





Depuis une semaine, la police de Kampala fait la chasse aux congolais dans les Hôtels ainsi que les quartiers périphériques hébergeant des refugiés. Les 33 congolais tombés dans le filet de la Police Ougandaise se disent tous en possession des titres de voyage ou de séjour en règle et ne se reconnaissent pas dans l’accusation d’association des criminels qui leur a été signifié au moment de leur arrestation. Que se cache donc derrière ces rafles de la Police dans les milieux congolais de la capitale ougandaise ?
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Si les congolais qui séjournent à Kampala sont habitués aux descentes fréquentes de la police secrète dans certains milieux hébergeant les étrangers africains et asiatiques, la razzia spectaculaire de dimanche était d’une autre nature. Les éléments de la Police Ougandaise ont fait un véritable porte à porte des hôtels hébergeant les congolais. Tous les congolais qui étaient présents dans ces lieux au moment de la razzia étaient embarqués dans des fourgons de la Police pour motif d’association des criminels.
Les locataires de « Exotic Hotel » située sur Rubaga Road au Centre-ville de Kampala sont jusqu’aujourd’hui les plus touchés par le coup de filet de dimanche soir. Les congolais en séjour ou vivant dans d’autres grandes villes de l’Ouganda telles Masaka et Mbarara auraient été aussi victimes des rafles de la Police.
Parmi les victimes congolaises de cette razzia, la communauté Nande a été la plus touchée par le coup de filet de dimanche soir.
Au moment de l’arrestation, la Police n’a pas voulu regarder de près qui était en règle et qui ne l’était pas. Le fait de présenter un passeport ou un titre de voyage de la République Démocratique du Congo, était suffisant pour prouver la culpabilité de son détenteur ou de sa détentrice.
Après leur arrestation, ces infortunés congolais étaient conduits au cachot du Département de la Police Criminelle de Kampala. Trois jours après, c’est-a-dire hier Mercredi 22 août 2007, ils ont été conduits à la prison centrale de LUZIRA située au bord du Lac Victoria, à quelques 10 Km de Kampala.
Au moment du transfert, le plus jeune de détenus âgé de 14 ans, a été remis en liberté. Au moment de la razzia à Exotic Hotel (connu dans le jargon Nande comme Hôtel RIVWE), ce jeune élève congolais en vacances à Kampala rendait visite à son ami de 17 qui vit à Exotic Hotel. Curieusement, la Police n’a pas voulu libérer cet autre jeune de 17 ans qui croupit avec les adultes dans la redoutable prison de LUZIRA.
Les Avocats de l’Association « Refugees Law Project » qui ont tenté de s’enquérir des motifs de l’arrestation de ces congolais pendant qu’ils étaient encore au cachot de la Police criminelle de la ville, n’ont pas réussi à tirer le vers du nez des geôliers qui répètent le même motif d’association des criminels. Pour en savoir davantage, il leur a été demandé de se présenter à la salle d’audience de la Prison de Luzira le Vendredi 24 Août 2007 à 10 h00, heure locale, pour une première présentation des détenus et des charges qui pèsent contre eux.
Entretemps, la chasse à l’homme se poursuit à travers la ville où depuis dimanche les congolais jouent au cache-cache loin des endroits publics comme les Hôtels, les bars et les restaurants.
Ceux qui n’ont plus revu les leurs depuis le coup de filet de dimanche sont dans l’inquiétude, ne sachant pas s’ils se cachent quelque part chez des amis ou s’ils sont parmi les détenus de la prison de Luzira.
L’audience de ce vendredi à la prison centrale de Luzira est ainsi un dilemme pour les congolais qui voudraient voir si les leurs portés disparus sont parmi les prisonniers. En effet, les congolais craignent que l’audience publique ne soit un guet-apens tendu à ceux qui sont encore en liberté. D’où la précaution prise pour la plupart de saisir les avocats ougandais pour poursuivre la recherche de leurs bien-aimés ou pour défendre ceux qui sont tombés dans le filet de dimanche soir.
Jusque-là l’Ouganda était un pays hospitalier aux congolais malgré les vols à mains armes sur ses routes et son implication dans le pillage des richesses du Congo. Au plus fort de la guerre d’agression rwando-burundo-ougandaise, les congolais du Nord-Kivu et de la Province Orientale se ravitaillaient en plusieurs articles en Ouganda, tels les produits manufacturés, médicaments, soins médicaux, visas, passeports congolais, poste, etc.… Mais depuis quelques semaines, les congolais se sentent indésirables sur le territoire ougandais.
En un rien de temps, les congolais vivant en Ouganda ou ceux qui passent par l’Ouganda pour aller dans d’autres pays du monde, constatent un changement d’attitude à leur égard. Le coût du visa de visite de l’Ouganda est passé de 30 US$ à 50 US$, pendant que le Congo continue de demander seulement 20 US$ aux ougandais qui visitent le Congo.
A Kampala, l’ambassadeur de la R.D. Congo, Mr Biselele rajoute à la misère des congolais en faisant la sourde oreille aux cris de ses compatriotes en détresse. Depuis que la diplomatie congolaise est en panne, chaque ambassadeur invente des stratégies pour survivre à l’étranger. C’est ainsi que les titres des voyages portant la signature de l’ambassadeur Biselele se retrouvent partout dans la ville, auprès des mamans du marché, dans les bars, les restaurants, entrain les mains des revendeurs. Si du côté débrouillardise l’Ambassadeur Biselele est un génie, depuis dimanche il démontre qu’il ne peut défendre la cause des congolais qui l’ont enrichi pourtant en achetant ses titres de voyages. La seule réponse que les congolais ont obtenue de l’ambassade, est que l’ambassadeur Biselele aurait dépêché un de ses conseillers à Kinshasa pour informer l’hiérarchie.
Pour connaitre le pourquoi de cet acharnement contre les congolais dans la capitale ougandaise, attendons l’audience de Vendredi à la prison centrale de Luzira. A ce stade, il est trop tôt de lier la rafle de dimanche soir aux accrochages d’il y a deux semaines entre les Fardc et les UPDF (Uganda People’s Defence Force) sur la rive du Lac Albert en Kasenyi, Province Orientale, dans le conflit pétrolier qui oppose actuellement la RDC à l’Ouganda.
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Correspondance Particulière de M. K.
Kampala
Beni-Lubero Online





