





A 12 jours du scrutin, plusieurs questions posées à la CENI restent sans réponse convaincante, à savoir, l’audit du serveur électoral, le nettoyage du fichier électoral des électeurs rwandais et ougandais, des militaires, des mineurs ; l’affichage dans les bureaux de vote des listes des électeurs par circonscription, la garantie de la sécurisation des électeurs et des observateurs des partis politiques par une force de police autre que celle issue du CNDP, etc. Il est vrai que le Président de la CENI avait fait une déclaration à propos de l’abandon du serveur électoral pour l’usage du comptage manuel des bulletins de vote dans chaque bureau de vote. Après cette annonce saluée par les congolais, on a assisté au remplacement de certains cadres de la CENI dans les chefs-lieux des provinces telles que le Nord-Kivu et la Province Orientale, deux provinces où les étrangers et les militaires gonfleraient les listes électorales pour donner avantage aux candidats complices de la balkanisation de la RDC. La CENI a toujours ainsi résolu un problème pour en créer un autre. En fin de compte, on se rend compte que la CENI a quelque chose à cacher du fichier électoral et qu’elle ne fait rien pour mettre hors d’état de nuire l’armée répressive qui foule aux pieds la loi électorale en s’enrôlant comme électeurs et en battant campagne pour le Président sortant. En territoire de Beni, l’exemple du Lt. Col. Bwambale Kakolele est là pour défier la CENI.
Les auteurs de la violence contre les civils qui a émaillée l’opération de la révision du fichier électoral et dont sont victimes quotidiennement les militants des partis politiques de l’opposition ne sont pas inquiétés par la justice congolaise ni par ce qu’on appelle faussement « communauté internationale ». En effet, il n’y a que des communautés d’intérêts.
Par contre, Etienne Tshisekedi est depuis deux semaines dans le collimateur de la communauté d’intérêts internationaux en RDC depuis qu’il a osé faire appel aux civils congolais de terroriser les terroristes et de ne pas avoir peur de se libérer de la dictature actuelle.
La période électorale est ainsi régie par une politique de deux poids, deux mesures. Le peuple congolais qui paie le prix fort de la violence depuis le lancement de la guerre d’occupation rwando-ougandaise ne semble pas avoir de soutien dans la communauté d’intérêts internationaux en RDC. Ses bourreaux sont aux affaires et ne sont nullement inquiétés.
Etienne Tshisekedi semble avoir mis son petit doigt sur le secret de la communauté d’intérêts internationaux en RDC , un secret qu’on peut traduire par: « Ne réveillez pas le peuple congolais, ne lui apprenez pas l’auto-défense ».
Dans la foulée de l’appel d’Etienne Tshisekedi à l’auto-défense, la CENI ainsi que la Justice Congolaise ont vu leur indépendance s’envolée en fumée. Les grandes puissances qui parrainent la CENI sont sorties de leur silence pour condamner Tshisekedi à la place de la Justice Congolaise. Elles ont défendu leur bifteck en appelant au secours la CPI pour faire peur aux congolais. Il ressort de ce bras de fer que l’auto-défense des congolais n’a pas grand soutien dans la communauté d’intérêts internationaux en RDC. On comprend ainsi pourquoi il n’y a pas de justice internationale (NDLR : mais aussi nationale) pour les 8 millions des morts congolais victimes de l’agression rwando-burundo-ougandaise.
Le vagabondage au cours de la campagne électorale 2011 révèle aussi que le peuple congolais ne peut pas compter sur tous ses politiciens. Même Etienne Tshisekedi qui vient de sortir du lot en indiquant la voie de la libération à suivre ne semble pas avoir un programme et une stratégie de la libération du peuple congolais du joug des impérialistes colonialistes. Plusieurs observateurs se demandent jusqu’où il pourrait aller dans la coordination de l’auto-défense du peuple congolais, une voie préconisée par les petites minorités organisées ainsi que les combattants congolais de la diaspora.
Depuis le début du processus électoral de 2011, on peut dire que la classe politique congolaise dans son ensemble a déçu le peuple congolais en prenant partie pour la communauté d’intérêts internationaux en RDC. La Majorité au pouvoir, l’opposition politique comme les Indépendants, tous, ont démontré qu’ils luttent chacun pour ses intérêts personnels. Chaque politicien n’évoque le peuple congolais que pour couvrir ses turpitudes et tripatouillages.
