





Thème : « L’Association Culturelle KYAGHANDA YIRA face aux enjeux de la mondialisation »
Lieu : Kambali
Date : 12 Janvier 2013
Le Maire de ville de Butembo Sikuli Y’Uvasaka Makala accueille les participants
le DG salue le choix du l’ISEAB par le Kyaghanda
Orateur : Jules KASEREKA VAYIKEHYA
Modérateur : Edgar KATEMBO MATESO
Objectif de la conférence : Fournir une information correcte et précise ainsi que le bien fondé de l’Association Culturelle KYAGHANDA YIRA à la communauté universitaire de l’ISEAB.
INTRODUCTION :
L’«Association Culturelle Kyaghanda asbl» «Obughuma bw’abaYira», est une association sans but lucratif (a.s.b.l.) régie par des Statuts et soumise à la constitution, aux lois et règlements administratifs de la République Démocratique du Congo ou de tout autre pays où siège ou fonctionne un Kyaghanda.
Face aux multiples menaces, enjeux et défis tant géographiques qu’historiques majeurs qui guettent et pèsent sur la communauté, à 2008, certains fils et filles de la communauté rêvent de s’organiser et de s’unir à partir de la base. Ils considèrent que dans le contexte actuel et futur, personne ne saurait mener seul la lutte pour sa propre survie, mais que tous ensembles pourraient défendre le droit de chacun à la coexistence.
Ainsi pour eux :
« Personne seul ne pourrait se défendre ou défendre ses biens, ses avoirs ou sa marchandise si ce n’est tous ensemble, unis de manière formelle. Aucun chef ne pourra défendre son pouvoir si ce n’est de concert avec ses sujets, formellement organisés et préparés ; aucun propriétaire foncier ne pourra défendre seuls ses terres, sa colline, sa parcelle ou sa maison, sans le concours des autres ; aucune organisation, église ou autre, ne saurait défendre son patrimoine si ce n’est de manière conjuguée. En conséquence, chaque responsable qui ne s’appuierait pas sur l’union mettrait le Buyira en danger, lui-même, ses avoirs et son organisation avec ».
Ils s’inspirent de trois préceptes qui doivent être intériorisés par chaque Muyira :
- 1. « Si ma communauté est forte, je me sens fort, et si l’un de nous est fort, je me sens aussi fort » ;
- 2. « Le Kyaghanda, c’est ce sentiment de faire recours et de porter secours à l’autre, seulement sur base de considérations culturelles » ;
- 3. « Le Kyaghanda, c’est la Communauté Yira socialement organisée ».
L’association affirme d’une même voix que la valorisation de la culture est indissociable d’un socle de valeurs communes. Elle incite à réfléchir à une éthique de la diversité culturelle, à comment des valeurs, des principes, des rencontres, des projets, des actions, permettent-ils à chacune et à chacun de se reconnaître dans une humanité commune. Vivre ensemble en appelle à l’éthique, à l’unité (des valeurs) . L’association soutient que ce sont des valeurs communes qui unissent et qui permettent des « interactions culturelles » respectueuses, estimées et confiantes. Elle va plus loin en soutenant que les valeurs ne se déclament pas mais elles s’apprennent, se construisent, se cultivent. Ainsi appelle aux uns et aux autres de réfléchir ensemble aux conditions de cet apprentissage dès le plus jeune âge.
L’association place l’éthique (ce qui nous unit) au cœur du débat, du dialogue où les différences s’expriment.
En effet, il est actuellement connu que la dimension culturelle est un élément prépondérant dans l’analyse de la mondialisation. Pour Dominique Wolton (1998), la mondialisation doit être abordée sous un angle multiculturel ; les échanges dans le « global village» ne conduisent pas à une uniformisation culturelle mais doivent s’appuyer sur la reconnaissance d’un multiculturalisme afin d’éviter les replis et le développement du communautarisme.
Par ailleurs SENGHOR, dans sa négritude, appelle l’Afrique au dialogue, au « rendez-vous du donner et du recevoir face aux culturelles européennes, sans effacer d’un seul trait les valeurs de la civilisation negro africaine traditionnelle mais en les intégrants dans une synthèse pan cosmique.
- MISSION ET VISION DU KYAGHANDA YIRA
ü Faire de l’espace Yira une communauté forte où les fils et filles sont réunis autour d’un idéal et des projets de développement communs
ü Dompter la communauté d’un leadership unique et fort
ü Etudier et suivre les enjeux politiques actuels au pays et envisager une attitude appropriée de notre communauté
- BREF HISTORIQUE SUR LE KYAGHANDA
Si, c’est en 2008 que l’Association Culturelle KYAGHANDA YIRA a pris l’élan de son organisation aux standards modernes, le concept KYAGHANDA est néanmoins « vieux » qu’on ne pourrait se l’imaginer. Déjà, nos arrières pères en parlaient pour designer soit une véranda ou tout autre lieu de rassemblement.
