





Le spectre du Rwanda lors du premier et deuxième génocide rwandais poursuit la RDC. Au lieu de parler de Congo-Belge, certains analystes parlent déjà de Congo-Rwanda parce que les dirigeants congolais comme les belges, anciens Noko du Congo, font des courbettes au nouveau monarque du Rwanda. Le peuple congolais qui n’avait pas participé à ces deux génocides rwandais, paie le plus fort prix de ce qu’on appelle la securité du Rwanda sur tous les plans (politique, économique, démographique, etc.) Si en 1994, le Rwanda justifiait son va-t-en-guerre par la poursuite des Hutu génocidaires qui avaient pris refuge en RDC sous l’égide de l’ONU, depuis juillet 2008, une alliance signée à Kigali (Wikileaks nous trouvera le texte) a réconcilié le régime de Kigali avec tous les Hutu génocidaires, les Interahamwe, les FDLR, et une partie des Hutu congolais qui sont en RDC. Après cette mise en demeure du casus belli, on se demande pourquoi la nouvelle coalition Tutsi et Hutu se trouvant en RDC poursuit le massacre des populations congolaises au Kivu et en Ituri.
La réponse est que l’idée d’un Hutuland qui circulait dans les années 1995-1997 a été remise en selle avec la différence que ce Hutuland, si jamais il devenait une réalité, aurait comme chef un monarque Tutsi.
La méthode pour se tailler ce Hutuland du grand dormeur RDC semble être la même que celle utilisée pour chasser les Hutu du pouvoir au Rwanda, un pouvoir qu’ils y détenaient depuis la Révolution de 1959.
De 1959 à 1990, les Tutsi étaient refugiés en Ouganda, Burundi, Congo, Tanzanie, etc. Ils y étaient organisés par des cotisations mensuelles pour soutenir leur mouvement de reconquête du pouvoir au Rwanda. Bien plus important, ils s’étaient enrôlés dans la rébellion de Museveni, un Tutsi ou Nyangole de l’Ouganda, et avaient tout fait pour y exceller jusqu’à occuper des responsabilités importantes dans le régime Museveni. Ceux qui avaient pris refuge en RDC, avaient fait autant sous Mobutu. Un certain Bisengimana était devenu DIRCAB de Mobutu.
Etienne Tshisekedi peut-il échapper à la Hutusation du Politicien Congolais?
Avant de lancer l’offensive armée sur le Rwanda en 1990, conscients de leur minorité au Rwanda et pour écarter tout soupçon de tribalisme dans l’opinion internationale, ils ont enrôlé des Hutu, des Twa du Rwanda dans le FPR.
Après la prise de pouvoir au mois de juillet 1994, c’est un Hutu Pasteur Bizimungu que le très Tutsi RPF nomme Président de la République. Dans un pays sortant d’un premier génocide supposé commis par les Hutu, Seth Sendashonga était nommé ministre de l’intérieur. Faustin Twagiramungu, un autre Hutu sera nommé Premier Ministre. Gérard Prunier relève dans son livre « Du Génocide à la Première Guerre Mondiale Africaine, p.7 » que sur 21 postes ministériels, 15 étaient occupés par des Hutu et six seulement par les Tutsi, dont le ministère de la Défense au Général Paul Kagame, l’homme fort du régime. Les renseignements militaires ainsi que tous les services de securité revenaient aux Tutsi proches de Paul Kagame. Ce gouvernement d’union nationale était aussi exigé par les donateurs internationaux comme condition sine qua none pour ton don au Rwanda.
Ainsi, pendant les massacres contre les civils Hutu et Tutsi commis par le RPF entre 1994-1995, en signe de représailles contre les Hutu taxés tous de génocidaires, ( ex. les massacres de 45 000 rwandais contenus dans le rapport Gersony, un rapport dont la publication avait été bloquée par les USA pour protéger le RPF et surtout pour ne pas faire s’envoler l’opportunité émotionnelle du génocide qui permettrait au gouvernement américain de décaisser des fonds en direction du Rwanda ; le massacre de Kibeho en 1995, etc.) les membres Hutu du gouvernement avaient assisté bouchée bée au deuxième génocide rwandais, le génocide de leurs frères et sœurs Hutu par une armée en majorité Tutsi. Tous les Hutu même ceux nés après Avril-juillet 1994, étaient considérés comme génocidaires. Ils étaient soient en exil, en prison au Rwanda, dans les forêts de la RDC, morts ou portés disparus.
Le silence de plus d’une année des ministres et cadres Hutu du gouvernement RPF du Rwanda avait ainsi permis à Kagame de se donner au niveau international une fausse image de démocrate épris de liberté et de justice. Pour ajouter une cerise sur le gâteau, quand il deviendra Président après le limogeage du Président Hutu Pasteur Bizimungu, il nommera plusieurs femmes au gouvernement, devenant ainsi le champion de la parité hommes-femmes dans un continent dominé par les hommes. L’année du silence des Hutu face au génocide de leurs frères qui n’étaient pas tous génocidaires ( ex. certains d’entre-deux tel Paul Rusesabagina, héros du film l’Hôtel Rwanda avaient sauvé plusieurs Tutsi au plus fort du génocide), avait permis au régime de Paul Kagame de ramener la monarchie d’avant 1959 au Rwanda sous des apparences de démocratie. Comme on dit le chemin du diable est souvent paré de bonnes intentions.
