





C’est quatre ans, jour après jour, depuis cette triste nuit ! Les sentiments négatifs s’accumulent. Mais il faut continuer à semer l’Espérance dont ces pères sont témoins. (…). C’est dans cette température que la congrégation des Assomptionnistes en Afrique célèbre le triste anniversaire de l’enlèvement des trois de ses prêtres, les Pères Jean-Pierre NDULANI, Edmond KISUGHU et Anselme WASUKUNDI, enlevés douloureusement de leur tendresse la nuit du 19 au 20 Octobre 2012, dans le couvent de la paroisse Notre Dame des Pauvres, à Mbau, non loin de la ville de Beni.
Alors que la dite congrégation célèbre cette mémoire, l’événement a recouvert une autre importance en tout le Diocèse. Car toutes les communautés des Religieux et religieuses se sont réunies pour compatir avec la grande famille de l’Assomption et avec toute la population meurtrie des territoires de Beni et de Lubero.
Par ailleurs – Ironie de l’histoire ? -, cette date porte trois marques rouges pour cette population : D’abord, c’est la date de la mémoire de l’enlèvement des trois pères assomptionnistes de Mbau ; ensuite, c’est aussi le deuxième anniversaire du début des massacres de Beni, massacres qui sont devenus presque quotidiens en ces jours, et que le gouvernement local et national, ainsi que la communauté internationale, continuent à regarder avec un gros silence honteux et, certainement, complice. Troisièmement, c’est aussi aujourd’hui que l’opposition congolaise a choisi de montrer au président Kabila le carton jaune, comme signe d’avertissement contre toute tentative de vouloir prolonger son mandat présidentiel au-delà du 19 Décembre.
Ce troisième élément a influencé très négativement l’organisation des supérieur(e)s majeur(e)s des communautés religieuses en Diocèse de Butembo-Beni, de sorte que les célébrations eucharistiques prévues initialement pour la date ont été prudemment réduites au minimum, pour ne pas donner l’impression qu’on célébrait un événement politique, ou mieux, pour ne pas donner une opportunité aux opportunistes politiciens du milieu et du pays. A 13h00, toutes les célébrations avaient déjà pris fin.
Ainsi, les religieux et religieuses ont bravé la peur, pour pouvoir se réunir en un jour aussi dangereux, marqué par l’opposition comme un jour jaune. Les activités tournent au ralenti dans les deux grandes villes de la zone. Et le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Kahongya, a choisi passer cette date dans la cité martyre de Beni. Lui seule sait pourquoi. Car depuis que le' quartier Rwangoma-Beni a été très douloureusement endeuillé par les égorgeurs d’hommes, assassins sans pareils que seul le gouvernement continue à présenter comme « présumés » ADF/NALU, l’homme fort de Goma était tombé dans un silence mythique qui en dit tout.
Qu’à cela n’en tienne, nous sommes le 19 Octobre, en zone de Beni et de Lubero, capitale mondiale de toutes les formes de violations des droits de l’homme.
Kabyle Vokwe
Mukuna-Butembo





