





L’histoire est-elle en train de se répéter? « Les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets », dit un adage. Même si l’on n’en est pas encore là, plusieurs similitudes existent entre la fin de règne du régime de Joseph-Désiré Mobutu et l’expiration du double mandat de Joseph Kabila, qui indiquent que ce dernier court lui aussi le risque de tomber dans son propre piège du glissement :
· Comme Joseph-Désiré Mobutu, Joseph Kabila se croit au-dessus de la Constitution et des lois de la République [7];
· Comme Joseph-Désiré Mobutu, Joseph Kabila a horreur du statut d’ex- Président de la République;
· Comme Joseph-Désiré Mobutu, Joseph Kabila multiplie des manœuvres dilatoires pour repousser les échéances électorales au-delà des délais constitutionnels afin de rester plus longtemps possible au pouvoir;[8]
· Comme Joseph-Désiré Mobutu, Joseph Kabila perd un à un ses partenaires politiques et ses soutiens extérieurs;
· Comme Joseph-Désiré Mobutu, les anciens alliés extérieurs de Joseph Kabila lui rappellent instamment qu’il est fin mandat et qu’il doit faciliter l’alternance au pouvoir, dans le respect de la Constitution;[9]
· Comme Joseph-Désiré Mobutu, Joseph Kabila ne compte plus que sur l’armée, les services de sécurité et un cercle restreint des faucons;[10]
· Comme Joseph-Désiré Mobutu, Joseph Kabila est vomi par la grande majorité de la population et, chose curieuse pour lui, même dans la province prétendue être son fief naturel;
· Comme Mobutu Joseph-Désiré, Joseph Kabila ignore qu’il est trahi même par des personnes qui l’entourent mais qui, lorsqu’ils tournent le dos, se moquent de lui et demandent qu’on les comprenne;
· Comme Joseph-Désiré Mobutu, les collaborateurs de Joseph Kabila ont déjà commencé à mettre à l’abri leurs familles et leurs biens ou comptes en banques (facilement vérifiable dans son entourage à Kinshasa). On en a vu dernièrement au Canada qui, au lieu d’effectuer leur mission, ont passé leur temps à entreprendre des démarches pour l’immigration de leurs enfants. C’est d’eux et de ses services spéciaux que les secrets de palais parviennent à la diaspora, notamment au Desc qui en informe régulièrement l’opinion publique;
· Comme Joseph-Désiré Mobutu, Joseph Kabila considère que le peuple est ingrat à son égard et se prépare à le sanctionner au cas où le pouvoir lui échapperait;[11]
· Comme Joseph-Désiré Mobutu multipliant les conclaves à la fin de son règne, Joseph Kabila utilise la stratégie du dialogue (concertation, consultation) comme arme de distraction massive et de débauchage des opposants.[12]
De tout ce qui précède, c’est à Joseph Kabila de prouver, par un seul geste, qu’il est différent de Joseph-Désiré Mobutu. Ce geste, attendu impatiemment par toute la nation, c’est l’annonce solennelle qu’il ne briguera pas, par quelque scénario que ce soit, un troisième mandat et qu’en tant que garant du bon fonctionnement des institutions, il s’engage à faciliter la passation démocratique du pouvoir à l’issue des élections présidentielle et législatives libres, crédibles et transparentes à organiser dans les délais constitutionnels. Si, par contre, comme il est démontré qu’étant lui-même le problème et non la solution(le pyromane et non le pompier), ces élections ne sont pas organisées dans les délais, rien ne pourra justifier, juridiquement et politiquement, en sa faveur, l’application du principe de continuité des services publics de l’État ci-dessus mieux expliqué. Dans ce cas, qui n’est pas à souhaiter, ni dans son intérêt ni dans celui de la nation, l’on devra l’exclure de la transition et, avec lui, toute personne qui aura contribué de quelque manière que ce soit au pourrissement de la situation. D’où le bien fondé de l’article 64 de la Constitution qui, à l’intention de l’opinion publique, figurait déjà dans l’Acte constitutionnel de la Transition en son article 37 sous le libellé ci- après : « Durant la période de transition, les pouvoirs sont exercés de la manière établie par le présent Acte. Tout Zaïrois a le droit et le devoir sacrés de défendre la Nation et son intégrité territoriale et de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou l’exerce en violation des dispositions du présent Acte.
Nul ne peut détourner les attributs du pouvoir et la puissance publique à des fins personnelles pour la réalisation d’intérêts partisans ou pour faciliter l’ingérence d’une institution ou d’un service public dans le fonctionnement d’une autre institution ou d’un autre service public. » Nous disions en début de ce paragraphe que « Les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets ». En plus des causes relevées ci-dessus, il y a, dans la constellation du pouvoir politique de Joseph Kabila, un nombre important d’acteurs politiques qui avaient coulé le régime de Joseph-Désiré Mobutu. Aaah! « Ces Joseph », ils se ressemblent tous.
Conclusion
La politique, entendu comme l’art de gouverner, exige de ses acteurs qu’ils se renseignent suffisamment sur les faits ayant conduit par le passé la réussite ou l’échec de certaines décisions. L’histoire de notre pays est émaillée de ces « décisions-erreurs » qui ont coûté cher à la nation et qu’il est nécessaire de connaître pour éviter de replonger le pays dans une autre crise aux conséquences incalculables. C’est pourquoi, il nous a paru utile de rappeler à ceux qui ne songent qu’à leurs intérêts que dans les mêmes conditions de fin de règne que Joseph Kabila, l’entêtement de Mobutu à respecter les règles du jeu avaient été à la base de la situation qui avait emporté son régime et exposé le pays à la balkanisation. A moins de servir les intérêts obscurs de ceux qui tiennent à atteindre cet objectif, nous sommes d’avis que le respect de la Constitution et des lois de la République suffit à lui seul pour apaiser les esprits et remettre définitivement la nation au travail. Un adage dit : « Quand vous tendez un piège, prévoyez toutes les précautions possibles, sinon vous y tombez vous-même. »
Jean-Bosco Kongolo M.
Juriste &Criminologue