A titre exemplatif, citons :
- Ovwiru : Kyaghanda du Mwami
- Erihika : Cuisine du Omughole
- Ovuhima : Lieu des sacrifices
- Omusaka : pour les guérisseurs
- Ekyaghanda : comme lieu de rassemblement et d’échanges pour les hommes du même village ; un véritable agora, etc.
De BUTEMBO 2008 à KANYABAYONGA 2012
BUTEMBO 2008
Cette 1ère Conférence Internationale Culturelle, Économique et Sociale de la Communauté Nande se tient du 07 au 14 septembre 2008 à Butembo, réunissant pendant 8 jours, plus de 400 membres de délégations venant de Vyaghanda du Nord-Kivu, des Provinces de la RDC et des pays du monde. Elle inaugure ainsi l’avènement de la Conférence Culturelle Yira qui se voulut être une assemblée perpétuelle pouvant aider la Communauté à s’unir pour faire face à ses problèmes, baliser son avenir et consolider ses rapports avec les autres peuples riverains et du monde.
Les projets prioritaires recommandés par BUTEMBO 2008 et à avaliser par BENI 2009 sont: Le Kyaghanda Kikulu Asbl en tant qu’union de la Communauté « Obughuma bw’aba Yira », le KIGHONA (Fond de Promotion de la Culture Yira) pour le financement des projets et le NGOKOLUME (radio communautaire) pour la Communication et l’animation culturelle, sociale et économique.
BENI 2009
Tenues du 18 au 25 août 2009, ces assises consacreront le concept « Yira » avec le mérite de mettre en place les textes, les structures et les organes d’une Communauté Yira désormais socialement organisée en asbl: le Kyaghanda Kikulu (Yira Union). Ses organes tels que issus et définis par ces textes sont:
La Conférence Culturelle, Assemblée Générale annuelle de 500 délégués des différentes composantes de la Communauté, siégeant en Août et préparée par le Comité International de Pilotage (CIP) en tant que corps d’experts.
Les Vyaghanda du monde, organisations de membres par villes, territoires ou autres entités plus vastes, selon la nécessité.
Le Conseil Culturel actuellement de 32 membres avec suppléants avec mandat annuel, issus des clans et Communautés, des Vyaghanda locaux, et des forces sociales et économiques en présence; dont les réunions se tiennent ordinairement tous les trois mois et exceptionnellement chaque fois que l’intérêt de la Communauté ou de l’Association l’exige. Celui-ci constitue l’organe permanent qui symbolise la Communauté, la représente, siège à son nom et l’engage.
Le Comité Culturel, organe exécutif du siège, composé de 4 membres pour 3 ans: le Secrétaire Général et trois adjoints chargés respectivement de l’administration et des Finances, des projets culturels et des relations avec les Vyaghanda.
LUBERO 2010
Celle-ci fut la première édition entièrement préparée en régime Kyaghanda Kikulu et a connu la participation d’un grand nombre de personnalités comme le Ministre national de la Culture, le Gouverneur du Nord-Kivu, les Chefs de Chefferie Batangi et Bamate…, ainsi qu’une forte délégation d’Obusinga Bwa Rwenzururu.
Elle a permis d’ériger sur les fondations de BENI 2009, une Association, une Culture et une Communauté YIRA solides, à travers des projets de développement culturel, économique et social de base à court, moyen et long terme tels que recommandés par les deux précédentes assises; mais aussi de réfléchir sur les règles de financement de ces projets. Elle adoptera 14 résolutions dont 16 projets culturels retenus dans la Résolution N° LUBERO2010/03.
Elle a aussi formulé une déclaration aux termes de laquelle, seul le Conseil Culturel représente la Communauté Yira et l’engage. En conséquence, aucun membre ne peut prétendre parler au nom de la Communauté, si ce n’est la Conférence Culturelle réunie en session ordinaire et, en absence de session de celle-ci, le Conseil Culturel; le moyen d’expression étant une Résolution, une Directive, une Recommandation ou une Déclaration soutenues par un Procès Verbal dûment signé ou une lettre du Bureau du Conseil Culturel, ou alors, en cas d’une décision d’exécution, du Comité Culturel.
De ce fait, toute autre déclaration individuelle ou collective d’un ou de membres de la Communauté relève du droit à la parole et de la liberté d’expression de la personne ou du groupe en tant que citoyen, comme le lui garantit la Constitution et les lois internationales, et constitue une opinion personnelle qui ne peut ni être interprétée d’aucune manière comme étant celle de la Communauté, ni engager celle-ci.
Enfin, LUBERO 2010 a formulé des recommandations et a eu le mérite de mettre en place pour la première fois le Comité Culturel.
