





Pendant que les congolais se laissent distraire par le théâtre de Nairobi, les Nkundistes ratissent large au Nord-Kivu avec l’aide massive des troupes rwandaises. Depuis le début de la semaine, les habitants de Bunagana sont témoins de l’entrée massive des troupes en provenance du Rwanda et de l’Ouganda qui prenaient ensuite la direction de Rutshuru, Kiwanja, Rwindi, etc.
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Depuis hier mercredi 10 décembre 2008, des crepitements des balles par des assaillants dont on ne connait pas l’identité exacte se font entendre dans la localité pêcherie de Kyavinyonge, au bord du Lac Idi-Amin, en Territoire de Beni. D’après certains sms de Kyavinyonge, des assaillants non-autrement identifiés seraient arrivés à Kyavinyonge par des pirogues en provenance de Vitshumbi. Pour d’autres, les assaillants seraient des Pareco arrivés par pirogue en provenance de Kamandi. Pour d’autres encore, les Mai-Mai Pareco se battraient contre les Fardc. D’autres disent que, comme les Mai-Mai Pareco auraient dans leurs rangs des infiltrés rwandais, tomber entre les mains des Mai-Mai Pareco, c’est tomber entre les mains des rwandais. Encore faut-il savoir si ces rwandais sont Hutu ou Tutsi ? … C’est la confusion totale.

Une Pirogue sur le lac Idi-Amin à Kyavinyonge avec Feu Dr. Franck Bahati
La nouvelle du débarquement de ces assaillants dans cette pêcherie du Tilapia de Kyavinyonge a fait vider le village de sa population qui craignait d’être massacrer dans les maisons par les Nkundistes comme à Kiwanja et à Kateguru de triste mémoire. Les Fardc impayés et mal armés auraient fui parmi la population vers Museya, Kitolu, Burusi, etc . Bilan provisoire de la panique de Kyavinyonge: 2 Morts et 4 blessés parmi les Fardc, 1 taximan abattu dans le Parc National des Virunga. Les Fardc blessés se font soigner au Centre de Santé de Kyavinyonge où le Médecin Directeur, le jeune Docteur Frank BAHATI avait été assassiné par des Fardc le 29 Février 2008.
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Il convient de noter que le mouvement des troupes rwandaises entrant au Nord-Kivu a correspondu au début des pourparlers de Nairobi. Profiter du dialogue pour renforcer sa capacité militaire ou bien assener un coup fatal au gouvernement qui s’ouvre au dialogue, est une tactique bien pratiquée en Ouganda et au Rwanda, deux alliés de Nkunda dans l’agression du Congo. Ainsi par exemple, le coup d’Etat qui avait porté Museveni au pouvoir était perpétré le 26 janvier 1986 contre le gouvernement du Général Tito Okelo pendant que les deux parties étaient en dialogue à Nairobi. Aussi, le coup du rebelle Kagame contre le gouvernement Habyarimana avait eu lieu après un sommet de paix sans agenda à Dar-Es-Salaam. Avec les mêmes acteurs aujourd’hui à Nairobi, tout peut arriver au Congo pendant ce temps de dialogue.
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Sur terrain à Beni-Lubero, les congolais s’interrogent sur l’absence d’un front militaire partout dans la région. Ce que les civils appellent « guerre » ce n’est pas une guerre entre deux armées rangées, mais les crepitements des balles dont la seule cible c’est la population congolaise et les Fardc loyalistes.
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Pourquoi le village de Kyavinyonge tombe-t-il bien avant Butembo, Beni, etc. ? Les observateurs donnent deux vieilles hypothèses.
La Première hypothèse est que Nkunda a besoin d’argent. Il a envie de percevoir des taxes douanières pour appuyer ses opérations militaires. Depuis que le Territoire de Rutshuru est tombé entre ses mains, les commerçants congolais de la région faisaient transiter leurs marchandises non par Bunagana mais par le Rwanda et le Burundi pour entrer par Gisenyi ou par Bukavu. Sachant que les commerçants de Beni-Lubero n’ont pas d’autre voie terrestre que Kasindi et Kyavinyonge, Nkunda veut renflouer ses caisses avec les taxes douanières de Kasindi, la troisième douane la plus lucrative au Congo, après Boma et Kasumbalesa.
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La deuxième hypothèse est que la chute des postes frontaliers de Kasindi et Kyavinyonge participeraient à une stratégie d’encerclement des grandes villes de Beni-Lubero qu’une trop grande souffrance de l’encerclement les pousserait à la capitulation. Les stratèges de Nkunda savent bien que priver les beniluberois de leurs « cartons » qui transitent nuit et jour par Kasindi c’est les tuer. Sachant que les Nkundistes occupent déjà plusieurs positions autour de Nyakunde sur la route de Bunia et que des commandants Nkundistes protègent les exploitants de coltan et d’or dans la forêt autour de Manguredjipa-Etaitu, le boucle de l’encerclement de grandes agglomérations de Beni-Lubero est en voie d’être bouclée. Les conséquences de cet encerclement ce n’est pas seulement l’arrêt des activités commerciales mais la famine. En effet, les campagnes qui nourrissent les villes se videraient de leurs habitants par crainte des tueries sommaires. Nkunda voudrait ainsi conquérir Beni-Lubero par l’arme de l’enclavement et de la faim.
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Le gouvernement congolais est averti de tous ces dangers qui guettent les congolais de l’Est du Congo. Son inaction est une preuve de complicité avec Nkunda. Dans cette perspective, le dialogue de Nairobi peut tout simplement être une vaste distraction pour camoufler l’abandon délibéré du front du Nord-Kivu par le gouvernement congolais pour permettre à Nkunda de poursuivre ses massacres des populations congolaises.
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Correspondances particulières de Rutshuru et de Kyavinyonge
Beni-Lubero Online