Ainsi, par exemple, la composition du Bureau de la CENI avait fait couler beaucoup d’encre jusqu’à retarder le démarrage du processus électoral au motif qu’il fallait mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut pour éviter les fraudes électorales. Depuis que ces oiseaux rares ont été nommés au bureau de la CENI, le processus n’est pas plus transparent que celui de 2006 ou ceux du régime de Mobutu. La CENI qui en principe est indépendante de partis politiques se fait aussi indépendante du peuple congolais, souverain primaire. Dans son organisation comme son accréditation dans l’opinion congolaise, on constate que la CENI est dépendante des grandes puissances et des capitaux étrangers dont les donateurs n’ont pas les mêmes intérêts en RDC que le peuple congolais. En dépit de dénonciations de la société civile sur les irrégularités du processus électoral telle que l’enrôlement des militaires, la campagne électorale par les militaires au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, les parrains internationaux de la CENI se félicitent du bon déroulement du processus électoral.
C’est ainsi qu’à 12 jours du scrutin tant attendu, il y a toujours comme un dialogue des sourds entre la CENI, le peuple congolais, l’opposition politique, et la communauté d’intérêts internationaux en RDC. Les congolais ne se sentent pas maîtres du processus bien qu’ils soient par définition, le souverain primaire en démocratie électorale. Au lieu de la démocratie électorale on a l’impression d’assister au retour de la démocratie néocoloniale où les élus congolais apparaissent comme des marionnettes, des porteurs des mallettes des grandes puissances. Tant que les élections dépendront du financement des puissances étrangères, elles ne seront jamais libres et transparentes. La main qui finance voudra toujours contrôler les résultats par tous les moyens possibles, y compris la corruption des membres de la CENI et des politiciens, toutes tendances confondues.
Que veut donc la communauté d’intérêts internationaux aujourd’hui en RDC ?
Selon plusieurs analystes, les financiers du processus électoral ne peuvent pas réaliser leur agenda caché par des élections transparentes et libres car ces dernières risqueraient de faire s’échapper l’oiseau de leur filet. Cet oiseau s’appelle « balkanisation de la RDC » contre la volonté du peuple congolais, à la fois victime des politiciens congolais et de la communauté d’intérêts internationaux en RDC. Avec le radicalisme d’Etienne Tshisekedi, le risque est que la dispute autour des résultats des élections ne réveille le nationalisme congolais en hibernation depuis l’assassinat de Mzee LDK le 16 janvier 2011. Une violence postélectorale dans un territoire aussi grand que la RDC réveillerait tous les démons du nationalisme, ennemi du capitalisme international, et risquerait de ferait s’échapper l’oiseau de la balkanisation qu’on voudrait capturer par la ruse et quelques appâts des humanitaires, sans que l’opinion nationale et internationale s’en aperçoive.
Pour les extrémistes de la région des Grands Lacs qui ont sur leur actif plusieurs millions des morts, c’est le moment favorable de la balkanisation de la RDC à leur profit. La militarisation de l’Est du pays aurait ainsi comme objectif la préparation de la bataille ultime d’une guerre qui a commencé en 1996 et qui n’a jamais abouti mais dont les conditions semblent aujourd’hui, plus que jamais, réunies à plus de 50%. Parmi ces conditions, on peut citer la suppression des frontières avec le Rwanda et l’Ouganda, l’afflux des rwandais et des ougandais en RDC où ils sont sous la protection des armées de leurs pays d’origine, l’accréditation dans l’opinion internationale des fausses milices FDLR, LRA, ADF-NALU dont la mission serait de liquider les populations congolaises, la présence à Kinshasa d’un gouvernement complice de la balkanisation, etc. Le problème avec cette approche des extrémistes est le risque de génocide des populations congolaises par les armées d’occupation.
Certains stratèges proches des extrémistes ne verraient pas l’intérêt de commettre un génocide là où l’on a fait tant de progrès depuis l’accession de Joseph Kabila au pouvoir par le consensus politique et humanitaire.
Mais avec l’entrée d’Etienne Tshisekedi sur scène, un consensus politique où il n’est pas président de la République, est-il toujours possible ? Etienne Tshisekedi peut-il accepter de faire le Gizengi Yandi Ve dans l’hypothèse de la reconduction de Joseph Kabila Kabange ? Rien n’est sûr.
Devant la difficulté de trouver un nouveau consensus politique, l’occident semble recourir au consensus humanitaire en brisant la légendaire neutralité des organisations humanitaires. En effet, les organisations Humanitaires sont, en principe, apolitiques et neutres en zone de conflit. Mais, depuis la fin de la guerre froide, plusieurs organisations humanitaires, notamment celles des USA, dépendent financièrement de leurs états-nations. Certaines d’entre elles sont ouvertement au service de leurs gouvernements. C’est ainsi que le consensus des Humanitaires œuvrant en RDC avec à la tête les ONG américaines sur le report des élections du 28 novembre RDC pourrait représenter le point de vue des USA et alliés. Cette prise de position politique est une première depuis que la RDC est sous la coupe des humanitaires accusés de laisser les rwandais et les ougandais prendre possession de l’Est de la RDC pendant qu’ils distribuent des biscuits et du riz aux victimes congolaises. Les Humanitaires avaient fait la même chose lors de la balkanisation de la Yougoslavie. L’armée serbe sous Slobodan Milosevic procédait à l’épuration ethnique des Bosniaques cantonnés à Sarajevo sous la fausse securité des humanitaires. Heureusement que les humanitaires de l’ex- Yougoslavie se rachetèrent quelques années plus tard pour témoigner du génocide dont ils avaient été témoins à Srebrenica, Zepa, etc. Ils contribueront ainsi à la condamnation du génocidaire Slobodan Milosevic. On espère que les agents du HCR, PNUD, CICR, USAID, Monusco, etc., pourront se repentir pour faire condamner Paul Kagame, Yoweri Museveni, Laurent Nkunda, Bosco Ntaganda, etc. comme les humanitaires de l’ex Yougoslavie.