OICHA 2011
Avec la participation active de nos frères de Obusinga Bwa Rwenzururu (OBR) dans une délégation de plus de 50 personnes conduite par leur Premier Ministre et la présence du Roi Mukira W’Ihembe, ces assises ont privilégié le lancement de l’opération « Kighona » pour le début prochain du financement des projets, mais aussi le partenariat OBR, ainsi que les élections RDC 2011; sans oublier les propositions sur les amendements de textes et les modifications des mandats.
KANYABAYONGA 2012
Les assises de Kanyabayonga ont constitué donc la 5ème édition et ont permis d’effectuer un premier test de résistance de la structure Kyaghanda Kikulu en vue d’opérer des réajustements dans la suite.
A l’issu de cette 5ème Conférence, la communauté Yira s’est prononcé par une déclaration écrite au sujet de :
- 1. Son attachement à ses valeurs culturelles dont l’union, l’amour, le travail, la paix et la foi comme symboles qu’elle est appelée à défendre et à véhiculer.
- 2. Des limites du Parc des Virunga, les droits coutumiers et des communautés locales qu’il faut respecter.
- 3. Du dossier de l’exploitation du pétrole aux abords du Lac Edouard dans le souci de la protection de l’environnement et du patrimoine commun de l’humanité.
- 4. De la problématique de la sécurité à l’est de la RD Congo.
- 5. Des groupes armés actifs en Beni-Lubero.
Qu’est-ce qui a motivé le choix de ce concept « KYAGHANDA » pour l’association Culturelle?
Tout est parti de la nostalgie du terroir par les Bayira de la diaspora au moment de leurs rencontres. En tout cas ces compatriotes n’ont trouvé mieux que d’appeler leur mutualité « KYAGHANDA » pour se rappeler de cette organisation du village où chaque matin et chaque soir les hommes se rencontraient dans ce Kyaghanda muni chacun de son « mukekera » pour se révéler les rêves de la nuit, se saluer, partager les problèmes des différents ménages, partager ensemble repas et boisson, prodiguer des conseils aux jeunes garçons en guise d’ initiation à la vie d’adulte.
De quels des vyaghanda ci-haut cité s’inspire l’Association culturelle KYAGHANDA YIRA ?
Ayant comme visé majeur le rassemblement des bayira, l’union, les échanges, la promotion des valeurs culturelles, le KYAGHANDA YIRA, sans cérémonies coutumières ni pouvoir coutumier, il est clair qu’on est ici dans le schéma du Kyaghanda « Agora ».
- REALISATIONS :
ü Tenues des cinq conférences internationales
ü Installation des comités dans plusieurs villages et villes du vuyira ainsi que de la diaspora
ü Lancement du fond de promotion culturelle (Kighona) : BIAC au compte « KYAGHANDA KIKULU asbl 33074153101-11 »
ü Octroie des bourses d’études à 20 élèves et étudiants
ü Offre des 30 tôles à l’Eglise CBCA-Kyondo
ü Contribution de 20 poches de ciments pour le bureau de la Cité de Kyondo
ü Ouverture des bureaux de Kyaghanda Kikulu Asbl à Beni et du CIP à Butembo
ü Réhabilitation de la route Kyondo-Luotu (en cours)
ü Liste non exhaustive : consulter www.benilubero.com
- DEFIS :
ü Réticence de l’élite intellectuelle, operateurs politiques et économiques
ü Mauvaise compréhension de la mission du Kyaghanda par les autorités religieuses.
ü Faible implication des membres de la communauté pour l’alimentation du Kighona
ü Placer des cadres intellectuels à la tête des organes du Kyaghanda
CONCLUSION :
Au regard des exigences de plus à plus croissantes et imposantes de la mondialisation, il est impérieux à chaque communauté de pouvoir s’organiser afin de ne pas se retrouver mains vides lors de la symbiose des cultures planétaires. Cette organisation culturelle constitue un socle du développement communautaire, une arme face à l’extinction de la culture, aux menaces sécuritaires et aux divisions intestines.
Ainsi nous rappelons que dans cette dynamique, tous sommes acteurs et pas de spectateurs ; se mettre en marge de cette logique est une irresponsabilité.
Nous devons construire ensemble notre destin et partager en commun les réussites ainsi que les échecs.
Je dis et je vous remercie.
Jules Kasereka Vayikehya
Le DG présente le plan de la Construction du nouveau site de l’ISEAB
Le Kyaghanda remet 3 ordinateurs au comité estudiantin
Mot du Président
Le Président du Comité estudiantin prononce le mot
Un jeu de questions et réponses s’en est suivi avant le repas culturel (courges, ignames, taro, kasiksi..) qui a été partagé entre frères en amis
Le Kyaghanda appelle ainsi les autres Universités et Instituts Supérieurs de la place d’annoncer leur disponibilité pour le même échange communautaire
Edgar Mateso
Butembo
Benilubero Online





