait du Roint Point Bel AIR et devait s’arrêter au bureau du SECOPE. Les enseignants étaient empêchés d’atteindre la destination de leur marche pacifique. En effet, ils étaient contrés par la Police au Stade de l’Ecole Primaire de Kyavaghendi.

Mais leur courage et leur détermination n’avaient pas fléchi. En effet, tous étaient restés assis dans la boue et sous la pluie battante, scandant des slogans de courage mais aussi de mécontentement contre tous ceux qui détournent leurs salaires.
A en croire les dires d’un manifestant que nous avons interrogé, le blocage de la paie des salaires réside au niveau de la SECOP, l’organe chargé de la paie.
Cet échange houleux entre manifestants et Police Nationale a eu comme conséquence malheureuse, l’arrestation de
de Monsieur MALI’S-MALISAWA, secrétaire permanant du SYECO qui avait été extirpé de la foule et conduit manu militaire dans un AMIGO de la Police Nationale Congolaise. Deux enseignants ont été blessés. Le secretaire permanent du SYECO a été libéré ce mardi matin.
Selon l’inspecteur urbain de la police nationale congolaise, le colonel Eric BYAMUNGU, cette marche n’était pas encore autorisée par le Maire ad intérim de la Ville de Butembo.
Ce fait explique d’après lui la répression de la marche des enseignants par la Police Nationale.
Mais les raisons pour empêcher la marche telles que discutées dans le conseil de securité du Maire ad intérim n’ont pas été expliquées aux enseignants, les plus concernes par la marche et encore moins a la population de Butembo qui se demande pourquoi le maire de la ville s’est s’instituer avocat de ceux qui martyrisent le enseignants ? La liberté d’expression est pourtant reconnue dans la constitution congolaise. L’argument de la non-autorisation de la marche n’explique pas pourquoi la Police Nationale a violemment réprimée une marche des gens pacifiques, non armés, et qui n’avaient qu’un message à livrer à leurs autorités de tutelle. A la place de l’encadrement par la Police Nationale, les manifestants ont reçu des gifles et des fouets avant d’être disperser par le gaz lacrymogène. Comme les congolais le disent souvent, les forces de securité congolaise, la police et l’armée sont plus habiles à réprimer la population qu’à défendre l’intégrité territoriale contre les agresseurs et les rebelles étrangers.
Pour le Maire ad intérim de Butembo, la faute est aux organisateurs et aux manifestants qui n’ont pas suivi la réglementation en vigueur et qui ne se sont pas bien identifiés en nombre. Cet argument du nombre fait rire car l’Etat congolais ne veut pas faire un recensement scientifique des différentes couches de sa population. Le Maire devait savoir combien d’enseignants il y a dans la ville qu’elle administre.
Pour les enseignants, le maire de Butembo est responsable de tout ce qui est arrivé. En recourant à la Police pour réprimée une marche pacifique, le maire ad intérim vient de commettre la même erreur que son prédécesseur Wabunga Singa qui est suspendu depuis près d’une année. Les enseignants sont catégoriques et décidés à poursuivre leur agenda qui est désormais contre leurs autorités de tutelle qui détournent leurs salaires mais aussi contre un maire ad intérim qui n’a d’autre réponse à ses administrés lésés dans leurs droits que le gaz lacrymogène de la Police. Pour cette fin, les enseignants menacent d’entamer une grève générale à partir de ce mardi 03 juin 2008 jusqu’à ce qu’ils trouvent gain de cause et quand le maire ad intérim passera à toutes les radios de la place pour demander pardon aux enseignants.
Cette grève est préjudiciable aux élèves qui se préparent aux examens d’Etat ainsi que les examens de fin d’année scolaire.
PHILIPPE MAKOMERA, MATU JUNIOR et Therese Malule
Butembo
Beni-Lubero Online





