





La ville de Butembo n’a pas passé un Noël apaisée. Cela n’est pas une surprise car depuis le mois de mars 2009, date qui correspond aux accords de paix entre Kinshasa et le CNDP, la paix au sommet peine à s’étendre aux populations civiles à la base qui vit dans les pleurs et les grincements des dents. Pour la population civile, l’accord d’Ihussi (Goma) ressemble à une cession pure et simple du Nord-Kivu au CNDP. En effet, tous les officiers militaires qui commandent l’armée au Nord-Kivu sont des rwandophones issus du CNDP avec à la tête Bosco Ntaganda recherché par la CPI. Les autorités politiques et administratives qui s’expriment sous le sceau de l’anonymat se disent impuissants devant cette architecture militaire du CNDP qui donne l’air d’utiliser l’accord de paix avec Kinshasa pour poursuivre autrement la guerre de Laurent Nkunda ! Seul l’avenir nous expliquera le pourquoi de la recrudescence de la violence au Nord-Kivu après les accords d’Ihussi (Goma).
Le coup de force du 24 Décembre à la prison centrale de Kakwangura/Butembo démontre en effet que les officiers du CNDP sont au-dessus de lois de la République et des institutions de la Province. Ce sont eux qui font la loi au Nord-Kivu. Les unités issues du CNDP sont non seulement bien équipées mais aussi bien payées. Cette différence de traitement explique aussi la supériorité militaire des anciens militaires CNDP par rapport aux militaires congolais dans l’exercice de leur fonction. Ainsi un officier du CNDP peut désarmer les gardiens de la prison centrale de Butembo, garder en détention provisoire la directrice de prison, trier des criminels Tutsi parmi les autres prisonniers et s’en aller avec, sans que l’Administrateur du Territoire, le Maire de Ville, le Gouverneur de Province et la haute hiérarchie politique et militaire de Kinshasa n’en disent mot. Il en est déjà ainsi des massacres des populations civiles au Nord-Kivu comme au Sud-Kivu, les autorités politiques et administratives se taisent pour ne parler que de cinq chantiers, de la paix retrouvée à l’Est du pays, et j’en passe.

Le Quartier de la Prison Centrale de Butembo/Kakwangura
Voici les faits du coup de force du spectaculaire du Jeudi 24 Décembre 2009. Aux environs de 16 h, heure de Butembo, un officier militaire rwandophone venant de Kanyabayonga et qui serait chargé des opérations de la zone qui va de Kanyabayonga à Iringeti (selon certains) ou de la Zone appelée « secteur Nord » (selon d’autres), arrive à la prison de Kakwangura dans une jeep remplie des militaires armés jusqu’aux dents avec des fusils d’assaut, des lances roquettes, etc. Sans tarder, ses militaires encerclent le bâtiment de la prison de Kakwangura. Cet encerclement est suivi du désarmement des policiers de garde. La directrice de prison ainsi que les autres agents gestionnaires de ce centre pénitencier sont mis en détention provisoire avec interdiction de communiquer avec l’extérieur. Toutes ces précautions du hold-up ayant été exécutées à la lettre, l’officier militaire dirigeant l’opération entame le triage de 5 prisonniers Tutsi tous arrêtés au Sud de Lubero pour divers crimes. D’après nos sources qui ont requis l’anonymat, parmi les 5 prisonniers Tutsi libérés il y avait le Capitaine Karajika Innocent poursuivi pour meurtre, l’Adjudant Bushiri et le Lieutenant BAGABI tous deux poursuivis pour violation des consignes, et un soldat de rang du nom d’Eric Mwana Djuma poursuivi pour viol des femmes. Le nom du cinquième pensionnaire libéré n’était pas encore connu de nos sources. La spéculation est ainsi répandue en ville de Butembo que le cinquième bandit libéré pourrait être celui qui avait été capturé la veille lors de l’opération bâclée contre la résidence du commerçant NGULU qui a eu la vie sauve parce qu’il n’était pas chez lui. Le cinquième prisonnier libéré de force peut ainsi avoir été celui qui aurait provoqué le coup de force pour éviter qu’on ne le présente au public comme la population le demande et enfin mettre un nom et un visage derrière le monstre derrière les assassinats dans la ville de Butembo. Il n’y a que les autorites judiciaires qui peuvent éclairer la lanterne de la population sur l’identité de l’assaillant capture chez le commerçant NGULU. Etait-il toujours en prison, oui ou non, et quand sera-t-il présenté au public ?

Prison Centrale de Butembo/Kakwangura ( Photo d’Archives BLO)
D’après la directrice de prison Mme NGOMBA ILUNGA interrogée par Radio Moto de Butembo, sans la coopération des policiers gardant la prison, Butembo aurait assisté à quelque chose de plus dramatique, tellement les militaires venus de Kanyabayonga étaient décidés à réussir leur opération. Quant à la suite à réserver à ce coup de force, la directrice remet tout à l’hiérarchie, une hiérarchie qui jusque n’a même pas réagit à cette nouvelle qui s’est répandue à travers la ville comme une trainée de poudre.
Quelques heures après le coup de force à la prison centrale de Butembo, les habitants du centre ville étaient précipités dans leurs lits vers 21h, interrompant ainsi leur réveillon de Noël, suite aux crépitements des balles partis du quartier commercial.
Après c’était le tour du quartier KITULU où les bubolais étaient réveillés de leur sommeil vers 3h du matin par une salve des balles partie de la résidence du Coordonnateur de l’ONG locale « CEPROSSAN ». Au matin de Noël, on apprendra qu’une maman de cette résidence avait été blessée à l’épaule par les assaillants et que plusieurs biens de grande valeur avaient été emportés !
Ces événements tristes du 24 Décembre préparaient d’autres plus tristes encore le jour de Noël, à savoir l’assassinat crapuleux de l’étudiant Jean-Louis Kambale (27 ans, G3 en Gestion des Entreprises) à Katsya et l’écrasement du Jeune Samuel Mumbere (15ans) sur l’avenue président, intersection avec l’avenue du Centre, par un chauffeur qui avait probablement noyé ses soucis dans un verre de bière de trop.
Beni-Lubero Online