En offrant à vil prix les minerais de la RDC à un Occident en faillite économique, Paul Kagame est devenu aux yeux de l’Occident le meilleur développeur du continent africain. Ces opérations trompe-l’œil ont poussé les grands du monde à fermer l’œil sur le deuxième génocide rwandais commis par le régime de Paul Kagame, la violation de l’intégralité territoriale de la RDC, un principe de la charte de l’ONU, le verrouillage de l’espace politique rwandais ou il n’y a pas de place pour les Hutu, pourtant majoritaires au Rwanda. C’est donc ainsi que Kagame avait réussi à ramené la monarchie Tutsi au Rwanda avec la bénédiction des Grandes Démocraties occidentales. Cela n’est pas l’unique cas de l’histoire contemporaine africaine. Avant le Rwanda, c’était le Zaïre de Mobutu, la Cote d’Ivoire d’Houphouët Boigny, l’Egypte d’Hosni Moubarak, le Cameroun de Paul Biya, le Togo d’Eyadema, le Gabon d’Omar Bongo, l’Ouganda de Museveni, et j’en passe. La démocratie occidentale s’arrête aux portes de l’occident. Elle peut soutenir une dictature sanguinaire en dehors de l’Occident tant que cette dernière serve bien les intérêts de l’Occident.
Après avoir porté par leur silence Paul Kagame sur son trône de monarque d’Afrique centrale, les ministres Hutu, camarades de première heure du monarque, ont été éjecté un à un du gouvernement, en commençant par le Président Bizimungu qui croupit en prison pour révisionnisme et idéologie génocidaire, le Ministre de l’Intérieur Seth Sendashonga assassiné par Kigali pendant son exil à Nairobi, d’autres abattus ou retrouvés morts dans les rues de Kigali. C’était là le prix de leur silence devant le massacre de leurs frères et sœurs, un silence qui avait servit de marchepied au monarque de Kigali qui une fois sur son piédestal n’a jamais voulu renvoyé l’ascenseur.
Revenant sur le cas de la RDC, on constate que les ministres congolais se taisent devant les massacres des populations congolaises par l’armée mono- ethnique qui contrôle tout l’Est du pays et qui étend petit à petit ses tentacules vers Kinshasa, la capitale congolaise et d’autres grandes villes du pays. Comme les ministres Hutu du Rwanda, les ministres congolais disent qu’ils se taisent devant le génocide congolais en cours pour l’intérêt supérieur de la nation. Quand ils vont à l’étranger ou dans les chancelleries de Kinshasa, ils reçoivent des félicitations et des promesses fallacieuses de soutien des puissances étrangères à leurs candidatures à telle ou telle autre poste ministériel voire présidentiel. La vie du peuple congolais comme celle des refugiés et retournés Hutu rwandais ne leur dit rien.
Les secteurs clefs comme la securité, la défense du territoire national ne les intéresse pas. Depuis qu’ils se sont autoproclamés « hommes politiques » ou « représentants telle ou telle autre ethnie de la géopolitique congolaise, ils ne pensent qu’à la cooptation ou à la stratégie politique du terroir pour se retrouver à la mangeoire de tous les gouvernements et de tous les régimes.
Maintenant que le processus électoral connait des difficultés du genre sécuritaire et technique dans plusieurs coins du pays, les leaders politiques congolais ne se s’intéressent pas à la question sécuritaire qui ressemble à ce qui a fait accoucher d’une souris le processus de 2006. En effet, celui qui avait le pouvoir des armes a dirigé le pays depuis 2006 en lieu et place de l’élu. Les élus et leurs électeurs ne sont pas sécurisés par l’armée dite nationale. Des inconnus qu’on appelle « soldats sans frontières » au Nord-Kivu sont accusés de se faire enrôlés alors qu’ils ne sont pas congolais, mais aucun politicien ne demande l’affichage des listes des électeurs devant chaque centre d’enrôlement pour que les congolais vérifient les noms des enrôlés pour savoir s’ils existent réellement ou s’ils sont fantômes comme des ministres fantômes d’Antoine Gizenga et de Muzito. Géopolitique congolaise oblige!
Le week-end passé les députés congolais ont, pour la première fois, surpris agréablement le peuple congolais en votant la révision de la loi électorale selon le point de vu de la majorité des congolais. Comme on dit, Mieux vaut tard que jamais ! Mais peut-on dire vraiment qu’ils ont dit définitivement non à leur Hutusation qui était dans un état avancé ?
L’exemple des politiciens Hutu du Rwanda est là comme rappel. Le silence sert l’ennemi et dessert celui qui l’arbore comme mode de survie politique. La politique en cours dans la région des Grands Lacs Africains ne fait pas des cadeaux aux silencieux. Au contraire, elle les envoie au bagne, en prison, ou chez les morts. Il est donc grand temps que les gouvernants congolais se tirent de leur Hutusation avancée pour échapper aux conséquences épinglées ci-haut.
Kakule Mathe
Butembo
©Beni-Lubero Online





