





Après le village de Butuhe (15 Km de Butembo), c’était le tour du village de Vurondo (27 Km de Butembo), un des fiefs des Mai-Mai en Territoire de Beni, de bénéficier d’une visite d’une délégation du Réseau APIA, une organisation non-gouvernementale.

La descente d’une délégation du groupe APIA avait eu lieu à Butuhe, le dimanche 4 mai 2008. Elle était composée du Dr Vétérinaire NGAHIMBA Maximien, Président du Réseau et Mr. Katembo MATSANDE SYANIA Charles, Coordonnateur d’APIA à Butembo, ainsi que d’autres membres du groupe.

A l’issue de la visite, la délégation d’APIA avait organisé des élections des membres du comité de développement de Butuhe. La rencontre s’était déroulée dans l’enceinte de l’Université de Butuhe. A l’issue de ces élections, KASONIA OLIVIER a été élu Président et Kasereka LUVUNO, Vice- président.

Cette cérémonie était dirigée par le coordonnateur Katembo Matsandesyania Charles, un ancien Mai-Mai et ancien Policier qui s’est converti en développeur.

Le but poursuivi par le réseau APIA c’est la relance des activités agro-pastorales que l’APIA considère comme la piste de sortie de la pauvreté. Dans un discours très applaudi par les participants, le Cordon Matsandesyania à démontrer qu’une main qui demande est toujours est inferieure et ridicule par rapport à celle qui donne. L’objectif de l’APIA c’est de mettre fin aux mains tendues dans toute la contrée de Butuhe, mettre fin à la politique qu’un certain jargon local appelle « unipisme » ( de swahili « Unipe » qui veut dire « donne-moi », en lingala « pesa ngai »).
Selon Matsandesyania, la pratique du unipisme est une honte pour les populations d’une région où tout pousse, une région où le climat est propice à l’agriculture et à la santé des populations.

Pour profiter des bienfaits de ce paradis terrestre, la population doit combattre les milices qui détournent les jeunes de l’agriculture, de l’éducation pour les transformer en bandits. La lutte contre le pullulement des Mai-Mai est à mener par tous et chacun pour permettre au développement de décoller. Le développement est une affaire de tous et de chacun. Son but est de répondre aux besoins primordiaux de l’homme, à savoir la nourriture, les médicaments, la securité sous toutes ses formes. Les acteurs du développement de Butuhe sont d’abord et avant tout les habitants de Butuhe eux-mêmes selon le principe « aide-toi et le ciel t’aidera ». La meilleure façon de réussir ce pari du développement c’est de se mettre au travail, identifier les problèmes et les solutions locales correspondantes. Le réseau APIA s’engage à soutenir les efforts des travailleurs et agriculteurs de la région pour combattre la pauvreté, la famine et l’insécurité sous toutes ses formes dans la région.
La population de Butuhe a exprimé son inquiétude vis-à-vis de la société Thèicole qui ravit les terres aux paysans en brandissant son titre foncier qui lui donne presque toute la localité de Butuhe.

Le dimanche 11 mai 2008, le Réseau APIA est descendu à Vurondo même, bravant ainsi la peur des Mai-Mai qui y font la pluie et le beau temps depuis 1998.

Des centaines des personnes de Vurondo et de ses environs ont répondu à l’appel de l’APIA. La rencontre a eu lieu dans la grande salle de l’Institut Vurondo sur le thème « Comment sortir la localité de Vurondo de l’insécurité sous toutes ses formes (alimentaire, physique) avec le concours des populations locales ? » Le coordonnateur Matsandesyania a mis l’accent sur l’éveil des consciences des populations locales, reprenant son discours de l’auto-prise en charge comme à Butuhe.

La participation du chef de localité, Mwami Kamala MULYATANGWA, aux assises de Vurondo, a fortement encouragé les paysans de Vurondo à adopter l’initiative d’APIA.

Notons que les paysans n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement sur le fait que leurs récoltes sont consommées par des militaires et des Mai-Mai et cela dans une impunité totale.
Le moment très fort de la rencontre a été celui de la remise des houes, des bêches, et des machettes comme symbole d’outils du travail et signal fort que le peuple au travail est le secret de tout développement.

Tout s’est terminé par la mise en place du Comité de Développement local, après l’élection de Mr Kamala VUSU Karoli comme Président.
Si à Butuhe, la grande société théicole est incontrôlable par la population locale, à Vurondo, c’est la question des Militaires et des Mai-Mai qui est restée sans réponse. Que peuvent faire les paysans vis-à-vis d’une grande société comme le complexe théicole de Butuhe et contre les hommes en armes ? Ces deux questions reposent la nécessité de la restauration de l’autorité de l’Etat pour permettre aux paysans sans défense de participer pleinement au développement de leur village et partant de toute la République Démocratique du Congo.
Philippe MAKOMERA
Butuhe-Vurondo
Beni-Lubero Online





