





Le président du MLC est à la CPI de La Haye. Un député du MLC a été tué hier (dimanche 06/07/2008) à Kinshasa. Un bon nombre de militaires congolais ayant soutenu la rébellion du MLC est en prison. Plusieurs d’entre eux ne sont suffisamment assisté ni matériellement, ni moralement, ni juridiquement. Certains ont été déjà tués; sans procès. Ce lundi (07 juillet 2008), le MLC a suspendu sa participation aux travaux de l’Assemblée nationale, du Sénat et de l’Assemblée provinciale de Kinshasa. En effet, "dans un communiqué remis hier dimanche à la presse, à la suite de l’assassinat de Daniel Botethi, vice-président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa et haut cadre du Mlc, ce parti vient de décider de la suspension de sa participation aux travaux de l’Assemblée nationale, du Sénat et de l’Assemblée provinciale de Kinshasa. Cette décision demeure en vigueur jusqu’ à ce que le MLC obtienne des réponses à toutes les exigences posées autour du climat d’insécurité dont ses membres en sont particulièrement victimes. Il est important de signaler que selon le commandement de la Police nationale, deux des présumés assassins de Daniel Botethi ont été appréhendés et répondront incessamment devant la Justice des faits qui lui seront reprochés." (Lire Le Communiqué de la presse du MLC publié par le journal Le Potentiel de ce lundi 7 juillet 2008)
Dans les lignes qui vont suivre, nous tenons à indiquer que "les exigences posées par le MLC autour du climat d’insécurité dont ses membres sont particulièrement victimes" passent à côté des questions essentielles que traîne notre pays depuis la guerre de 1996. Il nous paraît que de l’analyse, de l’approfondissement et de la quête des réponses en commun à ces questions dépend, non seulement la sécurité du Congo mais son devenir. Cela devrait nous aider à passer de simples critiques de nos agresseurs et de "leurs maîtres" à la création permanente d’une conscience collective pour un autre Congo. Nous soutenons l’hypothèse que suspendre la participation aux travaux de l’Assemblée nationale, du Sénat et de l’Assemblée provinciale de Kinshasa est une mesure minimaliste. Le MLC devrait faire plus. C’est-à-dire relire son histoire et arrêter, en toute humilité, le théâtre qu’il a accepté de jouer, avec le soutien des "faiseurs des rois". Ceci implique une opération-vérité rompant avec tout sentimentalisme historique amnésique.
Relire l’histoire
Ne nous voilons pas la face. Le MLC fut, pour une large part, une rébellion semblable à l’AFDL. C’est-à-dire une rébellion fabriquée de toute pièce par l’un des pays agresseurs de notre pays: l’Ouganda. Le MLC a été à l’Ouganda ce que l’AFDL a été au Rwanda.
Ces deux rébellions et les branches qui en sont issues sont des fabrications des pays agresseurs du Congo avec l’appui des U.S.A., de la Grande-Bretagne et des multinationales du monde entier. Ces deux rébellions et leurs émanations sont, à quelques exceptions près, représentatives des Congolais BMW (Beer, Money, Woman). L’Ouganda et le Rwanda, (ainsi que d’autres pays de la sous-région) soucieux de s’enrichir en pillant le Congo par le truchement de ses filles et fils liges, ont monté des réseaux de prédation en se servant du MLC et de l’AFDL. Le PPRD, les différents RCD ainsi que beaucoup d’autres partis politiques alimentaires font partie de ces réseaux. Ils sont constitués majoritairement des "collabos" du nouveau désordre mondial dont les U.S.A. et la Grande-Bretagne sont les portes-flambeau.
Quand commence le Théâtre du MLC? Bien avant le dialogue inter-congolais. Depuis que les Congolais ne se sont pas majoritairement rendus compte que l’AFDL, le MLC, le RCD, le PPRD, le RCD-K-ML, etc. sont les oiseaux du même plumage; c’est-à-dire "les petites mains " du capitalisme financier que gèrent les U.S.A. et la Grande-Bretagne.
Les Congolais n’étant pas tous dupes, ont qualifié les représentants majeurs du MLC et du PPRD restés en lice pour le deuxième tour de la présidentielle de 2006 de "peste et de choléra". Ils soutenaient qu’entre la peste et le choléra, il fallait choisir le moindre mal. Malheureusement, ils ne comprenaient pas qu’un homme normal (et pas un sadomaso) ne peut pas choisir "une maladie". Mais, placés dans une situation d’envoûtement des cœurs et des esprits, entretenu par le pouvoir ensorceleur du capitalisme financier, ils n’ont pas eu le courage de provoquer un troisième choix: celui du refus.