Avant qu’on en arrive là, il parait que, pour contourner le radicalisme d’Etienne Tshisekedi qui risque de réveiller le chat qui dort, la voie du consensus humanitaire est ce qui est sur la table des grandes puissances qui sentent leurs intérêts menacés en RDC et qui ne voudraient pas endosser un autre génocide des extrémistes-fascistes de la région des Grands Lacs Africains. Le consensus humanitaire voudrait vendre aux populations congolaises la peur d’une douloureuse violence postélectorale. Il y a en effet de quoi avoir peur. Les Eglises soutiendraient ce consensus humanitaire pour protéger leurs ouailles des tueries massives. Pourtant ces mêmes Eglises, notamment les catholiques, ont déjà qualifié le conflit congolais de génocide lent et silencieux ? Peut-on dire que ces églises n’auraient donc peur que du génocide éclair et rapide à l’instar de celui du Rwanda entre avril et juillet 1994 ? Drôle tout de même ! Qu’il soit lent ou rapide, tout génocide est condamnable.
S’il y a report d’élections en RDC comme le propose le consensus humanitaire, les politiciens congolais seraient de nouveau appelé à des négociations politiques non seulement pour éviter le vide juridique au lendemain du 6 décembre prochain mais aussi pour donner du temps à la balkanisation lente et sûre de la RDC. L’idéal aurait été que cette balkanisation se fasse par referendum comme au Sud-Soudan. Mais les balkanisateurs de la RDC ont commis l’erreur de vouloir balkaniser la RDC au profit des étrangers rwandais et ougandais. Le modèle du Sud-Soudan s’appliquerait à la balkanisation congolaise si les populations congolaises étaient ses premières bénéficiaires. Le fédéralisme aurait même suffit pour satisfaire les caprices des balkanisateurs. Le modèle de la balkanisation par agression extérieure ne pourrait jamais se matérialiser sans grande violence pour les populations congolaises. A cause de la recherche effrénée du lucre, les politiciens congolais mais aussi les confessions religieuses n’ont jamais travaillé la main dans la main pour dénoncer avec la même énergie cette balkanisation de la RDC.
A l’heure qu’il est, on peut dire sans peur de se tromper que la CENI est sous la coupe des extrémistes de la région des Grands Lacs qui veulent aller aux élections peu importe leur contestation pour faire aboutir le funeste projet de la balkanisation de la RDC.
L’opposant radical qui perd de plus en plus le soutien des capitaux étrangers qui voulaient faire de lui un nouveau Gizengi national, ne veut pas non plus entendre parler du consensus humanitaire car il est sûr d’avoir la confiance du peuple et de gagner les élections du 28 novembre prochain. Dans son meeting à Beni et à Butembo ce mercredi 16 novembre 2011, Etienne Tshisekedi a appelé les beniluberois à ne pas voter pour les étrangers qui n’aiment pas les congolais et à l’aider à renvoyer deux candidats (sans citer leurs noms) aux élections présidentielles dans leur pays d’origine. Il a dit aussi qu’il est sur d’être élu et de commencer son travail comme Président de la République le 7 décembre prochain.
Les opposants politiques ainsi que les Indépendants sans pignon sur rue seraient favorables au consensus humanitaire car ils pourraient utiliser leur simple réputation d’homme politique pour se retrouver dans le gouvernement de transition.
Voilà où l’on est à 12 jours du scrutin du 28 novembre 2011. Le spectre de la fraude électorale n’a jamais quitté d’une semelle le processus électoral piloté par le Pasteur Ngoy Mulunda. Les extrémistes- fascistes, les opposants modérés et radicaux, tous pensent gagner haut la main les prochaines élections. L’euphorie de la date du 28 novembre 2011 qui a gagné la Majorité au Pouvoir comme l’Opposition Politique semble faire oublier le débat sur les conditions de transparence et de liberté du scrutin du 28 novembre. Aucun de motifs possibles de contestation des résultats au lendemain du 28 novembre prochain n’a donc été écarté avec satisfaction par la CENI jusqu’à ce jour. L’aboutissement du processus électoral en cours reste ainsi une question ouverte.
Obède Bahati
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