L’un des partis politiques minorés pendant la mascarade électorale de 2006 ayant compris cela et ayant choisi le camp du refus est accusé, dans certains milieux politiques congolais, jusqu’à ce jour, d’être à la base de l’imbroglio politique actuel. Et pourtant, ce que nous vivions aujourd’hui est l’une des conséquences immédiates de notre implication dans un théâtre opposant, pour le besoin de la cause, "les collabos" d’un même ordre politique mafieux initié par les tireurs de ficelles opérant dans l’ombre.
Impliqués dans ce théâtre où l’argent fait le larron, nous sommes majoritairement devenus sourds aux aveux incidentiels des "collabos" de l’ordre de "l’american-british" eux-mêmes. Quand, se confiant au journal MISNA, Nkunda avoue que Joseph Kabila est son frère d’armes, nous n’en tirons pas toutes les conséquences.
Rappelons qu’à cette question: “Pouvez-vous affirmer ou infirmer l’information selon laquelle il y aurait des officiers et des soldats rwandais au sein du CNDP et des FARDC ? ”, Nkunda répond: “Et bien ! Si vous attendez par soldats rwandais tous ceux qui ont servi un jour dans le Front Patriotique Rwandais le FPR et en suite dans l’Armée Patriotique Rwandaise l’APR du général Paul Kagamé, alors le peuple congolais a un sérieux problème à résoudre, car son propre Président élu au suffrage universel direct à plus de 58 % des voix, je cite Joseph Kabila, est non seulement d’origine Tutsie comme moi, mais il est aussi un ancien soldat du FPR comme moi. Cherchez donc l’erreur "
Ceux et celles d’entre nous qui ont lu les résultats des enquêtes initiées par le Juge espagnol sur les activités du FPR/APR depuis les années 1990 en connaissent les objectifs (dont le génocide des Congolais et l’exploitation des ressources naturelles du sol et du sous-sol du Congo au profit du clan Kagame et de "ses parrains".)
Que la Garde Prétorienne (assimilée facilement aux éléments incontrôlées des FARDC) de Joseph Kabila tue ses rivaux du MLC et les autres Congolais, elle fait son boulot: tuer le plus de Congolais possibles pour créer de l’espace et dans le pays et des les institutions pour "les filleuls des maîtres du monde". Créer la peur et la mort détourne l’attention du pillage des matières premières par hélico. La prise en otage des Assemblées nationale et provinciales par "les collabos" de Kabila facilite la corruption permanente de nos "BMW" afin qu’ils soient détournés des questions essentielles que pose notre devenir commun.
La commission Justice et Paix Belge résume très bien ces questions dans un dossier intitulé "République Démocratique du Congo: les viols et violences sexuelles sont-ils utilisés comme tactique de guerre dans le Sud-Kivu?" En voici quelques-unes: "Pourquoi le Congo devrait faire partir seul ces (ces milices étrangères) étrangers, alors que c’est la Communauté Internationale, par l’"Opération turquoise", qui les a amenés dans cette région? De plus, au cours de cette opération, pourquoi les avoir installés si près de la frontières avec le Rwanda, en violation des règles internationales? Pourquoi le Monuc locale n’a même pas la possibilité de surveiller l’espace aérien, pourquoi ne lui en donne-t-on pas les moyens, alors que de nombreux témoins ont vue et voient encore de petits avions atterrir et quitter la forêt régulièrement, dans les zones aux mains des milices? Ces avions apportent le ravitaillement et repartent probablement chargés de ressources naturelles. Comment le Rwanda peut-il être officiellement exportateur de ressources naturelles qu’il ne possède pas sur son territoire ou dans son sous-sol et que, du moins officiellement, il n’importe pas?"
Après cette autre question: "Qui a intérêt à ce que cette situation perdure?, le Groupe Afrique de la Commission Justice et Paix Belgique Francophone épingle deux exemples qui sous-entendent des réponses. "Pourquoi, lors de sa visite récente en Afrique, le Président Bush a choisi de visiter le Rwanda, sans même un passage en RDC, pays pourtant incontournable de l’Afrique centrale, qui a en plus entamé un processus électoral démocratique et transparent? Les Etats-Unis sont d’ailleurs présents militairement au Rwanda. L’ex-premier Ministre britannique, Tony Blair, est devenu le conseiller politique du Président du Rwanda, Paul Kagame, alors que le régime de ce pays est loin d’être considéré comme une démocratie."
Tout en ne partageant pas l’avis de la Commission Justice et Paix selon lequel "la RDC a entamé un processus électoral démocratique et transparent", nous estimons que les deux exemples qu’elle à choisis tombent à point nommé. Que Bush aille chez Kagame et que son allié Blair en soit le conseiller pédant que Kagame vole et tue au Congo (par Nkunda et Kabila interposés), cela se comprend dans le contexte de l’entretien de la terreur par les Etats-Unis à travers ses différentes zones d’influence. Cela explique la nature géopolitico-stratégique de la guerre livrée Congo. Comme à l’époque de Kissinger, "incapables d’intervenir directement (au Congo), les Etats-Unis cherchaient qui pouvait agir pour eux." ("Bons" et "mauvais musulmans". Terreur d’Etat et terreur non étatique de la Guerre froide au 11 septembre. Entretien avec Mahmood Mamdani réalisé par Nermeen Shaikh, dans La Revue Internationale des livres et des idées, n° 6, juillet-août 2008, p.25) Et ils ont trouvé le Rwanda (et l’Ouganda).
Après Mobutu, il était possible que le Congo renaisse à un certain militantisme nationaliste. La fabrication de l’AFDL et du MLC comme appendices de la terreur tutsie rwando-ougandaise a étouffé ce projet dans l’œuf. Il fallait désormais balkaniser ce pays pour mieux le dominer, mieux l’exploiter et redessiner ainsi la carte de l’Afrique. Ce projet est toujours en cours.
Pour rappel, dans la dernière phase de la Guerre froide, "la terreur émerge comme une stratégie des Etats-Unis après qu’ils ont perdu au Vietnam, au moment où ils sont sur le point de perdre la guerre froide. Cette stratégie prend vraiment forme avec le gouvernement Reagan (soutenu par Margaret Thatcher), qui abandonne définitivement le langage de la "coexistence pacifique", pour exiger un programme visant à se débarrasser de l’Union soviétique." (Ibidem) Après l’Union soviétique, Bush a poursuivi "la guerre de l’empire du bien contre l’empire du mal" en fabricant d’autres alliés et en luttant contre toute "coexistence pacifique".
A notre humble avis, le MLC et les différentes branches du RCD ont surgi dans un contexte historique où une opposition de pacotille était nécessaire à la réussite du projet maffieux du pillage du Congo et de sa balkanisation. Ce contexte n’a pas changé. Pour preuve, 33 % de notre pays sont vendus, nos matières premières sont pillées par les hélicos, les contrats léonins dénoncés n’ont jamais été renégociés, les accords avec la Chine n’ont pas été revus et corrigés, l’insécurité généralisée est le lot quotidien des Congolais (politicailleurs ou simples citoyens), etc. Et dans l’entretemps, nous avons des parlementaires arnaqueurs et d’autres "esclaves heureux" siégeant dans les institutions-bidon, roulant dans les gros cylindrés et touchant plus de 5000 dollars par mois. L’idéologie des Congolais "BMW" a porté du fruit par la conversion de ces derniers en hommes politiques. Et la boucle est bouclée.
Le cul-de-sac
Pour avoir accepté de choisir entre "la peste et le choléra", nous nous retrouvons dans un cul-de-sac, une situation sans issue. Lutter contre le génocide congolais, le vol et le viol, les pillages et les assassinats exige une remise à plat du fonctionnement politique actuel de notre pays. Seul, le MLC ne peut rien. S’il pouvait aller jusqu’au bout de sa logique, il entreprendrait de rejoindre les autres partis politique congolais dans une démarche de reconversion passant par "une commission Vérité, Justice et Réconciliation". Cette démarche aurait (entre autres) des préalables ci-après:
– rompre avec l’ordre politique actuel en désertant les institutions qu’il a créées;
– mener une action de lobbying auprès des autres partis politiques dits de l’opposition (ou ce qui en fait fonction) présents dans les institutions de la troisième République pour créer un Front Commun de lutte pour un Congo debout, en marge des institutions actuelles;
– revenir avec la Société Civile Nationale sur les conclusions de la conférence parallèle organisée en marge de la conférence de Goma pour un approfondissement conséquent;
– solliciter des alliances avec les partis politiques congolais ayant refusé de choisir entre "deux maladies" à la mascarade électorale de 2006 ou rester à leur écoute en vue de consolider le Front Commun de lutte;
– démonétiser le dieu-argent au nom de la conquête de la liberté;
– cultiver dans ses membres et dans ses sympathisants "l’esprit de courage" entendu comme "vertu de l’endurance dans l’impossible" pour transformer cet impossible en impuissance; etc.
Pour dire les choses simplement, la reconversion du MLC devrait passer par son adhésion à la lutte pour le triomphe des valeurs (de liberté, de vérité, de sincérité, de justice, de fraternité, etc.) dans le dialogue permanent avec l’opposition (réelle!) qu’il a, à un certain moment, éclaboussée, pour servir les intérêts des "maîtres du monde" en recourant à une rhétorique dénonciatrice de la politique de l’autruche de "ses alliés" (néolibéraux et autres réseaux mafieux), dépourvue de toute âme. Le MLC, s’il veut devenir un véritable mouvement de libération du Congo, doit passer par une cure spirituelle de désenvoûtement des cœurs et des esprits de ses membres.
En dehors de cet enjeu réel, tout le reste n’est que du petit chantage, du bla-bla que le manque d’argent et de prestige étouffera afin que "les mopao" et "les mvuama" retournent à la mangeoire kabiliste.
J.-P. Mbelu
Belgique-Bruxelles
Beni-Lubero Online





